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La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Petits et grands

«Mais, qu'as-tu donc, mon chéri? Souffres-tu mon Charlot ?» ... Et la mère se penche avec une tendre sollicitude sur le petit lit, où un bébé de deux ans se démène en poussant des cris perçants. Charles secoue la tête et crie de plus belle.

«As-tu faim ? Veux-tu du lait ?» continue la mère anxieuse de découvrir la cause de ce désespoir. «T'a-t-on fait du mal, pauvre chéri ?» Charles continue à secouer violemment la tête. Les questions maternelles semblent aggraver les choses, car sa petite figure devient pourpre. Il ne crie plus, il hurle.

«Mon amour, s'écrie la mère pleine d'angoisse, que veux-tu donc ?» «Seulement crier, seulement crier!» répond l'enfant, et, dans un redoublement de colère, il fait aller bras et jambes.

Oui, voilà bien les enfants: ils crient pour le plaisir de crier! Ainsi disons-nous, nous autres «grands» et nous le disons avec dédain, oubliant que cette sottise d'enfant se retrouve chez plus d'un adulte.

Tu ne le crois pas, chère lectrice, mais regarde autour de toi, si ce n'est en toi-même, regardel Voilà Madame X; elle gronde, crie et critique à tout propos et hors de propos. Il semble que c'est plus fort qu'elle. Quand tu lui demandes ce qui ne va pas, ce qui lui manque ou ce qu'elle désire, elle devrait, pour être dans le vrai, te répondre: Seulement crier, seulement crier!

Elle est fort désagréable, dis-tu. Oui, certes; mais elle est à plaindre aussi. Car à ces explosions de mécontentement il pourrait y avoir une cause secrète, et cette cause secrète pourrait bien s'appeler un coeur malade. Elle est malheureuse, Madame X. Viens-lui donc en aide, si tu le peux, pour lui faire trouver la racine du mal. Il y a peutêtre de l'orgueil, de l'amour du moi, une idée exagérée de ses propres mérites, d'où découle l'amertume à la pensée de n'être pas assez appréciée, d'être même mise de côté.

Mais l'homme naturel se refuse à reconnaître ses torts, cela lui est par trop pénible et il préfère, plutôt que de Ies confesser, continuer à accuser Dieu et les hommes.

«Mais crie donc pour l'avoir!» dit la petite Laure à sa mère, qu'elle voit de mauvaise humeur grâce à un désir non satisfait. La petite Laure a fait l'expérience qu'en criant on peut obtenir bien des choses... N'a-t-elle pas, à force de cris, reçus hier la pomme qu'elle ne devait pas avoir parce qu'elle lui était nuisible ?

C'est si déraisonnable les enfants! Oui, vraiment, les petits comme les grands. Ou bien ne connaîtrais-tu personne qui, avec une insistance passionnée, un véritable entêtement, eût prié pour des choses qui lui ont tourné en malédiction. «Crie donc pour l'avoir! » dit l'enfant déraisonnable. Toi, ne suis pas ce conseil.. Ce n'est déjà pas une bien bonne chose que d'insister auprès des hommes pour leur arracher ce qu'ils n'ont pas envie de donner. Combien moins quand il s'agit de Dieu, qui, beaucoup mieux que toi, sait ce que ton coeur désire et qui te le donnera en son temps, si c'est pour ton bien. Sache attendre!

Attendre ? mais l'attente est si difficile! Que de soupirs elle fait pousser aux grands et aux petits enfants !

Voilà, par exemple le petit Ernest. On lui a dit: «Aujourd'hui il y aura du monde à dîner, alors tu ne dois rien demander à table.» Ernest est un enfant sage. Au repas il ne dit pas un mot et reçoit une portion de tout. Mais au plat sucré, dans la préoccupation de bien servir les hôtes, voilà qu'on l'oublie, le pauvre petit! Son assiette reste vide, et cela doit pourtant être si bon, tous le disent et on les sert même pour la seconde fois! Oh! c'en est trop! Il lui semble que son coeur va se briser, et il éclate en sanglots

Qui pourrait le lui reprocher ?

Tôt ou tard nous aurons aussi, nous autres grands, à souffrir sous une forme ou une autre de ces oublis si humains avec lesquels il nous faut apprendre à compter au lieu de nous en affliger ou de nous en indigner.

Les retards de Dieu ne sont jamais des oublis, mais sont un effet de sa sagesse. Il comprend les soupirs de ton coeur, même quand ta bouche reste muette. Essaie à ton tour de comprendre son silence. Il se tait, mais il pense à toi.

Tu te demandes pourquoi il te fait attendre toi, particulièrement, si longtemps avant de t'accorder le désir de ton coeur. Je n'en sais rien. Peut-être y a-t-il en toi trop de la nature volontaire du petit Charles. Peut-être ton but est-il erroné ou bien cherches-tu à l'atteindre par de mauvais moyens. Peut-être même te complais-tu encore dans des voies qui ne sont pas droites. Qui sait combien grande est la paix que Dieu déjà tient en réserve pour toi, pour le moment où tu auras appris à être un enfant docile?

