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Obéir

La peur du gendarme n'est pas le commencement de la sagesse.

Obéir, voilà un mot bien court et qui pourtant crée bien des tourments. Voilà un acte bien beau et qui souvent est à la base de biens des lâchetés. Pourquoi?

Que veut dire obéir? « se soumettre aux ordres de… » dit le dictionnaire.
Nous tous devons dans notre vie nous soumettre aux ordres de quelqu'un ou de quelque chose : patron, supérieur, morale, idéal, Dieu. C'est l'esprit dans lequel cette soumission est accomplie qui fait que l'acte d'obéissance est ou noble ou vil ; et ce sont les difficultés rencontrées dans l'enseignement de l'obéissance qui font le tourment de tant de parents.

La vraie obéissance est volontaire, elle a été librement consentie : elle n'est jamais le résultat de la crainte ou d'une sanction. Toute obéissance obtenue par contrainte est mauvaise. Elle engendre nécessairement de l'agressivité qui éclatera à un moment ou à un autre, ou encore des refoulements dont les suites seront plus néfastes. Elle finit très souvent par créer des êtres sans volonté, veules devant la vie, et manquant de courage individuel et de personnalité.

J'ai devant les yeux le visage rayonnant d'une maîtresse d'école qui disait : Je suis si heureuse, mes enfants obéissent tous joyeusement. Maintenant je peux compter sur eux. Ils n'obéissent plus seulement parce qu'ils ont peur.

L'admirable éducatrice dont je parle n'use jamais de contrainte, c'est donc à la maison que quelques uns de ses élèves avaient pris l'habitude de n'obéir que par crainte du châtiment.

Comment donc devons-nous faire pour donner à nos enfants le sens de la vraie obéissance; s'il ne faut pas user de contrainte, s'il ne faut pas les punir, comment agir?

Il est très important de commencer quand ils sont tous petits. Les trop nombreux parents qui attendent que leurs enfants aient quatre ou cinq ans, voire neuf ou dix ans, pour exiger d'eux l'obéissance, ont manqué le coche. Ils devront se fatiguer et monter de rudes pentes pour atteindre le but.

Mais, direz-vous, comment apprendre aux tout petits à obéir puisqu'on ne doit pas les punir? Ils ne comprennent pas les explications. Certes, ils ne les comprennent pas. Elle sont en général inutiles.

Nous avons un autre moyen d'agir sur l'enfant, moyen auquel il est très sensible déjà à deux ans : Il faut lui faire supporter les conséquences logiques de sa désobéissance. Je sais une jeune femme dont le fils aîné, deux ans, était exceptionnellement nerveux et volontaire. Un après-midi, alors qu'elle l'habillait, le petit Marc s'empare de ses souliers et les jette à l'autre bout de la chambre. Elle termine de vêtir l'enfant, puis lui dit: - « Marc, va chercher tes sandales s'il te plaît » - Non, veux pas.
- Mais oui, va vite les chercher. Si non tu resteras nu-pieds et tu ne pourras pas venir au jardin.
- Non, et Marc prend son petit visage fermé.
- Alors c'est bien dommage, moi je vais au jardin. Quand tu voudras sortir, tu iras chercher tes sandales, tu appelleras, et je viendrai t'aider à les mettre.

Et maman sort. Aussitôt elle se rappelle avoir laissé ouverte la fenêtre très basse de la chambre. Marc risque d'y grimper. Que faire ? Rentrer et fermer la fenêtre, c'est impossible, elle a dit qu'elle reviendrait quand les souliers seraient ramassés. Tant pis, elle va surveiller par le trou de la serrure. Marc chantonne. Il n'a pas du tout l'air, le coquin, de trouver le temps aussi long que maman. Une demi-heure passe. Heureusement que le petit frère a mangé et qu'il ne risque rien au jardin dans son moïse. Quand à la lessive qui est sensée bouillir… et bien tant pis le feu s'éteindra faute de bûche; ce ne sera qu'un retard. L'important pour l'instant c'est que Marc comprenne.

Au bout d'une heure et demie, probablement parce que l'heure du goûter approche, Marc éprouve le désir de sortir de sa prison. Il va chercher ses sandales et appelle.

Quand maman entre, tout naturellement il dit : « Si plait, aide ». Maman, sans faire une remarque, chausse son fils et joyeusement ils s'en vont tous deux au jardin.

Que de temps perdu dites-vous. Cela n'est qu'apparent. Marc commence à comprendre que si maman demande quelque chose, ce n'est pas pour l'ennuyer, mais parce qu'il s'en trouvera bien. Après quelques expériences du même genre, rarement aussi astreignantes pour la mère, heureusement, il comprendra qu'obéir est un bien. Il se mettra à le faire « joyeusement ».

Faisons attention, nous les parents, de ne pas répéter un grand nombre de fois les mêmes ordres. Si nous disons quatre ou cinq fois à un enfant de manger sa soupe, s'il est intelligent il ne s'y mettra vraiment qu'à la cinquième fois. Si après le lui avoir dit une fois, à la rigueur deux, on le laisse faire, il sera en retard, et si de ce fait il est privé de viande, de légume ou de dessert parce que le plat est vide, ou emporté avant qu'il en soit là, quel mal y a-t-il? Aucun. Il se rattrapera au repas suivant. Après quelques expériences, il obéira. Nous trouverons toutes dans notre vie des quantités d'occasions d'agir sur nos enfants de la sorte, si nous voulons bien les voir. Malheureusement très souvent nous ne voulons pas faire cet effort pour plusieurs raisons :

C'est tellement plus commode pour nous de donner une taloche, il n'y a pas besoin de réfléchir avant. Et surtout nous pensons perdre notre temps. Nous ne regardons que le moment présent, sans nous rendre compte que ce précieux temps nous le retrouverons quintuplé en ayant des enfants obéissants et sur lesquels nous pouvons compter.

Quand les enfants grandissent, avant d'obéir ils demandent parfois des explications. Ne les renvoyons pas brusquement. Ils ont peut-être mal compris la raison de l'ordre donné, ou bien, et cela arrive plus souvent qu'on ne le pense, les parents ont agi en tyran.

Et voilà une des grandes causes de la désobéissance : l'attitude des parents. Comment voulez-vous qu'un enfant obéisse si les ordres sont donnés puis repris sans raisons apparentes, ou s'ils tombent sur lui en succession si rapide qu'il ne peut se reprendre, réfléchir, vivre en un mot sa vie à lui?

Comment voulez-vous qu'un enfant obéisse si les parents eux désobéissent aux lois, se vantent d'avoir enfreint tel ordre ou tourné tel règlement? Et cela arrive si souvent.

Il faut, si nous voulons apprendre à nos fils et à nos filles à obéir qu'il sentent déjà tout petit et d'une façon péremptoire que nous aussi nous obéissons. Seule cette obéissance réfléchie, acceptée joyeusement, fera de nous des êtres vraiment libres.









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