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L'éducation par le milieu social

Sachons, dans l'éducation, donner la première place aux choses essentielles. Dans les traditions et les habitudes de n'importe quel milieu, il y aura certaines parties auxquelles - après examen on attachera une grande importance, celles-là seront inculquées soigneusement aux jeunes et on tâchera de leur en faire sentir le prix. On sera sans doute étonné de constater qu'elles ne sont pas très nombreuses et que bon nombre de choses auxquelles on se cramponnait par routine n'ont aucune importance et peuvent être abandonnées sans dommage. Par contre, sur ce qui touche aux traditions, aux habitudes que l'on aura reconnues comme véritablement importantes, on ne transigera jamais. On les envisagera comme la contribution que son milieu social a à faire à la collectivité.

Mais pour pouvoir apporter à d'autres milieux sociaux cette contribution, comme pour bénéficier de la leur, il faut que les milieux sociaux se pénètrent, au lieu de rester à l'écart les uns des autres.

Il n'est pas bon de se cloîtrer dans son milieu social. Ces êtres sensibles à l'excès, qui se roulent en boule comme un hérisson dès qu'ils se sentent dans une ambiance nouvelle, sont antipathiques autant que malheureux. L'attitude contraire, celle de la sympathie qui dilate, celle de la générosité qui accueille, est la bonne.

Il existe des personnes de milieux cultivés ou artistes qui veulent bien se rendre dans les milieux de paysans, de pêcheurs, d'ouvriers, pour leur donner, leur enseigner quelque chose. Parfait! Mais, pour commencer, il faut consentir à recevoir, à apprendre, sous peine de rencontrer de l'hostilité. Que les relations soient toujours un échange! Que l'on se partage les belles choses des deux milieux!

Ayons toujours une attitude affirmative et constructive. Peut-être l'horreur de l'attitude négative est-elle ce qu'il y a de plus important pour un éducateur. L'attitude affirmative implique la bonne volonté, le désir de s'instruire, le besoin de comprendre, de chercher ce qui unit, les réactions douces et amicales. Ces gens qui « bondissent » dès qu'ils entendent exprimer une opinion différente de celles qui ont cours dans leur milieu, sont terribles, surtout s'ils font des discours et exposent des théories. Ils éloignent, ils repoussent. Or, si l'on estime que l'on possède une noble tradition, une belle coutume, une idée précieuse, on désire attirer et non repousser les autres, afin de les amener à admirer ce que l'on admire.

Et puis, cultivons notre sens critique! Pourquoi supposer d'emblée que tout ce que préconise notre milieu social est parfait et mérite d'être conservé à toujours? Si nous croyons que tout ce que pense, aime, croit notre milieu est parfaitement bon et juste, nous devons admettre que les personnes appartenant à d'autres milieux aient la même idée du leur. Et cela crée des conflits. Encore une fois, distinguons entre les choses essentielles, les choses secondaires et les choses sans importance. Ne conservons jalousement que ce qui mérite de l'être, laissons tomber le reste. Que nos traditions ne soient ni des chaînes, ni des fétiches, mais de beaux vêtements amples et commodes qui recouvrent l'homme essentiel, celui qui se retrouve dans tous les milieux.

Il me paraît important que tous les enfants connaissent très bien au moins un autre milieu social que celui où ils sont nés, un milieu qui en diffère le plus possible. Comment y parvenir? C'est là que je vois le rôle magnifique des sociétés de jeunesse : éclaireurs, éclaireuses, unions de tous genres ; elles groupent des enfants de plusieurs milieux pour un but qui les intéresse tous également et qui, par conséquent, les unit.

Laissons nos enfants pénétrer dans d'autres milieux. Il faut pour cela beaucoup de tact et parfois d'humilité et aussi une grande simplicité. Il faut que les enfants du serrurier, du cultivateur, de la blanchisseuse puissent rendre, tout naturellement, sans avoir à rougir de leur simplicité, l'invitation que les enfants d'intellectuels leur ont faite. Quelle joie pour ceux-ci de connaître bien un charpentier, un forgeron, un serrurier et d'être accueillis de temps en temps dans son atelier! Quelle joie aussi de prendre part avec de petits amis paysans à tous les travaux des champs! Combien je bénis le Ciel d'avoir dû faire à dix ans un très long séjour de convalescence chez des paysans! Les visites et séjours dans d'autres milieux enrichissent, remettent bien des choses au point, font connaître la vie par le dedans.

Je n'ai pas voulu prononcer les mots de bourgeois, prolétariat, lutte des classes. Mais lorsqu'on possède des amis très chers dans les deux camps, on souffre de les voir se méconnaître. Dans le monde que je rêve, nul ne mépriserait aucun milieu ; les enfants grandiraient dans le respect de tout travailleur, même pauvre, et la pitié de tout oisif, même riche, et chacun apprendrait de ses frères d'autres milieux, tout ce que ces frères très différents de lui auraient à lui apprendre.









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