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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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La vie de l'Esprit

Les connaissances ne sont pas la religion, mais elles en constituent une base indispensable. Ce qu'on a appris étant enfant ne s'oublie plus. Les mots se gravent dans la mémoire, les faits dans l'esprit. Les années passent, la vie vous emporte, le doute vous éloigne, pour longtemps peut-être. Mais le jour où on revient, tout ce qui avait passé à l'arrière-plan de la conscience reprend vie. C'est une langue qu'on a déjà parlée, un pays qu'on a habité. Tout y est familier, et le divin message, merveilleusement nouveau pour l'âme enfin réveillée, a en même temps je ne sais quel parfum ancien, connu, aimé.

Ces notions, au moins durant les premières années, n'ont pas la sèche aridité de formules théoriques. Elles se donnent au travers de belles histoires. Rien n'est abstrait. Toute vérité prend corps. La foi? Voici Abraham, le roi-berger; il quitte, pour obéir à l'ordre divin, son pays et sa parenté, sans savoir où il ira. La prière, la rencontre avec Dieu ? Quel relief elle prend dans ce récit mystérieux de la lutte de Jacob, jusqu'au matin, avec le grand Inconnu à qui il finira par arracher son secret et sa bénédiction.

La charité s'incarne dans les traits du bon Samaritain, et le Sauveur, dans ceux du bon berger. Quelle définition de la royauté de Jésus vaudra l'histoire rutilante des rois mages? Quelle glorification de l'humilité vaudra le récit de la nuit de Noël ? La révélation entière pénètre ainsi dans les âmes neuves, toute vivante, par des représentations sensibles.

A partir d'un certain âge, les récits ne suffiront plus. Il faudra les interpréter. Il faudra s'adresser à la raison, à l'intelligence des jeunes gens, autant qu'à leur conscience et à leur coeur; leur proposer une théologie simple, robuste, qui, à elle seule, n'est pas la vie chrétienne, mais qui en constitue la charpente.

Rappelons-nous par ailleurs que notre enseignement ne pourra pas se borner à être positif. Il faudra détruire, réfuter aussi. L'atmosphère du siècle est imprégnée de cette pseudo-science d'autant plus dangereuse qu'il faut très peu de réflexion pour être séduit par elle, et beaucoup de sagesse et de savoir pour y répondre. Un gamin de huit ans rentre un jour tout fier de dire à ses parents : « Jésus n'a jamais existé, c'est tout des blagues, un savant l'a dit ».

Une de mes élèves, âgée de seize ans me déclare : « Dieu n'existe pas. Ma soeur qui est étudiante en médecine le sait!» Il faut que maîtres et parents soient au courant de ce qui se dit et s'écrit, il faut qu'ils aient quelques notions d'exégèse et de critique biblique. Peut-être n'en auraient-ils pas besoin pour eux-mêmes, car leur foi repose sur une expérience contre laquelle rien ne peut prévaloir. Mais il en ont besoin en tant qu'éducateurs. L'enfant doit avoir cette conviction : Papa, maman, ont réfléchi à cela; ils sont en état d'y répondre… A mesure qu'il grandira, on l'amènera à admettre qu'il n'y a pas d'évidence mathématique dans la vérité religieuse, et que la certitude en ce domaine est d'un autre ordre.

Il est une habitude qui, surtout si elle est prise dès l'enfance, devient instinctive, nous suit à travers la vie et peut transfigurer l'existence : l'habitude de s'endormir et de s'éveiller en Dieu. Les psychologues ont découvert ce que les pasteurs d'âmes savaient depuis beau temps : le rôle primordial du sommeil dans la formation de notre vie spirituelle, et l'importance qu'ont les idées ou images qui nous occupent durant cet état de demi-conscience qui le précède et le suit immédiatement. C'est alors qu'affleurent, des profondeurs de notre être, des forces ignorées, des instincts puissants, inquiétants quelquefois. Voilà le moment de charger ce subconscient de semences divines qui se transmettront de part en part et se déposeront lentement dans les couches profondes pour surgir à l'heure du besoin.

