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La vie d'une école (Réflexions d'un instituteur suisse)

Former, pour la famille et le pays, des hommes droits qui sachent placer l'intérêt d'une collectivité au-dessus de l'intérêt particulier, qui puissent juger des choses personnelles, familiales ou publiques en vertu de quelques critères sérieux, contribuer à la formation de ces hommes, telle est la tâche de l'éducateur.

Rappelons d'abord que l'âme de l'enfant n'appartient ni à l'école, ni à l'église, ni à l'état. Son âme est à Dieu. Ce n'est donc pas moi, éducateur, qui suis son maître. Son maître, c'est Dieu. Je ne suis qu'un conducteur.

Ce « vir bonus » que nous voulons former doit avoir un esprit de sacrifice et de renoncement, de l'amour pour les autres et se plier à une discipline. Ces choses ne sont pas naturelles à l'homme, elles sont au-dessus de lui.

Ce n'est donc pas en lui que l'enfant peut trouver la force d'y atteindre. Ces choses, il les admire, et finalement les désire. Mais dès qu'il s'applique à les réaliser et que l'éducateur le pousse à la «mise en oeuvre», notre futur citoyen fait une constatation humiliante et salutaire à la fois, celle de sa faiblesse.

Un jour, tandis que j'écrivais au tableau noir, un poing sonne sur une table. A mon interrogation muette, un élève m'explique : « C'est Albert, il est en colère parce qu'il ne peut se tenir tranquille. »

Sous cette forme ou sous une autre, on en arrive là. L'explication d'une défaillance, c'est : je n'ai pas pu, je n'ai pas pensé, je n'ai pas eu la force; plus rarement, je n'ai pas osé! Et quand j'observe un enfant pris en faute, son regard levé sur le mien est un regard de dépit et de regret.

Faiblesse humaine tôt reconnue, incapacité pat soi-même de faire le bien.

Il faut élever cet enfant, et bien que les cas soient rares où l'on voit germer la graine, il n'est pas nécessaire de réussir pour persévérer. Ceci n'est pas un travail en série. Des enfants à l'âme sensible, à la conscience éveillée, connaissent très vite la joie de vivre. Mais d'autres, à la conscience faussée, chargés d'hérédité maligne, prisonniers d'habitudes mauvaises, demandent des soins patients et délicats. Ils deviennent souvent, ceux qu'on appelle trop facilement «voyous», mauvais sujets, fortes têtes. Et pourtant ils ont aussi reçu la possibilité de bien faire : un tempérament ardent, de l'initiative, de la fierté, un coeur très sensible - trop peut-être - de la suite dans les idées.

Je vois toujours le type de l'insoumis et du fanfaron, appuyé au mur du collège, le menton sur la poitrine, incapable de digérer une mauvaise note de conduite hebdomadaire, et, à mon interrogation, laissant échapper deux grosses larmes, lui le «costaud » de la bande.

Vous eussiez dû le voir, les jours suivants, acharné à son travail, immobile et muet, c'était magnifique.

Faire connaître Dieu pour qu'il soit aimé et servi c'est la première tâche de l'éducateur.

La seconde sera celle que nous donne le 2me commandement: « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »

Il est beau et rassurant de voir des enfants retenir l'éclat de leur rire quand un camarade se trompe grossièrement; entourer à la récréation celui que, pendant la leçon, il a fallu mettre en face de ses torts, les forts encourager les faibles; chacun participer au chagrin des autres.

Cet âge, naturellement sans pitié, est aussi celui où les enfants apprennent à penser aux autres; à visiter le camarade que la maladie retient au lit, aider celui qui est chargé d'un travail long et ennuyeux ou l'accompagner quand la nuit approche.

Mais s'il est, par exemple, recommandé de travailler en chantant, s'il est logique de traîner sa table loin du soleil ou du fourneau selon le moment, de se promener en cherchant la solution d'un problème, l'homme de demain doit apprendre, dès l'enfance, que des actions indifférentes voire même utiles en elles-mêmes, sont inadmissibles dans la vie en société et qu'il est des droits auxquels il faut savoir renoncer, car l'oubli des autres est un manquement au devoir. Ce n'est pas quand on dose son effort que tout va bien, c'est quand on se donne.

La « tenue de la classe », comme son travail, dépendent de la tenue et du travail de chacun. Ceux qui travaillent et se conduisent bien doivent aider et encourager les autres. Les enfants ont à partager leurs connaissances, leurs expériences, leurs caramels et leur pomme, une joie que beaucoup d'hommes n'ont pas.

Le jeu autant que le travail, enseigne que la faute ou l'effort d'un seul ou de chacun change le résultat final. A l'école, celui qui est peu doué intellectuellement est parfois le meilleur joueur sur le terrain et inversement. La vie en société appelle la collaboration des intellectuels et des manuels, de ceux qui savent vaincre les obstacles et de ceux qui peuvent les renverser. Le jeu montre aussi, et cela est bon en dehors de l'école également, que même dans le plaisir et le délassement, il faut observer des règles et une discipline. L'école, par la formation de la personne et le développement des vertus sociales, cherche à accomplir l'ouvre qu'on lui a confiée.

Il faudrait parler encore de l'instruction et de l'éducation civiques qui cherchent à faire naître chez les « grands » l'intérêt pour la vie publique contre la tendance courante à intéresser le pays à soi-même, éducation qui enseigne à « donner » au pays plutôt qu'à soutirer de lui tout ce qu'on peut, qui montre, à côté de ce que le pays demande, tout ce qu'il a déjà donné et donne encore à ses enfants.

L'enfant comprend mieux que l'homme ce qu'il doit « donner ». Sa conscience, que les sophismes n'ont pas trompée, son coeur plus sensible et son âme plus fraîche sont ouverts aux sentiments nobles, au devoir d'amour et aux forces spirituelles. Et l'on peut dire qu'il aime son pays, souvent mieux que l'homme, bien qu'il n'en parle jamais. Je cite à l'appui la rage et le dégoût des jeunes au spectacle des «combinaisons» de la politique et de la corruption dans les affaires publiques.

La tâche de l'éducateur ne cesse pas quand les élèves ont terminé leurs classes. Dix élèves le quittent, six nouveaux arrivent, ce n'est pas quatre de moins c'est six de plus. Le maître continue à les suivre. Adolescents, jeunes époux, pères et mères, il les rencontrera sur sa route, il sera leur prochain et fera pour eux la chose la plus nécessaire : les aimer. Car l'amour seul peut les toucher, et seul celui, qui malgré tout ce qui peut arriver, les aime encore peut leur être utile…

Telle est la tâche de l'éducation à côté de celle de l'instruction qu'on ne doit ni négliger, ni mépriser. Tâche énorme qu'il faut voir dans son ensemble et accomplir en détail, bribe par bribe, jour après jour en se confiant en Dieu.

« Qui est suffisant pour ces choses? »

Je suis au pied d'un grand escalier; là-haut, le but à atteindre et me voici, petit homme, sur la première marche. Que Dieu me donne son secours et qu'Il l'accorde aux éducateurs, dans ce pays.









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