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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
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RETOURNotre autorité (Suite et fin) Il n'est pas nécessaire de s'être longtemps et souvent occupé de jeunes enfants pour reconnaître combien est difficile à obtenir cette obéissance que nous jugeons indispensable. Il y a dans le coeur de l'enfant un instinct qui le pousse à la révolte, et, sans s'en rendre complètement compte, il éprouve presque autant de plaisir à braver la volonté d'autrui qu'à faire la sienne. Voyez ce petit garçon à peine âgé d'une année, il essaie de monter sur un tabouret, tandis que sa mère ou sa bonne lui crie: «Fais attention, tu te feras mal, ne monte pas làdessus.» Chacun de ces avertissements, au lieu de le dissuader, semble stimuler ses efforts, et lorsqu'enfin il est venu à bout de son entreprise, il se redresse de toute sa hauteur, et sa petite physionomie exprime le triomphe d'avoir bravé les personnes qui le surveillaient. Chez l'enfant un peu plus âgé on pourra remarquer une nuance de préméditation dans la désobéissance: vous lui interdirez de toucher aux objets placés sur votre table de travail, il vous écoute, paraît comprendre, mais au lieu de s'éloigner pour fuir la tentation, il rôde autour de la table, avance sa petite main, la retire, l'avance encore et saisit l'instant où votre regard est arrêté sur lui pour s'emparer de l'un des objets interdits, puis il se campe fièrement devant vous, comme pour vous dire: «Je ne vous ai pas écoutée !» Ces petites luttes qui ne se renouvellent pas plusieurs fois par jour, mais plusieurs fois par heure, sont un pénible exercice et pour éviter de se laisser aller au relâchement ou entraîner par l'impatience, il ne faut rien moins que la profonde conviction de l'influence qu'exerce sur le développement de l'individu la direction donnée dès la première enfance. Les soins que nous prenons pour appliquer rigoureusement nos principes aux petits faits, si indifférents en eux-mêmes, sont autant de grains de semence déposés dans le coeur de l'enfant et qui porteront plus tard leurs fruits dans la vie de l'homme fait. Celui qui aura attentivement écouté la voix de son père et de sa mère guidant ses premiers pas, ne méprisera pas celle de Dieu se faisant ouïr dans les diverses circonstances de sa carrière terrestre. S'il est de la plus haute gravité de se préserver d'impatience ou de faiblesse dans l'exercice de l'autorité, il n'est pas moins important de se garder d'arbitraire, car l'instinct de la justice, presque aussi naturel au coeur de l'enfant que celui de la rébellion lui fait promptement discerner les sentiments personnels qui trop souvent dictent nos ordres. S'il gâte un objet précieux, nous grondons bien plus fort que s'il casse une bagatelle, quoique les deux choses aient été touchées malgré notre défense. S'il ferme trop fort les portes le jour où nous avons les nerfs agacés, nous le reprenons plus vivement qu'à l'ordinaire sur la brusquerie de ses manières. Ce sont là autant de mouvements égoïstes qui nous rendent injustes et paralysent bien souvent nos efforts. Il faudrait savoir et surtout pouvoir se placer soi-même hors de cause pour exercer l'autorité avec le calme, le désintéressement, l'impartialité qui peuvent les rendre efficaces. Mais, hélas! il faudrait alors être assez dégagé des humaines passions pour se placer au point de vue de Dieu, et agir envers nos enfants avec la patience, l'amour, le support et cependant la justice et la fermeté dont Il use à notre égard. |
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