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Recettes pour une épouse
Les jeunes mariés qui venaient d'entrer dans leur home, contemplaient côte à côte, à la fenêtre, le beau soir d'été qui s'éteignait. La paix des choses les avait rendus muets. Chacun suivait ses propres pensées.
Elle saisit soudain la main de son mari, et lui dit, dans sa manière chaude et cordiale : « Je voudrais tant pouvoir te montrer une bonne fois à quel point je t'aime. Dis-moi ce que je pourrais faire pour toi; mais là, quelque chose de très difficile ! »
Lui, souriant de ce sourire où se reflétaient son coeur d'or, et sa bonne humeur, répondit «Je sais bien une chose ; mais je crains qu'elle ne te paraisse trop ardue ».
« Mais non, mais non, s'écria-t-elle, je suis sûre que je pourrai le faire ! »
« Eh! bien, quand je rentrerai à la maison une fois mes courses faites, accueille-moi avec un visage aimable, même si le rôti est brûlé ; même si la soupe est trop salée, même si l'on a cassé un plat
parce qu'alors ces petits ennuis seront bien faciles à supporter. »
«Oh ! mais cela, dit-elle, ce n'est pas difficile, voyons ! Cela va tellement de soi!»
« Eh bien, essaie toujours! Tu m'en diras des nouvelles ! »
Elle promit.
Il avait raison: ce ne fut pas du tout facile. Cela comportait mille petits sacrifices, quand les contrariétés, les sujets d'amertume, semblaient se multiplier, aux jours de mal de tête et de lassitude. Mais elle lutta vaillamment. Quand le médecin rentrait de ses lourdes tournées: point de soupir, aucune plainte pour le recevoir, mais bien une figure souriante, un coeur compatissant et compréhensif.
Quel bienfait! Quel rafraîchissement pour l'homme harassé ! Il ne pouvait pas attendre de rentrer. La paix et le bonheur de la maison le reconstituaient.
Certes, sa femme ne lui cachait pas tout ce qui aurait pu lui être désagréable, mais elle ne l'accueillait jamais avec l'histoire de tous ses ennuis. Et c'était frappant de constater comment des «embêtements » à première vue considérables, se réduisaient à peu de chose quand on les considérait tranquillement, au lieu d'en faire un sujet de querelle entre époux.
Certes, ils eurent aussi de graves délibérations, celles entre autres, qui concernent l'éducation des enfants, mais ils s'accoutumèrent à choisir une heure bien paisible pour s'en entretenir.
Que celle qui aime son mari, et qui n'aurait jamais pensé à ce « petit sacrifice » essaie cette recette.
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