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Bouderie

Qu'est-ce que bouder? Larousse nous dit: «Témoigner, laisser voir de la mauvaise humeur par son silence, par ses actions, par l'expression de sa physionomie. »

Aujourd'hui, si vous demandez à un grand nombre de mamans si leurs enfants boudent, vous serez heureux de constater que ce défaut semble avoir beaucoup diminué. On vous répondra: « Mon enfant est bruyant, il est parfois insolent, rouspéteur, mais il ne boude jamais ».

Beaucoup d'enfants, actuellement, n'ont plus besoin de se réfugier derrière un mur de silence et de mauvaise humeur. Ils sont plus libres dans l'expression de leurs pensées. Ils savent qu'ils peuvent essayer de discuter, de s'expliquer. Ils ne sont plus intimidés par leurs parents, et c'est un grand progrès.

Mais direz-vous, il y a encore des enfants boudeurs. Quelle doit être notre attitude à leur égard? Il peut y avoir plusieurs causes à leur état; citons-en trois :

L'enfant est faible physiquement, ou moins habile, moins fort, plus jeune que ses camarades habituels. Comment va-t-il se défendre, obtenir gain de cause? Il ne peut pas se battre; sa langue n'est pas assez déliée pour être bon avocat; il est lent, il court mal, il est maladroit. Que faire? il cherche un refuge : il boude. Pendant la promenade, s'il veut une halte avant que ses compagnons ne la désirent, il s'arrête au pied d'un arbre et ne dit plus un mot. Ses camarades devront bien attendre; ne leur a-t-on pas confié le cadet? Il en est de même dans les jeux et l'enfant qui a trouvé ce moyen l'applique à tort ou à raison; bouder devient une habitude.

Halte-là! mon enfant est seul ou bien il est l'aîné, il est fort, a la langue bien pendue, il boude tout de même. Dans ce deuxième cas, c'est nous, les parents qui sommes les premiers fautifs : Un beau jour notre enfant, peut-être encore bien petit, devant un refus s'est mis « à faire la tête ». Il s'est immobilisé, est devenu muet. Nous avons essayé de lui parler, de lui expliquer : rien à faire. Devant son attitude toujours plus accentuée nous avons été excédés et nous avons dit assez brusquement : « Et bien va, sors, fais ce que tu veux, que je ne te voie plus. » Ou bien plus simplement nous avons essayé de le dérider en lui proposant un autre plaisir que celui demandé. L'enfant s'est inconsciemment rendu compte de sa victoire, il a barre sur nous et il sait en profiter.

Quand un enfant boude, il faut, tout d'abord, s'assurer qu'il n'est pas opprimé par des camarades ou des frères et soeurs. Cela est délicat, demande du tact et de la patience. L'enfant ne doit pas se douter qu'on l'observe. Si cette cause est inexistante ou supprimée il faut complètement ignorer le boudeur, et surtout bien se garder de lui donner la satisfaction de voir qu'il nous est désagréable. Après quelques essais, si l'enfant constate que personne ne souffre de son manège et que celui-ci devient complètement inefficace, il se rendra compte de l'inutilité de la bouderie.

Si malgré tout, au bout de quelques mois de patience, l'enfant reste boudeur il faut aller voir un médecin ou un psychologue. Il se peut fort bien, et c'est là la troisième cause dont je voulais parler, qu'il y ait une déficience dans son développement. Les réactions sont trop lentes; peut-être pourra-t-on le soigner et l'aider à vivre.

Que faites-vous des grandes personnes dans tout ça? Eh oui! les enfants boudeurs d'autrefois sont devenus grands. Quelques-uns ont pu, avec l'âge, maîtriser leur défaut. Malheureusement chez d'autres, il n'a fait que croître et embellir. En général les adultes boudeurs ne souffrent pas de leur travers. Ils en retirent même, consciemment ou inconsciemment, de la jouissance; ils ne se rendent pas compte du mal qu'ils font à leurs proches. Rechercher ici les causes principales de la bouderie des adultes serait bien long et dépasserait le cadre de ce petit article. Cependant les quelques anecdotes vécues qui vont suivre feront peut-être réfléchir quelques-uns d'entre eux.