La petite Marguerite rentre en courant à la maison et se précipite vers sa tante: «Oh ! Tante, gémit-elle, je suis tombée dans la rue sur des pierres horriblement pointues !» et les larmes commencent à couler...

«Alors tu as horriblement crié, je me figure cela ?» dit la tante moitié grondeuse, moitié compatissante. «Bien sûr que non, réplique Marguerite presque avec dédain, personne n'était là pour m'entendre!»

Comment, pense-t-elle, Tante peut-elle poser une pareille question ! A quoi bon pleurer quand il n'y a personne là pour la plaindre, la caresser, lui promettre des bonbons et admirer son courage ? Pour se voir ainsi entourée par ses tantes, devenir le centre de cette situation intéressante, être traitée en petite héroïne, Margot a plus d'une fois pleuré encore quelques larmes par dessus le marché! Mais quand personne n'est présent, que la douleur n'est pas très vive et que les larmes ne viennent pas d'elles-mêmes, pourquoi pleurerait-elle ?

«Voilà bien les enfants!» répétez-vous. Les enfants, oui, mais sont-ce seulement les petits ? N'y a-t-il pas au delà de l'enfance encore bien des larmes peu réelles ? Larmes de vanité, parce qu'on aime à être remarqué; larmes d'entêtement, d'exagération, dans un but égoïste; larmes sentimentales, qui remplissent celui qui les répand d'admiration pour son propre coeur, si tendre et si sensible! Fausses larmes qui ne jaillissent pas de la souffrance, mais qui appellent des témoins!

On verrait moins de pleurs, on verrait moins de mines dolentes, s'il ne se cachait dans plus d'un grand enfant la nature de la petite Margot. Pour bien des petites Margot adultes ce n'est que dans la dure école de la souffrance, sous la rude étreinte de la vie que ce jeu avec les sentiments a passé. C'est quand la véritable douleur est venue qu'elles ont oublié de regarder si quelqu'un les voyait et s'il valait la peine de pleurer. La vraie souffrance leur a appris à répandre leurs larmes en secret, larmes vraies, celles que Dieu compte. Dieu ne compte que celles-là.

Oui, nous autres grands enfants nous taisons trop souvent comme les petits, nous révélons trop nos souffrances et nos difficultés, nos expériences intimes, quand elles ne
regardent que nous-mêmes et Dieu.

Ne fais pas ainsi! quand Dieu t'envoie l'épreuve, la douleur qui déchire le coeur, n'en parle pas d'abord aux autres, mais poursuis ton chemin, celui du silence avec ton Dieu! Chaque douleur qui remue le fond de ton âme est un messager céleste qui veut te faire sortir du tumulte de la vie, des bavardages de la foule, pour que tu puisses entendre le grand: « Ephphata» (ouvre-toi!) que Dieu adresse à ton âme. Tu le sais, c'est pour que ton âme soit épurée, clarifiée, que Dieu permet la souffrance. A toi de reconnaître la bénédiction qui est contenue comme un germe dans chaque épreuve. Mais ce germe ne se développe pas sous les yeux de la foule, ni dans les distractions que recommande une sympathie malentendue. Tout cela l'étouffe. Dieu te destine à être une âme forte et vaillante, un coeur tranquille qui reconnaît la main de Dieu dans l'épreuve infligée et qui est sûre de la bénédiction qu'elle renferme; un coeur qui sait aussi apprécier la consolation d'un ami et la sympathie vraie qu'on lui offre. Et quand ta douleur se sera apaisée, quand tes larmes commenceront à sécher, quand l'excès de la souffrance se sera calmée ou que l'épreuve aura été enlevée, que feras-tu ?

Mon amie, cela m'étonnerait si cela ne te conduisait pas à faire comme le cher petit Paul que je connais.

Pendant bien des jours et de longues nuits le pauvre enfant a passé par des souffrances terribles. Sans qu'il le sût ou le voulût de grosses larmes coulaient souvent le long de ses joues. Maintenant c'est fini, il repose épuisé dans son petit lit et le sommeil bienfaisant l'attend. Mais petit Paul ne peut s'endormir, il ne le veut pas non plus. Et sa maman dort déjà! mais elle oublie quelque chose! cela ne peut pas aller ainsi !

«Maman chérie!» appelle-t-il en la réveillant. «Souffres-tu de nouveau, mon enfant ?» dit-elle en tressautant.

«Non maman, mais viens donc vite !» et il met sa bouche à son oreille et murmure:

«Chère maman, j'y pense justement: quand j'avais ces terribles douleurs nous avons si, si souvent importuné le bon Dieu, ne penses-tu pas que nous devrions lui dire tout de suite que cela va mieux et que nous l'en remercions à présent tellement?»









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