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L'initiative dans la première enfance.

Dès qu'un enfant normal n'est plus un bébé, c'est-à-dire entre quatorze et quinze mois, l'instinct de faire les choses par lui-même apparaît.

Si vous observez un enfant bien portant de dix-huit à vingt mois, vous arriverez à la conclusion qu'il fait effort de tout son être pour apprendre à se débrouiller seul, et que sa mère fait aussi effort de tout son être pour l'en empêcher, sauf pour certaines choses ; elle laisse généralement son enfant essayer de boutonner son manteau, mais elle ne lui apprend pas à ouvrir et à fermer un robinet ni à tenir une tasse pour boire. Par amour pour lui, elle se dérange douze fois par jour, alors que n'importe quel enfant d'un an et demi peut apprendre à se servir tout seul. Il est plus avancé que la plupart des enfants de son âge si sa mère ne tient pas la tasse à ses lèvres quand il boit, comme s'il était un malade. «Il se mouille tellement!» dit-elle. Mais pour parer à cette difficulté, elle aurait dû, six mois auparavant, quand il avait un an, lui faire un petit tablier de toile cirée, mettre sa chaise haute devant le lavabo ou devant l'évier de la cuisine, et le laisser verser de l'eau d'une tasse dans une autre. Elle aurait ainsi découvert que ce petit être, trop jeune pour prononcer un seul mot intelligible, n'avait pas besoin qu'on lui indique la méthode à suivre pour entraîner ses yeux et ses muscles à la précision. Et si on lui apprend alors à manier un robinet, il est émancipé de l'esclavage d'être servi.

La mère laissera peut-être ses bébés apprendre à se servir d'une cuillère dès qu'ils montreront quelque aptitude à le faire ; mais elle est très capable de se précipiter sur le petit qui essaie de fermer un tiroir, et de s'écrier en l'emportant en lieu sûr:
-«Non, non, mon chéri, Bébé se pincera les doigts! Méchant tiroir ! Maman va le fermer pour Bébé! »

Et pourtant, si elle s'asseyait par terre à côté de lui et, décomposant cet exercice, lui montrait comment on ferme un tiroir sans se pincer les doigts, elle découvrirait que son bébé de deux ans est parfaitement capable de le faire adroitement et sans aucun danger.

La mère répète sans arrêt et avec le plus grand soin le mot que l'enfant essaye de prononcer, et elle n'est pas découragée par la maladresse de la petite langue inexpérimentée; elle ne songe jamais à lui dire: « Non, mon chéri, Minet est un mot trop difficile pour Bébé, laisse maman le dire pour lui ». L'absurdité d'une pareille chose lui semblerait flagrante. Mais elle n'a pas la même patience pour lui montrer plusieurs fois de suite comment s'y prendre pour se servir d'un tabouret et grimper sur le fauteuil convoité.
Elle soulève l'enfant et, naturellement, après l'avoir assis dans le fauteuil, doit le remettre par terre.

C'est sans doute ennuyeux de surveiller les premières expériences pour parer aux accidents inévitables. Mais si la maman cherche vraiment l'intérêt du petit être dont elle a la charge, elle insistera patiemment pour que l'enfant se serve du tabouret chaque fois que ce sera possible.

Que sont le tabouret, la tasse, le tiroir, le robinet, sinon des outils créés par l'esprit inventif de l'homme? Or, l'usage des outils est important pour que l'enfant apprenne à agir par lui-même.

Si la petite fille ne sait pas comment s'y prendre pour faire monter sa voiture de poupée sur un trottoir, ne la soulevez pas pour elle ; montrez-lui comment on appuie sur la poignée pour que les roues de devant quittent le sol, puis comment on soulève en poussant en même temps.

Si nous évitons de rendre le petit enfant passif, nous n'avons pas à craindre qu'il ne sache rien faire par lui-même.

Un petit garçon qui, à deux ans, ne demande pas qu'on le hisse sur le canapé mais s'en va chercher un tabouret pour grimper et redescendre est sûrement sur la route qui conduit à la confiance en soi.

La petite fille de trois ans qui sait ouvrir et fermer les portes, sait mettre et enlever son manteau et sait prendre une robe propre dans son tiroir, ne demandera pas à sa maîtresse, quand elle aura sept ans, de lui mettre ses caoutchoucs.

Tout être humain qui, jeune ou vieux, a goûté une fois le plaisir de l'activité efficace ne perd plus le désir de faire les choses par lui-même. La plus sûre façon de créer l'habitude d'agir par soi-même est d'enseigner comment se font les choses. Ce qu'on fait bien, on aime à le faire.









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