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Notre autorité (Suite)

Ces interdictions, qui doivent porter pour les très jeunes enfants sur de bien petites choses, n'en préparent pas moins la disposition à l'obéissance pour les grandes. L'enfant qui sera accoutumé à regarder sans les toucher les fleurs soignées par sa mère; à ne s'approcher du foyer qu'à une certaine distance indiquée par le dessin du tapis; à ne jamais monter sur les chaises placées près d'une fenêtre, etc., etc., se pliera aisément plus tard aux défenses plus sérieuses, et, ce qui est plus important, aux circonstances difficiles ou douloureuses, qui, lorsqu'il sera devenu homme seront chargées de compléter son éducation.

Tout en vous recommandant l'usage de l'autorité, j'ajouterai cependant qu'il ne faut pas en faire abus, et que la sobriété sur ce point est d'une haute importance. Cette réflexion me conduit à parler des ordres concernant les petits détails que nous avons placés sur une ligne secondaire, bien qu'ils ne doivent pas être considérés légèrement. En effet, puisque qu'ils donnent lieu à la manifestation de l'autorité, leur exécution est moralement de toute rigueur; aussi est-il essentiel de n'interdire ou de n'ordonner que lorsqu'on est résolu à se faire obéir. Les enfants arrivent assez ordinairement à leurs fins par l'obstination dans la récidive, et nous cédons souvent de guerre lasse; mieux vaudrait alors ne pas défendre ou ne pas commander.

Ne touche pas cela, disons-nous promptement lorsque l'enfaut gâte ou dérange quelque objet; il n'obéit pas, et la mère répète la défense une fois, deux fois, trois fois, puis absorbée par son ouvrage ou sa lecture, elle cesse de faire attention à l'enfant qui persévère dans sa désobéissance, et se trouve ainsi encouragé à conquérir la liberté de ses mouvements en lassant la patience de sa mère.

Une autre fois il arrive que, n'étant pas instantanément obéie, la mère élève la voix en réitérant la défense, qu'elle accompagne même d'une menace ou d'un signe significatif; n'obtenant pas davantage et poussée à bout, elle place quelque obstacle matériel entre l'objet interdit et l'enfant.

Alors celui-ci pleure, crie, se dépite, mais il ne peut pas faire la chose défendue.

On aurait tort, dans un cas semblable, de supposer avoir obtenu l'obéissance, car on a seulement usé de contrainte. Une pareille manière d'agir, souvent renouvelée, aurait le fâcheux résultat de paralyser l'énergie de l'enfant, dont il est essentiel d'obtenir une obéissance volontaire. La soumission passive trop souvent confondue avec l'obéissance, serait un triste résultat de l'éducation, car elle n'existe guère que dans les êtres incapables de se rendre compte de leur volonté, et par conséquent de l'exercer sur eux-mêmes. C'est ainsi qu'une des plus grandes difficultés dans l'exercice de l'autorité, droit et devoir des parents, se trouve dans la nécessité de respecter l'individualité, le libre arbitre de l'enfant. L'amener à comprendre qu'en obéissant il accomplit un devoir, bien plus qu'il ne cède à une force supérieure, est une tâche difficile, délicate et fort rarement comprise par les parents eux-mêmes.

Si l'on ne veut pas user ou même détruire son autorité, il faut qu'elle soit accompagnée de beaucoup de pénétration et d'une certaine mesure d'indulgence; il faut faire part de la faiblesse et de la vivacité des enfants, de leur besoin de mouvement et de la mobilité de leurs impressions, de leur impuissance à rattacher les conséquences à leurs causes. Ce n'est pas toujours une chose facile, mais elle est pourtant nécessaire. Sachez donc, chère amie, être sourde et aveugle à propos, et laissez une certaine liberté aux ébats de nos enfants, pourvu qu'ils respectent habituellement les défenses portant sur les règles générales.

Ne prononcez les interdictions spontanées que dans les cas indispensables, car une fois que vous avez parlé, le principe d'obéissance étant en cause, il faut exiger ce que vous avez demandé.

Les défenses conditionnelles m'ont toujours paru dangereuses pour les très jeunes enfants; elles semblent conférer à l'enfant le droit de discuter vos ordres en lui laissant le choix entre l'obéissance et le châtiment.

J' entendis un jour une jeune mère qui allait m'accompagner dans une course dire à sa petite fille âgée de dix ans: «Marie, pendant mon absence tu n'iras pas dans la chambre de tes frères, il faut les laisser travailler; si tu y allais tu n'aurais que du pain pour ton dîner». Nous restâmes environ deux heures absentes. La petite fille vint à notre rencontre dans le vestibule, la tête basse, le pas incertain, en disant d'une voix assez ferme . «Maman, j'ai dit à ma bonne de ne pas mettre mon couvert, je ne mangerai que du pain».

- Tu as donc désobéi ? dit la mère d'un ton sérieux.

- Oh ! j'ai préféré aller jouer avec mes frères et n'avoir que du pain.

Que pouvait répondre à cela la mère, puisqu'elle avait accompagné son ordre d'un si qui faisait supposer la désobéissance possible, et en quelque sorte rachetable par le châtiment ?

Punissez lorsqu'on aura désobéi, c'est juste, c'est nécessaire; mais n' admettez jamais en principe l'option entre l'obéissance et la punition. (A suivre)









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