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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Emulation et jalousie

Toutes les raisons qui peuvent engager un homme à l'effort ne sont pas dignes d'être invoquées. Il en est de détestables, quoique de très énergiques. Si donc, la paresse et l'indolence de nos enfants nous pèsent, n'employons pas, pour les pousser au travail, les premiers motifs venus.

Une saine émulation n'est pas à dédaigner. C'est un des biens de l'éducation en commun. Le petit privilégié qu'on élève chez lui tout seul, n'est qu'un déshérité. Plusieurs sources excellentes d'entrain et de joyeux labeur lui sont fermées. Il est dans la nature de l'homme de se laisser entraîner au mal par l'exemple d'autrui. Pourquoi ce même exemple ne le stimulerait-il pas au bien ? Des chevaux très indifférents au fouet, redoublent de vitesse s'ils sont placés sur la même route derrière un compagnon qui court allègrement. Flasques et ballants jusqu'alors, ils se ramassent soudain, se raidissent et prennent une belle allure derrière la cariole, vivement enlevée par quelque fougeux compagnon.

Il n'y a aucun mal à faire bénéficier nos enfants d'un entraînement analogue.

Mais l'émulation est semblable à ces fruits exquis qui se gâtent trop vite et trop facilement. C'est à peine si vous pouvez les conserver purs, au prix de plusieurs précautions.

Très vite la simple et saine contagion du bon exemple dégénère en passion funeste. Le désir de ressembler à ceux qui font bien, devient un esprit de concurrence et de rivalité. La plupart du temps, cette métamorphose peu avantageuse est due aux éducateurs.

Il se peut qu'un écolier s'applique à mieux travailler, afin de ressembler à tel sujet distingué qu'il admire. Réjouissez-vous-en, mais ne vous en mêlez pas. Laissez celui qui se sait inférieur, admirer de bon coeur l'ami dont il s'efforce d'égaler les qualités. Cette admiration est un excellent ressort dans l'éducation humaine; mais gardez-vous bien, par des comparaisons déplacées, trop répétées, d'exciter chez l'émule modeste, des sentiments de rivalité. Vous feriez aboutir à la seule lutte pour la prééminence ce qui doit être un puissant motif de bien faire. Vous transformeriez un sentiment généreux, plein des plus purs élans, en un mouvement d'âme trouble, pénible et tout à fait dépourvu de noblesse.

Nous avons le regret de constater que les parents et les maîtres excitent souvent les enfants à la rivalité. Etre plus fort que les autres, les dépasser d'une tête, avoir le premier rôle, que de gens ne connaissent pas d'autre motif pour encourager leur progéniture au travail ! A force de les agacer et de les aiguillonner, vous leur rendez leurs concurrents odieux. Des sentiments d'envie, de jalousie s'éveillent dans ces jeunes coeurs et pour la vie souvent, les voilà pleins d'amertume à l'égard de camarades qui, pour avoir été premiers trop souvent, ont été pour eux l'occasion involontaire de gronderies paternelles ou de reproches maternels.

Nous connaissons des parents qui empoisonnent le coeur de leurs enfants par des procédés inqualifiables. Y a-t-il deux soeurs, deux frères dans la même maison, on les voit sans cesse comparer l'un à l'autre. «Regarde ta soeur, elle fait cela mieux que toi. Quand te tiendras-tu comme Marguerite ? Es-tu lente à faire tes calculs ! ta soeur a fini depuis longtemps. Henri est très intelligent, si seulement son frère l'était autant. Que ce Georges est maladroit ! Que ne prend-il exemple sur Gustave ?»

J'ai bien peur d'ameuter contre moi une foule de braves gens qui trouvent ces façons de parler toutes naturelles.

Souvent, en effet, elles ne font aucun mal. Les enfants sont heureusement doués d'une bonne couche d'indifférence. Il leur a été accordé une incroyable faculté de «laisser parler». Mais ceux qui prennent à coeur s'en vont ayant un dard enfoncé à l'endroit le plus sensible de leur souvenir.

Certains frères ne peuvent plus se sentir. Certaines soeurs ont entre elles une irritation latente, prête à renaître à la moindre occasion. Remontez à l'origine. Il y a un défaut de tact dans l'éducation. Pourquoi avez-vous éveillé les serpents qui sommeillaient ?









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