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Les jeux comme moyen d'éducation
Nous, qui consacrons maintenant, au travail le temps que nous passions autrefois à des jeux, nous nous glorifions, peut-être, de notre sagesse ; nous sommes fiers du résultat obtenu par nos capacités intellectuelles, nos efforts, notre habileté. Nous sommes tentés de mépriser le jeu de l'enfant; nous oublions qu'en jouant il déploie parfois, toutes proportions gardées, plus d'intelligence, d'énergie et de persévérance que l'homme dans son travail.
Observons l'enfant qui joue. Comme il est absorbé! quelle application ! quel sérieux ! Le besoin d'agir, le plaisir de créer, la joie de réussir brillent dans ses yeux. Ce jeu est pour l'enfant ce qu'est le travail pour l'homme.
Par le jeu nous n'entendons pas ces mouvements spontanés et sans but (sauts, gambades), par lesquels l'enfant dépense le trop plein de son énergie physique. Cette activité a sa valeur; elle peut être joyeuse, mais elle n'est pas, comme les jeux dont je veux parler, un effort d'intelligence, une occupation ayant pour, l'enfant un sens et un intérêt.
«Le jeu de l'enfant, dit le Dr Hervey, n'est pas seulement un passe-temps, c'est une mise en action de tous ses instincts. L'imitation, l'émulation, la sociabilité, l'amour du gain, de la chasse, du combat, y trouvent place. Il est aussi vaste que la vie elle-même. » De fait, ce n'est pas seulement une reproduction de la vie telle que l'entant la voit, c'est sa création, sa chose à lui.
L'enfant est dans un milieu où tout est trop grand pour lui. Les chaises, les tables, les
livres, les maisons ne sont proportionnées ni, à sa taille, ni à sa force. Les occupations de ce monde sont au dessus de ses aptitudes; il faut qu'il se crée un monde plus petit. Il imite donc ce qu'il voit il combine ses observations et ses expériences pour se faire un monde fictif dans le quel il vit, pendant un certain temps, une vie beaucoup plus réelle pour lui que celle qui l'environne. Il s'entoure de compagnons de jeu imaginaires; il construit des ponts des maisons, des villes, des forteresses; il conduit des affaires, commande des armées; il détruit ou il restaure; s'étant affranchi de tout ce qui est réel, il est libre comme l'air et peut être bandit ou prédicateur, mendiant ou roi, au gré de sa fantaisie.
Pour un spectateur attentif ces jeux, non seulement indiquent le tempérament ou les capacités de l'enfant, mais peuvent donner un aperçu de son avenir. La future diaconesse, par exemple, se reconnaît déjà dans les jeux de la fillette dont la joie est de soigner les maladies de ses poupées.
C'est ainsi, que les jeux de l'enfant peuvent aider ses parents dans le choix des études à lui faire suivre. Un père bien avisé ne songera pas à faire un avocat d'un garçon qui s'intéresserait surtout aux machines, pas plus qu'il ne ferait un ingénieur de celui, qui ne manifesterait de goût que pour la musique.
Les jeux fournissent aussi aux parents l'occasion, d'encourager chez leur enfant toute bonne disposition et de réprimer tout mauvais instinct.
« Le jeu est l'ébauche de la vie » dit encore, le Dr Hervey. Puisque l'enfant, en jouant, montre de bonne heure quelles sont les choses qui l'intéressent et puisqu'il travaille volontiers quand on lui présente le travail comme un jeu, les parents et les instituteurs ne pourraient-ils pas en s'identifiant autant que possible avec l'enfant, l'introduire dans la vie réelle sans beaucoup de secousses ni d'efforts? Le jeu de l'enfant est pour lui une source de joie. Efforçons-nous donc de lui présenter sa tâche quotidienne comme, pouvant lui procurer une joie analogue mais supérieure.
Jouer est, pour l'enfant laissé à lui-même, une occupation toute naturelle; et en jouant il travaille à sa propre éducation; mais il le fait sans méthode, inconsciement. C'est aux parents et aux instituteurs à l'habituer à rechercher dans ses jeux cette perfection qu'il développera plus tard par le travail. Qu'ils lui enseignent aussi à employer ses énergies physiques, à exercer son coup d'oeil, à concentrer son attention, à se servir de ses facultés d'observation, de réflexion, d'invention même.
C'est ainsi que le jeu, moyen d'éducation, pourra préparer l'enfant à un travail utile.
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