Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

De la psychologie des garçons pour l'instruction des filles

Le garçon d'aujourd'hui apparaît très différent du garçon d'autrefois et même d'hier. Le progrès opéré sur les divers terrains de la science, de l'industrie, de la civilisation en général a facilité d'un côté une existence qu'il a par ailleurs compliquée. Il a presque partout substitué l'habileté à la force.

De son côté la femme est sortie de l'état de dépendance dans laquelle elle avait vécu pendant longtemps. De ce fait, la nature des relations entre les garçons et les filles s'est modifiée. La jeune fille d'aujourd'hui envisage sans amertume les moyens de se suffire à elle-même sans aimer… Elle est plus libre et plus fière, elle attend moins aussi qu'on vienne la chercher. De moins en moins on la marie, parce que de moins en moins elle ignore. Elle veut choisir et avant de choisir, elle veut savoir.

Cela veut-il dire que l'amour spontané, joyeux ne naîtra pas entre un garçon et une fille? Il pourra naître et d'autant plus franchement qu'il sera enveloppé de moins de mystère. Le langage de l'amour est changé. Qu'importe? pourvu qu'on se comprenne et qu'on tienne la parole donnée.

Les garçons d'aujourd'hui ont abandonné les idées des garçons du passé; ils en ont acquis d'autres; ils ont pu perdre certaines qualités que d'autres ont d'ailleurs compensées ; ils n'ont pas les mêmes façons d'agir, ou de dire, pour exprimer leurs pensées. C'est vrai : mais tout cela change-t-il grand chose au fond? On dit qu'ils ne sont plus sentimentaux ni rêveurs. Certes, ils n'affectent plus de l'être ; ils s'en défendraient plutôt; mais ce serait naïveté de croire à ces attitudes et à ces affirmations. Ce n'est pas vrai dans la vérité profonde de leur coeur, plus timide, et même, quoi qu'on puisse croire, souvent plus pudique qu'il ne paraît. Il suffit de dissoudre sous la chaleur d'une sympathie compréhensive la mince couche de froideur plaquée sur leur physionomie et sur leurs paroles, pour en être vite convaincu.

Les garçons de tous les temps ont toujours été et seront toujours un peu de grands enfants, volontiers crâneurs dans la prospérité mais bien enfants toujours devant la douleur et devant l'amour.

Grands enfants insensibles pour qui ne les regarde que de loin, mais pour qui pénètre un peu leur coeur, petits enfants capables de beaucoup aimer et de beaucoup souffrir.

Mais il s'agit ici d'une tentative d'explication du jeune homme actuel pour l'instruction de la jeune fille d'aujourd'hui. Une jeune fille si fine et si déliée qu'elle soit peut se trouver déroutée par les façons d'un garçon qui n'a ni les nuances, ni les réflexes qu'elle aurait elle-même. La jeune fille croit le garçon compliqué comme elle; le garçon d'autre part, croit la jeune fille simple comme lui. Ainsi on ne saurait se comprendre, s'expliquer, se découvrir l'un à l'autre, se pardonner, se supporter et cela même plus souvent dans les petites choses que dans les grandes. Beaucoup d'époux, en effet, se rendent la vie insupportable, non par de grands torts mutuels, mas par simple incompatibilité d'humeur, c'est-à-dire, par inadaptation des caractères spécifiques de chacun.

Ce n'est pas toujours faute de s'aimer qu'on se rend malheureux l'un l'autre, c'est faute de se comprendre et on ne se comprend pas parce qu'on ne s'est jamais sérieusement étudié.

Les filles doivent savoir tout d'abord que les garçons sont très différents d'elles. Si le garçon est souvent, de façon positive, moins bon que la fille, la fille doit accorder à son tour que le garçon est souvent moins méchant qu'elle. Le garçon en général est moins héroïquement bon et moins spontanément méchant. L'homme en général ne veut pas être méchant, il ne combine pas des méchancetés, il ne raffine pas sur les moyens d'être désagréable ou tyrannique: il n'en recherche pas les occasions, il en laisse même souvent passer qu'une femme saisirait.

Les femmes affirment : tous les hommes sont égoïstes! Cet égoïsme de l'homme, la jeune fille doit s'y attendre, il apparaît déjà dans le garçon, se manifeste surtout par le goût de l'indépendance au dehors et de l'autorité à la maison. L'homme est jaloux de cette indépendance ; il entend rester maître de sa pensée, de sa vie intellectuelle, de ses convictions philosophiques. Une femme par contre ne rougit pas, elle s'honore plutôt de prendre les idées de son mari.

