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Adolescent
Alors que la vie familiale suffisait amplement à l'enfant, qu'il était même gêné quand il se trouvait hors de la famille, et ne s'épanouissait qu'au milieu de ses parents et de ses frères et soeurs, l'adolescent, lui, au lieu d'être à l'aise au sein de sa famille a souvent l'impression d'y étouffer, de s'y sentir comme diminué. La vie est encore un mystère pour lui. Mais le côté social de l'existence, la carrière et la vocation, les sentiments d'amour, tous ces appels commencent à l'attirer. Il éprouve le besoin d'explorer ce monde nouveau et inconnu qui se présente à lui avec des aspects de mirage.
D'où un besoin d'indépendance. Comme ceux qui vivent de cette vie attirante sont des adultes, l'adolescent voudrait faire l'adulte, imitation d'ailleurs très souvent enfantine et niaise. Vous verrez la petite jeune fille de 15-16 ans très préoccupée de sa coiffure, de ressembler à telle personne qu'elle a remarquée au cours d'une soirée. Vous verrez le garçon de 14 ans très fier parce qu'il a fumé une cigarette hors de la vue de ses parents. C'est pour lui la manifestation du fait qu'il n'est plus un enfant. Il croit avoir fait acte d'homme. Il est très important pour les parents de comprendre cette évolution et de ne pas continuer à employer à l'égard des enfants plus grands les mêmes méthodes que lorsqu'ils étaient petits. Traiter un adolescent en lui disant: «Tu n'es qu'un enfant, tu n'y comprends rien.., on verra plus tard », l'exaspère. Il n'est tout de même pas destiné à rester petit et devra bien un jour, voler de ses propres ailes. Qu'il commette, au point de départ, toutes sortes de maladresses, c'est de toute évidence.
Lorsqu'un petit oiseau commence à étendre ses ailes, lui aussi commet des maladresses, risque constamment de tomber. Les parents qui ne veulent pas comprendre qu'il y a une période qu'on pourrait appeler la période des maladresses sont des parents qui voudraient que l'on passât de l'état enfantin à l'état d'adulte, c'est-à-dire à l'évolution complète, sans aucune transition.
Voyons comment, à propos de l'indispensable apprentissage de la personnalité, l'adolescent doit être secondé par sa famille. Ce problème, extrêmement délicat, consiste à l'aider sans le contraindre.
Il faut développer en lui sous toutes ses formes le sentiment de la responsabilité. Il faut arriver à faire pénétrer les préoccupations morales de l'adulte dans l'âme de l'enfant de telle sorte qu'il les considère comme venant de lui.
On n'a élevé un enfant que le jour où il commence à désirer «s'élever» lui-même. Tant qu'on n'a pas obtenu ce désir, on n'a rien fait, si ce n'est de la contrainte extérieure.
Le problème de la conscience chez l'adolescent dépend en grande partie de l'éducation qu'il aura reçue au cours de son enfance. Je crois qu'avec lui il faut accentuer au maximum le sentiment de la conscience personnelle en multipliant les responsabilités. Or pendant toute la période des études, ne se borne-t-on pas trop souvent à dire au jeune homme : « Travaille bien pour préparer tes examens; maintenant pour le reste
» C'est à partir de ce moment-là, au contraire, qu'il faudrait lui donner le sentiment que ses parents partagent avec lui leurs propres responsabilités, y compris les responsabilités financières ; ne serait-ce que pour savoir ce que l'on aura à dépenser pour les vacances, et lui apprendre à se servir de l'argent, non pour s'amuser, mais pour assurer son entretien.
Il faudrait aussi parler avec lui des loisirs et lui confier le soin de préparer les distractions et les occupations familiales. N'y prendra-t-il pas plus de plaisir si, au lieu d'être entraîné ici ou là par papa et maman, c'est lui qui les emmène et peut leur dire « Venez voir ce que je suis capable de faire
ou : Voilà la belle excursion que j'ai préparée. »
Pour les filles, il est nécessaire d'envisager des responsabilités ménagères, et pour l'un et l'autre sexe, des responsabilités de commandement. C'est peut-être l'un des points les plus importants de la formation de l'adolescent. Mais il faut éviter qu'il exerce son autorité d'une manière tyrannique ou maladroite. Il y a aujourd'hui, heureusement, des oeuvres qui sont très conformes à la mentalité de l'adolescent, précisément parce qu'elles font appel à ce sentiment de la responsabilité personnelle.
Peut-être même convient-il parfois d'aller jusqu'à mettre l'adolescent en présence de responsabilités plutôt au-dessus de ses forces. Car il ne faut pas perdre de vue que sa confiance en lui n'est pas exempte de trouble, d'inquiétude, d'hésitation.
La grande science de l'éducateur, qu'on en soit bien persuadé, c'est d'amener l'enfant à étudier un problème donné et à chercher autour de lui les lumières dont il a besoin pour se diriger.
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