***

Un joli jardin fleuri; sous un arbre un groupe sympathique.
Grand'maman et ses deux belles-filles travaillent à l'ombre d'un beau marronnier, les bambins jouent avec leur ménage dans le gravier. L'une des jeunes femmes rentre de voyage et décrit avec animation ses souvenirs. Les deux autres écoutent.
Tout à coup, sans dire un mot, grand'maman se lève et s'en va. Au bout d'un certain temps, la conteuse inquiète, part à sa recherche. Elle trouve l'aïeule inactive, dans le coin le plus obscur du salon.
Qu'avez-vous mère?
« - Oh! rien du tout, laissez-moi tranquille, je veux être seule».

C'est tout ce qu'on peut tirer d'elle. Pendant les jours qui suivent, grand-maman reste sombre, parlant à peine. Le soleil a beau briller, le jardin fleurir, une impression de tristesse pèse sur toute la famille, les petits-enfants eux-mêmes réfrènent leur joie. Au bout de quelques jours on découvre les causes du drame. Pendant le récit sous le marronnier, les enfants s'étaient rapprochés et grand-maman n'entendait plus bien. Elle s'est imaginé qu'on parlait bas pour l'exclure de la conversation. Cette toute petite cause, irréelle, a assombri la vie de famille pendant plusieurs jours.

***

Trois enfants rentrent un samedi à la maison rapportant leurs livrets scolaires. L'un d'eux est un peu contrit: il a un quatre de conduite, des arrivées tardives. Il est aussi noté pour insolence. Quelles sont les réflexions des enfants ? « Zut, papa en voyant cela va faire la tête… tant pis pour lui… s'il ne veut pas nous adresser la parole on se passera bien de lui… y est habitué… Ça ne nous fait plus d'effet…
Evidemment c'est ennuyeux, maman sera triste, le dimanche sera gâté, mais on s'arrangera bien à s'amuser quand même, on ira jouer dehors ».

Dans des cas précédents, le père a certainement choisi la pire des attitudes possibles.

***

La troisième histoire que je vais raconter vous montrera combien il peut être difficile de rentrer dans la vie de tous les jours quand on s'est enfoncé dans un accès de mauvaise humeur:

Un ménage dans une petite ville : lui travaille dans un bureau ; elle s'ingénie d'ordinaire à rendre le foyer attrayant et reposant. Malheureusement, elle a gardé de son enfance l'habitude de bouder. Une contrariété, un petit ennui la font se retrancher derrière un mur de silence et de mauvaise humeur.

Un matin, un léger désaccord s'élève dans le ménage. Monsieur part sans se douter de l'orage qui menace.

Mais à midi, bien vite, il perçoit l'atmosphère glaciale du foyer. Le couvert est mis, la soupe dégage une bonne odeur qui aiguise l'appétit, mais la mine rébarbative de la ménagère est un piètre apéritif et le silence un maigre assaisonnement. Le soir, le mari essaie quelques timides avances. Rien à faire, après le repas silencieux chacun se plonge dans un livre; il faut bien tuer le temps. Le lendemain est encore plus lourd, cela continue un troisième, un quatrième jour. Le cinquième jour au matin, un coup de téléphone. C'est le chef du bureau: « Pouvez-vous me donner des nouvelles de votre mari, Madame, voilà quatre jours que nous ne l'avons pas vu? » Folle d'une curiosité à laquelle se mêle de l'inquiétude, la jeune femme attend midi avec une impatience fébrile. Dès qu'elle entend le pas de son mari, elle se précipite à la porte et s'écrie : - «Au monde d'où viens-tu, ton chef a téléphoné… Â»

- « Ah, enfin j'ai trouvé le moyen, tu parles ! »

***

En voilà suffisamment pour montrer quel tort la bouderie peut faire. Cependant que ceux qui souffrent de cette vilaine maladie ne perdent pas courage. Ils peuvent se corriger. Une des premières choses à faire est d'essayer d'en découvrir les causes dont l'origine est souvent dans la petite enfance, causes sur lesquelles sont venues se greffer des tendances acquises depuis: instinct d'infériorité, timidité, habitude à peine consciente de se croire le centre du monde, difficulté à comprendre ses semblables et bien d'autres raisons encore. Cette recherche n'est pas facile. Il faut pour commencer que le boudeur soit conscient de son état et qu'il ait un véritable désir de se corriger. Il lui faudra alors faire un grand effort de sincérité vis-à-vis de lui-même et des siens. Quand il se rendra compte de l'inutilité et du caractère enfantin de la bouderie, il aura fait un grand pas vers la guérison. Si décidément c'est trop difficile, lui aussi peut recourir à l'aide d'autrui. Libéré de sa mauvaise habitude il deviendra bienfaisant et pourra mieux donner toute sa mesure dans la vie.









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