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Enfants rapporteurs

Tous les traités de pédagogie sont unanimes sur ce point: savoir, que la délation est une chose honteuse qu'il faut s'efforcer de bannir chez les enfants et pour cela, réprimander ou même punir ceux qui rapportent contre leurs camarades.

Cette thèse n'admet pas d'exceptions. Il est convenu que l'instituteur et l'institutrice sont tenus à une surveillance telle qu'aucun méfait des élèves confiés à leurs soins ne leur échappe et que ceux-ci ne doivent être punis que s'ils sont saisis en flagrant délit. Le maître doit s'apercevoir que Paul dessine des bonshommes sur son cahier au lieu d'écrire son devoir; ou que Pierre fait des niches à ses camarades et les empêche d'écouter la leçon de géographie. La maîtresse doit également comprendre que Lucie a son livre sur ses genoux et le regarde en récitant sa fable, tandis que Berthe babille avec sa voisine au moment important de son explication sur un problème difficile. S'ils ne découvrent pas aujourd'hui ces méfaits, ils s'en apercevront demain point n'est besoin qu'un enfant rapporteur les leur raconte. Non seulement cet enfant ne doit pas être écouté, mais il sera puni.

Voilà de la bonne morale qui règne ou doit régner dans tout établissement scolaire: lycée, collège, pensionnat, école, etc.

Si de ces établissements publics, nous passons à la famille, la question se complique, et nous nous apercevons bientôt que la répression pure et simple des rapports porte quelquefois atteinte à la confiance absolue des enfants envers leurs parents.

La petite Louise arrive un jour toute en larmes dans la chambre de sa mère: «Maman, André m'a battue !» Ce rapport va-t-il être arrêté et l'enfant grondée ou punie ? La mère ne comprendra-t-elle pas que c'est un appel à la sympathie, une plainte adressée à celle dont la petite fille connaît la tendresse ?

Demain, ce sera André qui, tout malheureux et indigné, viendra raconter qu'Hélène a renversé l'encrier sur son plus beau livre et demandera que les petits aillent s'amuser ailleurs pendant qu'il fait ses devoirs. Y aura-t-il dans ce rapport matière à punition ?

Dans une autre famille, la douce Henriette a remarqué que son frère Louis qu'elle aime tendrement continue malgré la défense de papa à jouer avec un mauvais sujet. La fillette a résolu de le dire à maman, de peur que son cher Louis devienne aussi un méchant garçon. Ce recours, cette confiance, mérite-t-elle d'être désapprouvée ? L'enfant sera-t-elle punie pour avoir rapporté contre son frère ?

Il me semble que la règle devrait être celle-ci: Lorsqu'un rapport a pour but la punition du frère ou de la soeur coupable, l'enfant doit être réprimandé, et puni sur récidive.

N'oublions-pas que, dans la famille, les parents représentent pour leurs enfants la Divinité même, et que nous ne sommes pas coupables quand nous parlons au Seigneur des fautes ou des chutes de ceux que nous aimons.

Une petite fille de ma connaissance ne comprenait pas ainsi les choses, et comme on lui avait inculqué une sainte horreur contre l'habitude de rapporter, voici ce qui arriva: Comme la famille était nombreuse, les trois plus jeunes enfants couchaient dans la même chambre, l'aînée des trois étant chargée de soigner les deux petits, et de faire la prière avant qu'ils s'endorment. Or, cette petite aînée qui n'avait pas 7 ans, après avoir prié pour papa et maman, ne trouvait pas autre chose à dire au Seigneur que les fautes que chacun avait commises dans la journée, dont elle demandait pardon comme pour les siennes.

Un matin, la mère voit arriver en chemise la petite Rosa, toute rouge d'indignation:

- Maman, je ne veux plus coucher dans la même chambre que Louise!

- Pourquoi, ma chérie ?

- Parce qu'elle rapporte au bon Dieu tout ce que j'ai fait.

- Mais c'est pour qu'il te pardonne, ne le veux-tu pas ?

- Si, mais c'est tout de même une rapporteuse.

Enfantillage! sans doute, mais enfantillage qui venait de la fausse notion qu'elle avait reçue à ce sujet.

Dans une page de l'Ancien Testament, nous lisons qu'Elie se plaignit un jour à l'Eternel et rapporta aussi contre ses compatriotes.

«Ils ont démoli tes autels et tué tes prophètes, je suis demeuré seul et ils cherchent à m'ôter la vie.» Quelle tendresse dans la réponse de Dieu! D'abord il fait passer devant Elie toute sa bonté, puis, il lui donne du travail à accomplir; enfin il le console par ces paroles: tu n'es pas seul ! je me suis réservé 7000 hommes. Tu as des frères qui te sontiendront. Et l'indignation du prophète s'apaise, et ses craintes disparaissent.

Tel est aussi le rôle de la bonne mère: pacifier, excuser, montrer le côté favorable des gens et des choses. «André n'est pas méchant, dira-t-elle à Louise, seulement un peu brusque, comme tous les garçons. Souviens-toi comme il est souvent complaisant pour sa petite soeur.»

- «Hélène est un bébé; elle n'a pas fait exprès de tacher ton beau livre, répondra-t-elle à André, peut-être cet accident pourra-t-il se réparer. Puis j'arrangerai les choses de manière que tes petites soeurs ne te dérangent plus durant ton travail. »

- Merci, ma chérie, dira l'autre mère à sa petite Henriette en l'embrassant. N'aie pas d'inquiétude pour ton frère; papa et moi nous veillerons à ce qu'il ne devienne pas un méchant garçon. Il te faut prier le bon Dieu pour lui. - Oui, maman bien sûr que je le ferai.

Je crois bien que ce ne sont pas seulement les rapports d'enfants qui sont à craindre, mais que c'est surtout la manière dont ils sont accueillis. Nous pouvons tuer la confiance dans le coeur de nos petits par une trop grande rigidité de principe, comme aussi encourager une habitude détestable par trop d'indulgence. Pour cela, comme pour tout ce qui concerne leur éducation, nous avons besoin du secours d'En-Haut.

Si quelque mère lisant ces lignes sent le besoin de les compléter ou possède sur la matière des idées différentes, la question est assez importante pour être traitée à fond et sous toutes ses faces.









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