Indépendant au dehors et pour les choses de la pensée, l'homme est aussi et assez volontiers autoritaire à la maison. Là, cet égoïsme plus ou moins conscient, se manifeste le plus souvent sous une forme assez vulgaire. C'est une tendance à vouloir ses aises matérielles, à vouloir tout prêt dès qu'il arrive, sans trop se soucier d'arriver à une heure régulière ; une tendance à négliger les précautions élémentaires auxquelles les femmes tiennent: tapis ou parquets foulés sans soin, cigares ou pipes inopportunément allumés, cendres secouées un peu partout, bouteilles non replacées sur le rond de cristal ou de paille, et autres choses de même genre et importance. Et, par contre, en opposition avec ses impatiences pour les retards dans le service, ou allusions à des retards passés, observations sur le degré de cuisson ou d'assaisonnement des viandes, ou de maturité des fruits, alors que la femme a tout fait pour que le repas fut réussi.

A la maison, certains garçons qui seront des maris, et des maris demeurés garçons, n'ont jamais l'air de s'apercevoir des soins qu'on prend pour eux et du mal qu'ils donnent, avec une insouciance ou l'égoïsme a sa part. Si le menu servi leur déplaît, ils se plaignent; s'il leur convient, ils se contentent de manger sans autre forme de compliment ou même de remarque. La femme a mis des fleurs sur la table, ils ne le voient pas ou font tout comme. Si la température est à leur gré, c'est très bien ; sinon ils ouvrent les fenêtres ou descendent les stores à leur convenance.
Ils ont leurs amis, leurs plaisirs au dehors, sports ou clubs. Volontiers, ils vont « faire un tour » surtout s'il y a des enfants qui crient. Ils veulent dormir tranquilles et disent à leur femme : « Fais taire ton gosse » après qu'ils se sont ingéniés à exaspérer celui-ci en le taquinant.

Surtout, ils ne sont pas assez expansifs dans leur affection, à moins qu'ils ne le soient trop et mal à propos.

Dans la cité, dans les affaires, l'homme n'a guère besoin de la femme. Il va, il vient, il plaisante sans qu'on lui fasse aucune observation, tandis qu'à la maison il lui arrive d'en recevoir d'intempestives, d'exaspérantes. D'autre part à la maison, l'homme ne se suffit pas. Il s'en rend plus ou moins compte. Il y sent ce besoin d'une aide semblable à lui, certes par l'ensemble, mais si différente par les détails; qui ne voit pas les choses sous le même angle, qui n'est pas souvent sur le même plan que lui, qui attache beaucoup d'importance, à ce qui lui paraît, à lui, n'en guère avoir et, par ailleurs, ne s'intéresse souvent pas assez, et dans le sens qu'il faudrait, à ce qui le préoccupe.

L'homme n'est pas insensible et indifférent, il n'est pas inaccessible à l'impatience et il convient de ne pas le pousser à bout. La bonté initiale de l'homme dans ses rapports avec le sexe féminin se traduit d'abord en une confiance qui peut paraître naïve. Il ne prévoit pas le quart des ruses féminines, si psychologue qu'il se croie. Il est presque toujours surpris et déconcerté par ces ruses quand il s'en aperçoit enfin. Devant toute souffrance, l'homme est singulièrement désarmé. Son dévouement fléchit très vite. La femme s'attache, se rive au lit d'un malade l'homme s'en écarte bientôt. Même physiquement la femme est plus résistante que l'homme, dans les soins à donner, les veilles à supporter, le sacrifice de toutes ses aises et de toutes ses préférences. L'homme ne peut pas d'ordinaire longtemps souffrir ni voir souffrir, s'il ne peut y remédier efficacement. D'autre part, même s'il aime beaucoup, il ne s'obstine pas contre l'impossible. Pour la femme qui aime, l'impossible n'existe pas.

Il est bien rare qu'on observe et qu'on dise d'un père qu'il est dévoué pour ses enfants. Il peut peiner pour eux, mais il peine loin d'eux. Son dévouement les protège, il ne les enveloppe pas, ou du moins c'est d'un geste moins prochain et que ceux-ci n'aperçoivent pas. Le dévouement de l'homme est grave, presque austère, il peut aller jusqu'à la sévérité apparente et même réelle et il est muet.

L'enfant voit l'incessante activité de la mère au foyer, il ne peut voir l'incessante activité, quoique d'un autre genre, du père au bureau, à l'atelier, à l'usine. Pour lui, le père est la Providence lointaine, la mère est la toute proche Providence attentive à tout ce qui lui plaît, à son âge et dans sa situation.

La jeune fille ne doit donc pas attendre du garçon une sensibilité semblable à la sienne. Elle doit apprendre à le bien connaître, demeurer convaincue qu'il y a entre eux, du fait de leurs caractéristiques et de leurs fonctions physiques, des différences morales considérables. L'homme, comme la femme, est un être complémentaire ; il a des déficiences qu'elle doit compenser, comme elle a ses propres déficiences qui appellent son indulgence.

Il lui faut connaître le garçon tel qu'il est, le comprendre et, en le comprenant, s'attacher à lui, être son aide et l'aimer.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève