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Quelques réflexions sur la jalousie

La jalousie crée des troubles graves dont il est parfois difficile de déceler l'origine. Si ces troubles sont visibles, on y remédie sans trop de peine ; mais il en est de cachés qui, à notre insu, pèsent lourdement sur nos vies. Nous allons étudier une des causes les plus fréquentes de la jalousie, et quelle place cette dernière occupe chez nos enfants.

Tout d'abord, il nous faut essayer de comprendre, qu'à côté de la vie consciente, dont nous sommes plus ou moins maître, nous avons tous une vie inconsciente. Son rôle est très important. C'est elle qui est la cause de toutes sortes d'actes manqués : lettre ennuyeuse que nous avons écrite avec peine, et qui obstinément reste dans notre sac à main, malgré notre décision de la mettre à la poste; oublis de rendez-vous, trains manqués, et tant d'autres choses. Malheureusement cette vie inconsciente nous pousse aussi à des actes, parfois graves, souvent regrettables, et nous empêche d'approcher l'idéal recherché par chacun de nous. Cet «inconscient » est très fortement marqué pendant la petite enfance, et la plupart des causes de la jalousie datent de cette époque.

Mettons-nous dans la situation d'un tout jeune enfant: sa mère est la grande dispensatrice de bonheur. Elle lui donne ce qui est nécessaire à sa vie la nourriture et le vêtement. Elle éloigne de lui tous les désagréments : linges mouillés, lumières vives ou bruits trop violents. C'est elle encore qui lui révèle les beautés de la vie par ses chansons et en le rendant sensible aux belles couleurs, aux fleurs, aux formes harmonieuses. En un mot elle est son univers. Et comme l'homme a longtemps cru que la terre était le centre du monde, le tout petit se croit le centre de tous ceux qui vivent autour de lui. Ce n'est pas sans difficultés que, l'enfant grandissant, nous pourrons, peu à peu, l'incorporer à la vie sociale, en le rendant conscient de sa vraie place dans la famille et dans la société.

Bien souvent, la naissance d'un cadet perturbe cette évolution: une maman attend un nouvel enfant. Toute la famille se réjouit, et la mère particulièrement, en femme heureuse de créer une vie nouvelle. L'enfant qui va naître devient pour elle, dans la plupart des cas, une préoccupation joyeuse. Elle le sent, elle le voit déjà tout petit, puis courant et jouant. Quelle est son attitude avec l'aîné? Peut-être ne lui dit-elle rien, le jugeant trop petit ou voulant lui faire une surprise. Brusquement il doit accepter le fait accompli. Il se sent alors détrôné et manifeste, peut-être immédiatement une violente jalousie, ou bien, repoussée dans la partie inconsciente de son être cette jalousie trouvera plus tard une autre issue souvent bien inattendue. La mère peut être plus clairvoyante elle essaie de partager sa joie avec son enfant. Trop fréquemment, elle projette, sur l'aîné qui l'écoute, ses propres sentiments et son bonheur de maman. Elle ne réalise pas que le petit bonhomme, ou même l'enfant déjà relativement grand est incapable de la comprendre, et qu'il transpose dans son univers à lui les tendres projets de sa maman. Ce bébé sera nécessairement sa chose. C'est pour lui qu'il est créé, pour sa joie et pour ses jeux. Le bébé là, il l'aime, il l’ « adore » même comme disent si souvent les mamans. Il reste en contemplation devant lui, admire ses petites mains, ses gestes et ses sourires. La maman, en qui il a toute confiance lui a dit: « Tu l'aimeras »; comment pourrait-il faire autrement? Et cependant, au fond de lui-même, il entasse des regrets, de l'envie, de la haine même, quelque incroyable que cela puisse paraître.

« Ce bébé dont on m'avait promis tant de joie prend ma place. Maman le tient sur ses genoux, lui donne à manger, le baigne. Il a pris mon berceau, ma voiture, ma chaise.» Peut-être même peut-il dire, il a pris ma place dans la chambre à coucher de mes parents, il m'en a chassé. Le plus grand a donc des raisons de se croire fortement lésé et surtout moins aimé. Ces sentiments de haine sont aussi vrais que les marques d'affection manifestées. Mais ils sont si éloignés de ce que l'enfant attend de lui-même, qu'il les repousse, les refoule dans son inconscient.

Cette jalousie si bien enfouie se manifeste de bien des façons, parfois immédiatement, souvent beaucoup plus tard : l'enfant change de caractère, il est de mauvaise humeur, renfermé ou batailleur. Telle fillette, devant laquelle on avait inconsidérément loué et admiré sa petite soeur, était si persuadée de son infériorité, que pendant des années, elle n'avait aucune confiance en elle. Il lui a fallu un temps considérable et une grande dépense d'énergie pour vaincre une timidité qui l'handicapait terriblement. D'autres enfants, qui n'osent pas être cruels avec leurs petits frères ou soeurs, le deviennent avec les animaux. D'autres encore recommencent à mouiller leur lit ou leur culotte, pour ressembler au bébé qui, croient-ils injustement, a pris leur place. Plus tard, pour la même raison, ils n'arrivent pas à apprendre à lire et se créent des difficultés scolaires ou sociales. Un garçonnet de huit ans qui avait appris normalement à lire et à écrire ne fait plus aucun progrès. Au contraire il régresse. Bientôt il a oublié toutes ses lettres. En même temps il mouille son lit et salit ses culottes. Les parents, très inquiets, demandent l'avis d' un spécialiste auquel l'enfant est confié une heure par jour. Après quelques mois le garçon est guéri. Il avait eu à 7 ans une petite soeur. La mère, qui la nourrissait, s'en occupait beaucoup plus que des trois aînés, confiés à une bonne d'enfant depuis plusieurs années. Dans son immense désir d'avoir aussi les soins de sa mère, le garçonnet, inconsciemment, cherchait à ressembler au bébé dont il était jaloux. Les efforts faits pour rendre peu à peu l'enfant conscient de son état et la modification de l'attitude de la mère, rendue attentive aux causes du désastre, suffirent à le guérir complètement.

Enfin, et ceci est une conséquence grave et malheureusement fréquente de la jalousie inconsciente, l'enfant devient voleur. Il a un intense besoin d'amour et s'en croit sevré. Pour remplacer ce qu'il craint que sa mère ou d'autres êtres chers ne lui donnent plus, il prend des objets leur appartenant. Il vole des sucreries, et pourtant il n'en est pas privé ; il prend des crayons, du papier, des babioles qui lui sont inutiles, ou de l'argent dont il ne fera même pas toujours usage. Ce faisant il a l'impression de compenser un peu le manque d'affection et d'attention dont il pense souffrir. La plupart d'entre nous ignorent la cause profonde de tant de vols enfantins. Nous réagissons alors au rebours du bon sens en menaçant l'enfant de ne plus l'aimer à cause de son défaut, ou en nous éloignant de lui, parce que le vol nous fait horreur. Nous ne faisons alors qu'enfoncer de plus en plus le pauvre petit dans son malheur. Une fillette de 14 ans avait volé tout au long des années de l'argent à ses parents et à ses grands-parents. Elle avait amassé une grosse somme dans une boîte sans que quiconque s'en doute. Elle était extraordinairement renfermée, ce qui incita les parents à la faire soigner. Elle finit par avouer à la personne qui s'occupait d'elle qu'il y avait des moments où le besoin de voler quelque chose devenait si violent qu'elle en était très malheureuse. Aussitôt le larcin accompli, elle était heureuse et soulagée d'un grand poids. Cette fillette cadette de famille avait eu un petit frère à l'âge de 10 ans. Quand elle eut bien saisi qu'il était compréhensible qu'elle n'ait pas uniquement des sentiments d'amour pour son petit frère, et surtout que sa mère l'aimait aussi tendrement qu'avant la naissance de celui-ci, son besoin de voler disparut entièrement Son attitude, parfois très brusque à l'égard du bébé, devint tout à fait normale.

Il serait trop long de chercher les répercussions de la jalousie chez les adultes. Citons-en cependant une, parce que très frappante et malheureusement fréquente. Pourquoi si souvent, lors d'un partage, après la mort de parents très aimés, les enfants, tous hommes et femmes pleins d'affection les uns pour les autres et vivant en bonne harmonie se disputent-ils et parfois se brouillent-ils pour des vétilles. N'est-ce pas leur jalousie enfantine refoulée qui, profitant de l'émotion provoquée par le décès récent, trouve l'être conscient moins vigilant, et peut alors se manifester?

Comment éviter tout cela? En montrant à l'enfant qu'on sait à quels déchirements il est ou sera soumis et surtout en lui faisant bien sentir que l'amour « est » et ne se partage pas. « Chacun en a sa part et tous l'ont tout entier. » (Victor Hugo). A chaque nouvel enfant, pour chaque nouvelle tâche, la mère, la femme ne reçoit-elle pas une nouvelle capacité d'amour qui s'ajoute à celles qui existaient déjà? Mais pour que l'enfant le saisisse, il faut que la mère ne se laisse pas entièrement absorber par l'intérêt que ces changements apportent dans sa vie. Cela n'est pas toujours facile.

Si l'erreur est déjà commise on peut la réparer. Il faut pour commencer manifester à l'enfant beaucoup d'amour, sans pour cela renoncer toutes sanctions. Chaque enfant doit sentir que malgré tout il est aimé, et aimé autant que les autres. Peu à peu, il se guérit, le motif inconscient qui le pousse à agir ayant disparu. C'est une oeuvre de patience et de longue haleine. Les rechutes sont fréquentes et les progrès lents. Parfois, dans des cas graves, les parents ont besoin d'aide. Mais toujours, une meilleure compréhension de la situation et des besoins inconscients des enfants suffit à beaucoup améliorer leur caractère et à les rendre plus heureux.









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