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La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Regard en arrière

J'ai été un petit garçon terne, peu brillant, élève médiocre. Je ne me souviens guère avoir présenté mon carnet de classe à signer à mon père sans entendre «Quel idiot. Qu'est-ce que nous en ferons ? Rien, pas même un ouvrier!» Et chaque fois, ces dures paroles anéantissaient mon jeune courage.

J'ai douté de moi pendant toute mon enfance adolescent, j'en ai douté encore jusqu'au moment où j'ai intéressé mon oncle qui, lui, heureusement, a su me relever à mes propres yeux. J'ai échoué au baccalauréat, c'était fatal; on me l'avait tant annoncé, il fallait qu'on eût raison. Mais comme je bénis cet échec! Mon père exaspéré, voulait me faire passer les vacances dans une boîte à bachot quand mon oncle, pris de pitié, demanda la permission de m'emmener chez lui et de me faire travailler.

Je me souviendrai toujours, avec une reconnaissance infinie, des mots par lesquels il accueillit ma mère lorsqu'elle vint me voir au bout de la première semaine . « Sais-tu qu'il n'est pas bête, ton fils, mais pas bête du tout; il s'intéresse à des tas de choses. »

J'eus l'impression qu'un sang nouveau inondait tout mon être ; depuis ce jour, je m'accrochai à mon oncle comme à mon sauveur. Certes, je n'étais pas sans deviner quelle délicate bonté avait inspiré ses paroles réconfortantes ; mais, tout de même, mon oncle était sincère et, d'autre part, il était si intelligent, ses jugements étaient si sûrs qu'il ne pouvait ni nous abuser ni s'abuser complètement lui-même. Puisqu'il espérait en moi, je ne devais pas m'abandonner; avec lui, soutenu par lui, je saurais choisir ma voie, m'y engager résolument et, en dépit de mes insuffisances, arriver cependant à devenir un homme utile…

La pensée d'un nouvel échec possible au baccalauréat ne me torturait plus car je n'étais pas obsédé par le discrédit jeté par mon père sur les professions manuelles : « Nous n'en ferons rien, pas même un ouvrier!» Avec mon oncle, j'apprenais à découvrir et à glorifier la valeur humaine dans les tâches les plus rudes, dans le labeur le plus modeste. Grâce à lui, je me débarrassais peu à peu de cet absurde préjugé qui sépare les hommes pour les classer en manuels et en intellectuels alors que l'esprit et la main sont dans une si étroite dépendance l'un de l'autre. «Savoir se servir de ses mains et de ses yeux est une condition d'humanité, avait coutume de dire mon oncle. Je ne parle pas seulement, ajoutait-il, des professions que l'on nomme libérales et pour lesquelles l'exercice de la main est aussi indispensable que la formation de l'esprit, comme celle de chirurgien, par exemple… C'est grâce à la main que nous précisons notre pensée ; toute théorie qui ne s'est pas affrontée avec la réalité reste spéculation vaine… C'est la main qui forme et redresse notre jugement; c'est la main qui donne à l'homme son équilibre et sa sagesse ; c'est elle aussi qui lui donne sa joie la plus profonde, celle de la création. »

A cette chaude conviction, je sentais peu à peu s'évaporer toutes les préventions que je tenais de ma famille et de nouveaux horizons, dont je pressentais toute l'étendue, s'ouvraient pour moi. Jamais, jamais je ne pourrai assez remercier mon oncle de m'avoir ainsi donné confiance, d'abord en mes propres forces, ensuite, dans tout effort créateur, quel qu'il soit.









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