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La politesse

I. Ce qu'elle n'est pas et ce qu'elle est.

La politesse a beaucoup baissé depuis quelques années. Pour ne pas s'y soumettre certains ont cherché à la confondre avec ce qu'on appelle communément «les mensonges de société»; faite de gestes traditionnels, de modes usées et désuètes, elle remplacerait la personnalité vraie par un mannequin tout fait. Cette fausse conception a peut-être été parfois en honneur, mais c'est en réalité de tout autre chose qu'il s'agit lorsqu'on parle de vraie politesse.

Celle-ci est une vertu positive; elle est d'aujourd'hui autant que d'hier, elle est l'épanouissement d'un caractère qui sait se dominer et vaincre son égoïsme pour penser aux autres et rechercher leur bien. Elle est le respect d'autrui et l'oubli de soi pour le plaisir d'autrui. Pascal l'a bien compris qui disait : « La politesse c'est : incommodez-vous ». Elle rend charitable toutes les fois qu'elle jaillit de sa vraie source : le coeur.

Ainsi comprise, elle mérite d'être estimée, enseignée, cultivée.

II. Les ennemis de la politesse.

Si la politesse a beaucoup diminué dans tous les pays du monde, la première cause en est, sans doute, la grande guerre qui a abaissé le niveau moral et introduit dans le langage et le comportement, des habitudes empruntées à la vie des tranchées.
En même temps nous venaient d'Amérique un certain nombre de manières d'être et d'agir où l'excès - même de la civilisation rejoignait, en bien des points, la barbarie primitive. Pour aller de plus en plus vite (time is money!) on a tout simplifié : plus de chapeau à soulever, plus de formules de politesse, plus d'expression de respect, plus de barrières à la liberté.

Les femmes elles-mêmes, qui auraient dû maintenir la politesse, donnèrent libre cours à un langage et à des manières aussi rudes et aussi négligés que celles de l'autre sexe. On est tout étonné quand on demande à certains enfants : « Qui donc t'a appris cette vilaine expression? » de recevoir cette réponse: « C'est maman ! ».

Qui donc sauvera la politesse? Ce ne sera pas, n'est-il pas vrai, le monde des sports : il est difficile d'entendre des dialogues plus épicés que ceux de certains matches de football. Ce ne sera pas non plus de la radio qu'il faudra attendre des leçons de finesse et de distinction, ni de la grande majorité des films et des pièces de théâtre.

III. La défaite de la politesse.

Devant tant d'ennemis, la politesse plie bagages et perd la partie. Elle est battue sur tous les terrains. Sur celui du langage d'abord. Nous connaissons tous les formules vulgaires - «tu parles; t'en fais pas ; c'est marrant » ou les gros et sonores adjectifs hurlés à propos de tout : « énorme, formidable ! » Les gros mots pleuvent, et les injures, et les surnoms grossiers.

Les gestes aussi sont sauvages et maladroits : on ne sait plus saluer, se tenir à la gauche d'un supérieur, manger ou se présenter correctement et si par hasard on daigne encore écrire (on écrit aussi rarement qu'il se peut), on ne sait ni mettre en page sa lettre, ni l'écrire proprement, ni la terminer comme il sied; l'adresse, rapide, remplace Monsieur par M. et se trouve être souvent aussi peu lisible que la lettre.

Dans beaucoup de familles les enfants se permettent vis-à-vis de leurs parents et de tous ceux auxquels ils doivent le respect, une attitude dont la liberté devient vraiment licence : les lettres que certains parents me communiquent, les conversations, que j'entends entre parents et enfants me confondent et me peinent. Faut-il s'étonner d'ailleurs de cet irrespect, quand on voit de petits hommes de neuf ou dix ans choisir leur école et décider de leur avenir? Quand l'architecte lui-même met la maison à l'envers - et que fait d'autre, en pareil cas, le père de famille? - ne peut-on pas s'attendre à ce que la politesse, elle aussi, soit sens dessus dessous ?

IV. Le devoir présent.

Faut-il accepter cette défaite et considérer la politesse comme une tradition périmée, à classer au magasin de décors et costumes des siècles passés?
Ce serait une lâcheté.

Sommes-nous, oui ou non, convaincus que la politesse est une richesse morale, l'expression d'un respect dû aux autres, une vertu nécessaire à la vie normale de nos familles, de nos écoles, de notre société tout entière ?

Si oui - et c'est oui qu'il faut dire - alors, il faut restaurer la politesse, tout simplement.

La tâche sera difficile, exigera peut-être un peu d'héroïsme, mais c'est d'héroïsme dont notre temps a besoin et seuls ceux qui en sont capables sont dignes de commander et de guider la marche. Si nous abandonnions la politesse, c'est toute l'éducation morale qui risquerait de sombrer avec elle. Et voilà ce dont il faut absolument nous convaincre: l'éducation de la politesse dépend de la formation de la conscience; formation de l'esprit qui doit apprendre à s'incliner devant les valeurs dignes d'estime, devant l'autorité; formation du cÅ“ur, à qui il faut rendre sa délicatesse; formation de la volonté à qui nous demanderons chaque jour un nouvel effort.

Nous avons devant nous une rude tâche, mais elle s'impose. Plus tôt sera prise notre décision, plus l'enfant sera jeune, plus aisé sera le redressement. Aussi bien que deviendrait une école où l'indiscipline serait de règle et où avant tout travail, le chef aurait à rétablir quotidiennement l'ordre troublé par l'irrespect ? Et que deviendraient nos familles si nos ordres étaient constamment discutés, nos personnes raillées, les choses saintes prises à la légère, les décisions saluées par une pirouette ou un mot d'argot que nos fils prennent si facilement pour un mot d'esprit?

J'affirme que si nous le voulons, nous pouvons rétablir la politesse, toute la politesse nécessaire, à condition de respecter les valeurs et de placer la formation du cÅ“ur et de la volonté au premier plan de l'éducation.









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