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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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RETOURChanter à deux voix Il vous est sans doute arrivé de chanter à deux voix. Ce n'est pas toujours aisé. D'où provient la difficulté? Il ne faut pas que la seconde voix s'avise de retomber dans la mélodie de la première voix; c'est un combat continuel entre l'une et l'autre et la victoire demeure à celui qui a le plus de fermeté, à celui qui ne se laisse pas attirer par les autres. Nous sommes vraiment entraînés quand une voix tentatrice fait résonner puissamment à notre oreille sa propre mélodie. Il faut, non seulement ne pas l'écouter, mais encore s'astreindre à penser à ses propres notes. Il faudra naturellement s'exercer longtemps jusqu'à qu'on suive sa seule partie dans le chÅ“ur. Dans la vie aussi, il nous sera très utile de savoir soutenir notre voix, quelque soit le chant des autres à côté de nous. Quand votre frère vous brusque sur un ton autoritaire ou irrité, il vous est extrêmement difficile de ne pas prendre son ton et de rester fidèle à votre propre mélodie. Rappelez-vous ce qui se passe lorsque vous entendez, d'une autre chambre, une altercation violente: on n'entend qu'un va-et-vient de voix discordantes. Mais si quelqu'un peut tenir la seconde voix, on entend alors alterner avec les sons aigres et criards une voix grave et tranquille… et à la fin, on s'apercevra que cette voix douce, patiente, persuasive, l'emporte sur l'autre et fait la paix. Ce que je vous ai appris à la leçon de chant pourra vous servir aussi dans vos rapports avec vos semblables, quand la voix des autres vous irritera au point de vous faire sortir de votre propre ton. Et si vous réussissez dans le commerce avec vos frères et sÅ“urs ou vos condisciples, à maintenir imperturbablement votre réponse douce et amicale à côté d'une voix rude et grossière, vous deviendrez plus fort dans le duo et plus tard dans le chÅ“ur… La seconde voix n'est pas seulement une servante de la première; sa sonorité un peu plus sombre n'a pas pour seul objet de faire mieux ressortir le son clair et brillant de la mélodie dominante. Non, elle a son rôle tout spécial. Bien chanter la seconde voix, c'est concourir d'une manière particulièrement efficace à la beauté de l'ensemble. Il y a des hommes qui jouent toujours le premier violon ou qui chantent le soprano, et d'autres à qui l'on fait accepter la seconde voix. Il en est de même dans toutes les demeures et dans toutes les professions. Beaucoup de gens sont très malheureux quand ils n'ont pas à chanter la mélodie principale, quand ils doivent accomplir un travail subalterne et sans éclat, qui les met forcément au-dessous des autres. Ils devraient se rappeler que la seconde voix peut exprimer bien des choses que la première est incapable d'exprimer, et que ces choses sont souvent les plus délicates et les plus tendres. Un homme peut occuper une position dépendante et modeste, ou passer inaperçu à cause de son extérieur commun et de ses faibles dons, et donner néanmoins, par son attitude dans la vie et par sa conduite journalière, une voix à la bonté, à la fidélité, à la patience, à la bonne humeur… Ce sont là des choses que, trop souvent, les gens haut placés font mal ou ne font pas du tout. Comme l'a dit un poète: «Ce que les gens du grand monde sont incapables de nous donner, souvent, ô Seigneur Dieu, tu nous l'apportes par les toutes petites gens». |
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