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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURLe cri d'un coeur maternel Un jour j'entendis ma mère dire à ma petite soeur « On ne te donnerait pas pour tout l'or du monde ! » Cette expression « tout l'or du monde » que j'entendais pour la première fois, me fit réfléchir. Je ne pouvais guère me représenter tout l'or du monde, ni l'énorme et parfois infernale puissance de l'argent. Je devais l'apprendre plus tard. Mais je savais déjà qu'il faut de l'argent pour aller chez l'épicier et le sabotier, pour se rendre à la foire et y acheter une vache, pour, en automne se munir de vêtements chauds en vue de l'hiver. J'avais entendu le soupir de ma mère, quand elle découvrait un trou à nos chaussures ou apercevait le fond vert de sa toupine de saindoux et j'avais bien retenu l'aphorisme paternel : « Quand on est riche, on fait ce qu'on veut, quand on est pauvre, on fait comme on peut. » D'un coup j'imaginais ce que serait notre existence si nous avions beaucoup d'argent, et je le dis sur-le-champ à ma mère : « Maman, si nous avions tout l'or du monde, tu n'aurais plus autant de soucis, papa n'aurait pas autant de peine. Tu pourrais acheter tout. Quand on est riche, on fait ce qu'on veut… » Etonnée, ma mère me regarda. Ce qu'elle avait dit avait été dicté par son coeur, sans qu'elle eût nettement conscience de la portée de son propos. La question imprévue de son garçon la lui révélait toute entière à elle-même. Mais c'était bien ça. Le cri du coeur disait vrai : la raison réfléchie approuvait son langage. Ma mère baisa une seconde fois ma petite soeur, et se tournant vers moi, elle me dit la voix tremblante: « Non, vois-tu, pour tout l'or du monde, on ne donnerait pas la petite .» Et une larme brûlante perla de ses paupières. Je fus longtemps avant de tirer de cette leçon les Vérités que j'y trouve aujourd'hui, mais les meilleurs enseignements sont justement des germes qui croissent lentement. Peut-être n'en ai-je pas encore subi, à présent, toute la richesse. Toutefois, je puis dire ceci, c'est que, dès qu'il me fut donné d'avoir quelque expérience de la vie, la parole de ma mère m'a éclairé et m'a aidé à choisir entre la matière et l'esprit, entre le monde et l'Eternité, entre Mamon et Dieu. J'ai entrevu l'infinie, l'absolue valeur de l'âme humaine. Le cri du cour de ma mère s'accordait si bien avec l'enseignement de l'Evangile qui dit : « A quoi servirait-il à un homme de gagner le monde entier s'il perdait son âme? » |
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