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Les jeux

Le jeu est le travail de l'enfant, son occupation sérieuse. C'est ainsi qu'il le considère lui-même, et c'est ainsi qu'il faut le comprendre pour lui. Tout petit, c'est en jouant qu'il entre en contact avec le monde extérieur. Plus tard, jouant avec d'autres enfants, il apprend, à ce coudoiement quelquefois brutal, où finit sa liberté, où commence celle des autres. Il s'y cuirasse pour le « struggle for life », mais acquiert aussi la notion de la solidarité, une des formes du patriotisme.

Le petit poupon qu'on laisse dans son berceau, libre de ses mouvements, apprend que ses bras et ses jambes sont bien à lui; peu à peu il se rend compte des distances, trouve le chemin de sa bouche pour y porter tout ce qu'il a pu saisir.

Vers l'âge de six mois, on peut asseoir l'enfant sur un tapis par terre. On met à sa portée quelque jouet, en bois ou en caoutchouc, sans couleur, qui ne puisse pas le blesser: il apprend ainsi à s'amuser tout seul, sans le secours obligé d'une grande personne; l'enfant y gagne en sagesse et en initiative.

Peu à peu, il commence à se déplacer à quatre-pattes ou sur son centre de gravité; il devient bientôt fort habile dans ces deux genres de sport, et la surveillance doit devenir plus attentive pour ne pas risquer de le trouver sous ses pas, très loin de l'endroit où on l'avait laissé quelques instants plus tôt. Cette surveillance ne doit plus se relâcher d'une seconde quand bébé s'essaye à ses premiers pas. Il s’accroche à tout ce qu'il trouve, tombe avec le fragile appui sur lequel il fondait tant d'espérances, se relève soutenir recommence infatigablement. On peut le soutenir sous les bras, lui avancer la chaise contre laquelle il se reposera un moment. Enfin, un beau jour, il marche tout seul! C'est le moment, mères, où vous pouvez compter sur la première bosse.

En plein air, comme à la maison, les jouets les plus simples sont ceux qui plaisent le mieux. Au lieu de leur donner de ces objets coûteux, qui intéressent surtout les grandes personnes, par l'ingéniosité de leur mécanisme ou leur cachet artistique, mieux vaut ne mettre à leur disposition que ces bons jeux de cubes qui feront des tours et des maisons, avant d'être le jeu de patience qu'on leur aidera à disposer.

Des boîtes en carton, des bobines dépouillées de leur fil sont des jouets recherchés, avec lesquels ils exercent leur jeune esprit inventif.

Très tôt le papier et le crayon sont pour eux les joujoux préférés. Peu à peu des griffonnages informes des premiers jours ressortent quelques traits voulus, manifestation de la pensée des petits dessinateurs.

Pour de longues années encore, les mamans feront bien de bannir tout ce qui ressemble à un commencement d'instruction. Pas de ces récitations de fables, qu'on fait de force pénétrer dans ces pauvres petits cerveaux, sans qu'ils puissent évidemment les comprendre. Il n'est pas davantage besoin d'apprendre ses lettres à un enfant qui n'a pas six ans.

Mais si les lettres sont dessinées sur un jouet en guise de décoration, l'enfant bientôt se familiarisera avec leurs différents contours. Peu à peu, et sur la demande de l'enfant, on peut lui en nommer une en passant. Plus tard, on pourra par exemple lui signaler la différence qui existe entre le B, qui a deux ventres, et le P qui n'en a qu'un, tout cela une fois par hasard, jamais sous forme de leçon.

En général, il vaut mieux éviter « d'inculquer » quoi que ce soit dans le malléable cerveau de l'enfant; mais, en revanche, se servir de cette malléabilité même.

Si autrefois la future maman s'efforçait de diriger sa pensée et son coeur vers les choses belles et pures, dans l'espoir que cette disposition pourrait avoir une influence sur le petit qu'elle portait en elle, combien maintenant elle a plus d'importance encore! Ces jeunes yeux avides de nous imiter sont toujours plus ou moins fixés sur nous, modèles pour eux parfaits qu'ils s'efforcent d'égaler.

A part les tendances héréditaires, avec lesquelles il faut compter, leur manière d'être s'efforce d'être le reflet de la nôtre. Et voilà une empreinte qui a des chances de ne pas s'effacer de sitôt. De ce qui sera photographié en leur jeune âme peut dépendre en grande partie leur avenir moral.

De même dans leurs jeux; si nous ne voulons rien leur «enseigner», du moins nous pouvons favoriser cette tendance qu'ils ont à emmagasiner toutes sortes de notions. Il dépend de nous qu'ils ne ramassent que du bon grain. A chacune de leurs questions, répondons d'une façon simplifiée, mais vraie. Pourquoi encombrer leurs jeunes imaginations de contes qui peuvent plaire aux grandes personnes par le charme de leur style, mais dont la morale est souvent douteuse et la fiction presque toujours effrayante? Et il y a cependant de si jolies histoires à leur raconter sur le chien de berger, sur le soleil, sur le moineau. A la campagne, les sujets sont innombrables; à la ville aussi, combien de choses on peut raconter sur la vie familiale, l'histoire, les monuments.

Mais c'est encore en jouant seuls qu'ils s'instruiront le mieux. Laissons-leur le plus d'initiative possible quand ils construisent une maison en cubes, quand ils s'efforcent de dessiner un soldat, un toutou, ou le portrait de maman.

Surtout gardons-nous de rire de leur maladresse, de leur naïveté, ou de montrer trop d'admiration. S'il ne faut pas les humilier, il ne faut pas davantage, en les louant trop, faire de nos enfants de petits poseurs, qui s'efforcent de nous faire rire, ou croient vraiment qu'ils ont fait quelque chose d'admirable.

Approuvons simplement, pour encourager leur activité, et sans condescendance.

De cette façon, au lieu d'avoir fatigué leur jeune intelligence par des bribes de notre science d'adulte, nous serons étonnés de voir combien ils auront emmagasiné de notions justes sur les distances, les couleurs, l'équilibre, la perspective même, lorsque, arrivés vers six ans, ils seront les premiers à vous demander d'apprendre à relier entre elles les lettres le l'alphabet que, sans que nous nous en doutions, ils reconnaissent toutes.
Ainsi, dans les toutes premières années, le jeu, occupation sérieuse, est un acheminement vers l'étude, en attendant qu'il en soit le délassement, le correctif.









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