Puis viendra la prière proprement dite. Quel sera notre rôle? Faut-il guider? Faut-il laisser à l'enfant une initiative entière? Ce serait l'obliger à refaire, peut-être à ses dépens, le long chemin de l'humanité à la quête de Dieu.
La première notion à lui inculquer, c'est que prier, ce n'est pas d'abord et avant tout demander, mais faire le vide et le silence en soi pour que Dieu puisse entrer et parler.

C'est moins par des explications que par une atmosphère créée qu'on suggérera cet acte de recueillement: « Mettons-nous en présence de Dieu. Oublions les jeux et les leçons. Ne pensons plus qu'à Lui».

A la suite de cet effort de concentration, il faudra bien employer des mots. Lesquels? La difficulté c'est de laisser à la prière puérile toute sa spontanéité, et pourtant d'initier peu à peu la jeune âme à cette attitude filiale qui ne fait de la demande naïvement formulée, ni un marché, ni une mise en demeure de satisfaire n'importe quel caprice.

Jésus ne nous a pas laissé sans lumière sur ce délicat problème pédagogique. Un jour, ses disciples lui demandent : Apprends-nous à prier. Il ne leur fait pas une dissertation sur la prière. Il ne les renvoie pas non plus à vide. Il leur fait ce don ineffable: un modèle. Quand vous priez dites…

Sans doute, il les a mis en garde contre les vaines redites. Répéter des mots n'est rien. Mais si on y prête attention, si, en articulant ces mots on leur donne leur sens plein, il arrive comme l'a observé un penseur chrétien (1), qu'ils nous conduisent et fassent notre éducation. Seuls, nous n'aurions pas eu l'idée de prier ainsi. Peut-être même n'oserions-nous pas prononcer ces paroles si, par impossible, nous les avions inventées. Parler d'abord à Dieu de ses intérêts, de son nom, de son royaume, alors que nous avons le cour et l'esprit pleins de nous-mêmes? Mais les mots nous sont donnés. Par eux nous allons jusqu'à l'Esprit qui les a dictés. Ils nous façonnent progressivement. Nous répétons d'abord la prière par amour et par respect pour celui qui nous l'a apprise, et voici: nous arrivons à la faire nôtre.

Cela nous aide à comprendre comment procéder avec les petits. Nous nous garderons de réprimer leur confiance naïve. Nous les laisserons demander à Dieu de raccommoder la poupée cassée, de faire cesser la pluie, ou de les réveiller demain matin. Tout au plus y aura-t-il lieu d'intervenir doucement le jour où un écolier énoncera avec ferveur ce dernier voeu : "Et surtout ne me laisse pas oublier, demain, le coup de poing que je dois à . . . . . !" Mais s'il y a des jours où l'enfant vient à Dieu le cour plein de désirs, de regrets, de bonnes résolutions, il y en aura d'autres où, tout comme nous parfois, il se sentira vide, froid, indifférent. Sa prière "spontanée". ne sera, ce jour-là, qu'une vaine redite elle aussi: redite banale et pauvre forcément. Quelques mots appris, très simples, fragment de psaume ou de cantique, vaudront alors bien mieux.
Tout cela n'est pas difficile à saisir pour l'enfant élevé dans une atmosphère chrétienne.

Une atmosphère chrétienne. En définitive, tout est là. Il est bien difficile de parler d'éducation religieuse. La religion - disait un pasteur à propos de son cours de catéchumènes - c'est la vie divine se développant dans l'âme humaine.

Cette atmosphère se crée, sans doute au moyen de la Bible, de ses récits et de ses leçons. Mais elle s'exerce aussi, et plus encore, par une contagion mystérieuse qui communique une certitude antérieure même à toute réflexion, à toute croyance précise. Avant de « savoir en qui elle a cru » la jeune âme est imprégnée de foi et d'amour. Ceux qui ont eu le privilège d'appartenir à un milieu dans lequel la vie de l'Esprit -la vie sous l'action et l'autorité de l'Esprit saint - était la vie normale de tous les jours et de tout le jour, savent qu'il y a là une prédication qui devance les mots et qui est plus éloquente. C'est comme un univers dont on a respiré l'air avant de l'avoir exploré.

(1) Léopold Monod.









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