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Education de la mémoire
Que de parents se plaignent du peu de mémoire de leurs enfants, reprochent même parfois à ceux-ci cette infirmité, grondent et geignent, mais ne songent pas à fortifier ces mémoires rebelles !
Ce n'est pas ainsi qu'il faut comprendre et réaliser l'éducation.
La mémoire est une faculté qu'on peut développer. On a souvent médit d'elle, la considérant comme une faculté de rang inférieur et l'on connaît la remarque si fine de La Rochefoucauld : «Tout le monde se plaint de sa mémoire et personne de son jugement. » Ne serait-ce pas qu'on méconnaît l'importance de son rôle?
N'oublions pas qu'elle est la condition de toute instruction et de tout progrès et que sans elle nous demeurerions inaptes et ignorants; nous serions voués à de continuels essais malhabiles et à de perpétuels recommencements.
Efforçons-nous donc, autant que possible, à doter nos enfants d'une mémoire capable de retenir facilement et longtemps et de retrouver rapidement ce qui a été confié à sa garde.
L'état physiologique influe sur la mémoire, nous oublions facilement ce que nous avons appris quand nous étions affaiblis par la maladie, tandis qu'une bonne santé favorise la mémoire. Celle-ci est aussi d'autant meilleure que les choses à retenir ont été plus nettement vues, senties, entendues et ont causé une plus vive impression. Ce qui intéresse et émeut se retient plus facilement et plus longtemps que ce qui ennuie.
Les enfants ont d'ordinaire la mémoire tenace, tout est nouveau pour eux et les frappe vivement, tandis que les vieillards perdent vite le souvenir des choses récentes qui ne leur offrent plus guère d'intérêt et retrouvent clair et vivant celui des faits de leur enfance.
La mémoire est d'autant meilleure que les choses à retenir ont été plus souvent répétées mais même ce qui a été bien appris s'oublie vite si on néglige de le répéter de temps en temps. Elle est aussi plus obéissante si les idées s'enchaînent les unes aux autres. Lorsque deux idées sont associées dans l'esprit, soit que les deux se soient présentées tout de suite l'une après l'autre, ou que l'une soit la conséquence de l'autre, le souvenir de la première éveille naturellement le souvenir de la seconde et vice-versa.
Que pouvons-nous faire pour cultiver la mémoire de nos enfants?
Recherchons d'abord quelle espèce de mémoire prédomine chez eux; car il y a diverses espèces de mémoires inégalement développées dans le même individu. Les uns retiennent mieux les idées, les autres les images, les uns les dates, les autres les mélodies, les uns les lignes et les couleurs, les autres les odeurs. Efforçons-nous donc de bien connaître le genre de mémoire de l'enfant à éduquer afin de ne pas lui demander des efforts exagérés et de ne lui proposer que les exercices qui lui sont le plus utiles. Car exiger par exemple d'un enfant à mémoire auditive très développée et à mémoire visuelle faible, l'étude d'un texte sans qu'il puisse le lire et le répéter à haute voix est une grave faute pédagogique.
Les exercices d'éducation sensorielle et de culture de l'attention aident beaucoup à développer la mémoire. Dans l'étude des leçons adoptons avec l'enfant une méthode rationnelle ; ne lui proposons que des choses à sa portée auxquelles il puisse s'intéresser. Ainsi il comprendra ce qu'il doit retenir,. il verra les rapports qui unissent les diverses partes de la leçon. Faisons appel à ses souvenirs antérieurs, à des faits semblables ou contraires qui ont un lien quelconque avec ceux qui doivent fixer son attention présente et veillons à ce que son attention ne soit pas distraite du travail qu'il fournit.
En l'habituant à retenir à simple audition ou lecture des phrases de plus en plus longues et en lui posant des interrogations à brûle-pourpoint on exercera utilement la faculté de longue conservation et de prompt rappel des souvenirs.
Enfin, ayons soin de ne point détruire inconsidérément la sympathie que l'enfant éprouve envers ceux qui l'instruisent. On retient mieux ce qui est enseigné par une personne aimée.
Extraits de « l'Education de la mémoire » par J. Hervé.
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