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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Cherchez la mère

Quand un homme a fait quelque sottise, on s'écrie aussitôt: «Cherchez la femme!» Et il est de fait qu'on la trouve quelquefois.

Pour moi, lorsqu'un homme se révèle grand par son courage moral, par sa bonté, par sa droiture, je cherche la mère.
Ici vous m'arrêtez. Je vous entends. Vous me dites «Moi je connais des hommes qui, malgré leur mère, ont mal tourné. Et il en est d'autres - tel Kagawa - le grand apôtre japonais - qui, malgré une mère indigne, sont devenus des hommes de bien.

Tout cela est incontestable. Car l'influence du foyer n'est pas seule à s'exercer: l'hérédité, l'atavisme, la rue, le cinéma, la radio, la presse, l'école, les camarades, ont leur rôle à jouer, bon ou mauvais suivant les cas. Il n'en est pas moins vrai que les parents, que la mère, surtout dans les premières années de la vie de l'enfant, exercent sur lui une action dont on ne peut exagérer l'importance.

Laissons de côté les mères indignes, ne parions pas non plus de celles qui abandonnent facilement leur foyer pour le ski ou la plage, ou pour des réunions de porto ou de cocktails. Celles-là ne liront pas cette page.

Je m'adresse à mes jeunes soeurs, lectrices de ce journal, et je leur demande si elles se rendent bien compte de leur valeur infinie. Tolstoï disait que « le salut du monde est entre les mains de la mère ». Le croyez-vous? Et Lucien Romier déclare que « plus le monde est mauvais plus la mère doit réagir: elle réagit par ce qu'elle est. » Le monde que nous habitons est mauvais il le serait sans doute encore davantage s'il n'y avait des hommes et des femmes qui, grâce aux mères qui les ont élevés, l'empêchent de se désagréger complètement.- Voulez-vous des exemples?

Ecoutez Lord Baden Powell, le fondateur du scoutisme :« Tout le secret de ma formation réside dans la personne de ma mère. Comment cette femme admirable -elle était veuve de pasteur - fit en sorte de nous élever tous, de façon que nul ne tournât mal comment elle ne se tua pas elle-même de soucis et de fatigues, je n'en sais rien et je ne parviens pas à le comprendre. Non seulement, toute pauvre veuve qu'elle était, elle nous nourrit, nous habilla et nous fit instruire, mais elle trouva le temps de se consacrer à bien d'autres choses encore, en dehors de son foyer.
C'est son influence qui m'a guidé à travers la vie, bien plus que les préceptes de l'école. »

En 1914, Baden-Powell perdit sa mère. Il envoya alors un message aux éclaireurs du monde entier. Nous en détachons le passage suivant : «Quand votre mère mourra, vous en aurez une grande douleur. Vous sentirez que quelque chose s'est brisé en vous. Je viens de perdre ma mère après avoir été pendant un demi-siècle enveloppé de sa tendresse. Elle a élevé l'enfant, elle a suivi l'adulte pas à pas. Quand j'eus l'idée de fonder le mouvement des éclaireurs, je lui demandai ce qu'elle en pensait. Elle me répondit que mon projet pourrait être utile à des milliers de garçons, mais à la condition que je m'y consacre complètement. Je suivis son conseil. C'est donc grâce à elle que le scoutisme a été lancé. »

Un autre exemple:

Si vous suivez dans les journaux les péripéties de la guerre sino-japonaise, vous savez combien Tokio redoute le maréchal chrétien chinois Chang-Kaï-Scheck. D'où vient à celui-ci sa supériorité? Il va nous le dire : « Je me rappelle les bons conseils de mes maîtres, l'aide de mes camarades, l'esprit de sacrifice de mes collègues, mais je me rappelle surtout - et ce souvenir est indélébile - tout ce que ma mère a supporté pour élever son petit garçon sans père.
Aujourd'hui que les arbres de sa tombe ont eu le temps de grandir, je ne puis que constater combien j'ai mal répondu à toutes les ambitions qu'elle avait placées sur ma tête.
Je suis honteux de n'avoir pas mieux accompli mon devoir. Plutôt que de me livrer à de stériles regrets, je veux dire ici les grands obstacles que ma mère a surmontés pour élever sa famille, afin de révéler à tous le triste sort des classes déshéritées. J'espère placer ainsi devant vous la grande tâche du salut national.
Mon père, petit fermier, mourut quand j'avais 9 ans. Dès lors, ma famille passa par toutes sortes de difficultés et de tribulations. Isolée et sans appui, elle eut à subir des outrages et des vilenies. Si elle put échapper à la ruine totale, c'est uniquement grâce à ma mère.
Elle m'aimait tendrement, mais son amour était d'une qualité plus haute que l'amour ordinaire d'une mère. Elle tenait à une stricte discipline. Quand je rentrais à la maison, elle me demandait où j'avais été, ce que j'avais fait. Elle s'informait de mes travaux d'écolier. Elle me faisait aussi travailler de mes mains afin de me rendre adroit. Tout son temps et toute son énergie m'étaient consacrés. Quand j'eus atteint l'âge d'adulte, je décidai d'aller à l'étranger pour mon éducation militaire. Mes oncles se montrèrent hostiles à ce projet. Ils m'auraient empêché de le réaliser sans ma mère. Ce fut elle qui réussit à me procurer les fonds nécessaires à mon départ.
Plus tard, la nécessité de notre révolution nationale s'imposa à moi ; cette décision entraînait des difficultés et des charges multiples. A cette époque, ma parenté rompit toute relation avec moi. Seule, ma mère me continua son aide. Quand les obstacles surgirent, c'est elle qui vint à mon secours. Elle me fit comprendre qu'un fils n'a pas seulement à remplir ses devoirs de piété filiale, mais qu'il se doit aussi tout entier à son pays. Quoique mon désir ardent ait toujours été de mettre ma conduite d'accord avec les désirs de ma mère, j'en suis encore bien éloigné. »

Combien de nos contemporains, dans tous les pays et dans tous les milieux pourraient tenir un pareil langage?

Croyez-moi, cherchez la Mère!









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