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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Soyons justes!

Sommes-nous justes dans l'éducation de nos enfants? C'est notre «devoir » d'être justes, car ils nous jugent sévèrement, dans la pureté de leur conscience, qui ignore encore tout compromis. Nous devons être justes; mais encore une fois le sommes-nous? Je vais vous signaler quelques cas où nous allons peut-être nous reconnaître, nous pourrons alors répondre à cette demande en connaissance de cause.

Je devais, l'autre jour, me rendre, pour une affaire dans une famille; avant d'entrer, j'entendis du dehors à travers la porte, la mère qui criait.

En entrant, j'aperçus, au milieu de la cuisine, la femme très en colère, qui grondait sa fillette; cette dernière, seule dans un coin, la tête baissée, mais les yeux levés, jetait un regard haineux sur sa mère tandis qu'un petit garçon, debout sur une chaise, appuyait tendrement le bras sur l'épaule de sa maman.

« Ecoutez-moi, Madame Boschetti, et dites-moi si je n'ai pas raison de crier. Cette enfant est mon souci. Si elle voulait, au moins, imiter son frère… Lui, non, il ne m'en donne point de soucis; il est bon comme du bon pain, mais cette enfant-là…! Ecoutez donc… » Et elle me débita une série de méfaits.

Eh! bien, non, ce n'était tout de même pas un motif pour tant crier. L'éducation est une affaire entre deux âmes (et ce genre d'affaire se traite en silence). Cette femme n'avait cependant pas complètement tort : sa fille se conduisait mal envers elle et le petit était un vrai petit trésor.

La nature lui avait donné un caractère équilibré, point indocile, facile à maîtriser, la fille avait d'autres instincts, qui n'étaient pas tous très bons. Et la maman réservait au fils les mots câlins et les soins tendres; tandis que pour la fille… Peut-être était-elle juste, mais ce n'était point une justice supérieure.

Cette femme était une de ces mères qui donnent tout à l'enfant privilégié et refusent tout à celui qui n'a rien…

Si elle avait suivi une autre voie? Si elle avait cessé d'établir des comparaisons entre ses deux enfants, si elle avait donné à sa fillette plus de confiance en elle-même, plus de confiance en sa maman, n'aurait-elle pas mieux réussi?

Un autre jour j'entrai dans une école. La jeune institutrice faisait rédiger à ses élèves une composition. Je crois que le sujet était « Quel métier ferai-je, quand je serai grand ?»

Pendant que les écoliers écrivaient et que je m'entretenais avec la jeune femme, on entendit un bruit: c'était un garçon qui avait laissé tomber par terre sa feuille, sa plume et son encrier. Cela ne devrait point arriver, j'en conviens, mais cela peut, tout de même, arriver à n'importe qui, à la suite d'un mouvement brusque. L'enfant rougit subitement, lança un regard à son institutrice, et cette dernière s'écria « Ah, c'est bien toi… en voilà une des tiennes. Viens chercher une seconde feuille et prends garde cette fois, mauvaise tête ! »

Ensuite se tournant vers moi, elle ajouta : « Ce garçon est mon cauchemar. Il ne comprend rien, ne sait rien faire posément. En voici un autre qui est tout le contraire…» et elle me signala un garçon qui s'approchait de nous. Elle posa la main sur son épaule, le regarda en souriant et lui dit : « As-tu fini? T'es-tu bien débrouillé comme d'habitude? » Elle jeta un coup d'oeil sur la composition, me la tendit, puis elle dit en souriant: «Bravo, oui tu as bien travaillé ». Pour ma part, je demandai, plus tard, à lire aussi la composition du garçon qui avait tout renversé, et qui était arrivé presque le dernier, maladroitement, comme quelqu'un qui se trouve mal à son aise; je dus même chercher sa feuille au-dessous du tas, où lui-même l'avait cachée.

L'institutrice avait parfaitement raison la composition de l'un était bien rédigée; celle de l'autre était… hélas ! quelle horreur!

Mais encore une fois l'un des deux garçons était le riche ayant reçu de la nature des dons superbes intelligence, conception vive, expression facile l'autre au contraire était l'enfant pauvre n'ayant reçu que très peu de dons.

Si cette institutrice avait suivi une autre voie? Si elle n'avait point fait de comparaison entre les deux élèves, si elle avait entouré de ses soins le déshérité, ne lui aurait-elle pas donné plus de confiance en soi?

Il est injuste de porter un jugement absolu sur un enfant. Parfois certains sujets retardés, si on leur inspire confiance, si on leur fait sentir qu'ils sont soutenus et aidés, finissent par donner des résultats aussi bons que leurs camarades intelligents.

Pourquoi donner à ceux qui possèdent déjà et refuser tout à ceux qui n'ont rien? C'est ainsi que les maux s'accumulent. Combien de mamans et de maîtresses d'école, ayant les meilleures intentions du monde et le désir le plus vif de bien faire, se font du mal à elles-mêmes, jusqu'au désespoir et font du mal à leurs petits.









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