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Jeunes et vieux
On a trop vite fait de qualifier d'indomptable la jeunesse d'aujourd'hui. Avec ses airs de trancher de tout, elle est parfois bien plus souple qu'il ne paraît - plus souple, peut-être, que la génération précédente.
Rappelons-nous, ô mes contemporaines les tempêtes qui pouvaient couver sous le front pur aux cheveux sages de la jeune fille bien élevée. Sans cesse bridées et contenues, il n'était pas rare que se cachât derrière notre docilité extérieure une attitude de petits chevaux rétifs. Nous nous inclinions ; mais en escomptant les revanches de l'avenir. Tandis que nos filles et leurs frères qui, si tôt aujourd'hui, vont, viennent, décident librement, sont blasés de bonne heure sur les joies de l'indépendance, et nous les voyons souvent accueillir avec une facilité étonnante, la suggestion qui s'offre, ou se ranger à la proposition qui les dispensera de prendre eux-mêmes une initiative.
Habitués de bonne heure à accepter leurs responsabilités, nos enfants n'aiment même pas, au fond, que les parents abdiquent. Et tel grand garçon ombrageux et difficile à manier, que son père lui-même ne sait comment prendre, vous allez peut-être, un beau jour, avoir la surprise de l'entendre se plaindre que dans telle circonstance où son avenir était en jeu, ce père n'ait pas parlé plus haut et plus clair pour le conseiller, voire même qu'il ne lui ait pas imposé sa volonté.
Non, il n'est pas impossible que les parents d'aujourd'hui fassent accepter influence et présence.
A une condition toutefois : c'est de prendre cette jeunesse telle qu'elle est et de faire effort pour la comprendre.
A toute époque la différence des âges a été la grande pierre d'achoppement entre parents et enfants ; à toute époque le bon vieux temps a été pour les premiers celui de leur enfance; à toute époque la jeunesse a détesté qu'on lui rabatte les oreilles des mérites du bon vieux temps. Cette situation constante se renforce de nos jours du fait que la vitesse avec laquelle se sont modifiées, ces dernières décades, les conditions de l'existence, multiplie d'autant l'écart entre les générations.
C'est pour les parents d'aujourd'hui, plus que pour n'importe lesquels, qu'est impérieux le devoir de «vivre avec son temps» et de « rester jeunes ».
Rester jeunes : félicitons-nous que la mode, parfois tyran stupide, ici stimulant utile, y incite. La vieillesse, de nos jours, ne se porte plus - ou du moins on en recule le plus loin possible les limites. Comme les diverses classes sociales, tous les âges maintenant ont tendance à s'habiller de même. Ce n' est pas aujourd'hui qu'on chansonnerait «la vieille qui voulait avoir quinze ans». Du moins, si la vieille est mère de famille a-t-elle droit à toutes les absolutions.
Car ce n'est pas péché, mais sollicitude maternelle bien entendue, que de choisir pour complaire au grand fils la robe qu'il aimera ou le chapeau qui «fait jeune», comme c'est devoir d'état de garder l'esprit ouvert et indulgent, de se tenir au courant des mouvements d'art ou d'idées de l'heure présente - même si l'on n'y trouve quant à soi que peu d'intérêt ou si l'on estime certains un peu ridicules et fous - afin d'en pouvoir discuter avec ses enfants et leurs camarades. Comme c'est acte louable de faire la maison - la maison de vacances surtout, si l'on a la chance d'avoir une maison où chaque été vous ramène - joyeuse et accueillante - accueillante malgré le désir que l'on pourrait avoir parfois d'y rester en paix - au mouvement et à l'exubérance des réunions de jeunesse, accueillante aux goûts des jeunes et aux conceptions modernes de l'esthétique. Comme c'est acte louable de savoir, à l'occasion, quitter son fauteuil, sa fatigue, ses soucis, son travail, pour chausser ses souliers de marche, enfourcher sa bicyclette, se mettre au volant, afin d'accompagner telle randonnée un peu essoufflante.
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