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Quelques réflexions sur l'attention

Attention! voilà un mot bien souvent employé. Il a, comme beaucoup d'autres, passé peu à peu dans le langage courant tout en perdant de son sens ou de sa valeur. Bien des mères l'emploient plusieurs fois par jour en s'adressant à leurs enfants et ayant prononcé ce petit mot « attention » s'imaginent avoir dit tout ce qu'il fallait pour que l'enfant obéisse ou s'applique. Mais savent-elles exactement ce qu'elles exigent par ce simple mot?

Qu'est-ce que l'attention? Il y a deux formes bien distinctes d'attention : l'une spontanée, naturelle ; l'autre volontaire, artificielle. La première est la forme véritable, primitive, fondamentale de l'attention. La seconde est le résultat de l'éducation, de l'entraînement.
Chez les tout jeunes enfants, l'attention spontanée seule existe. C'est un don de la nature, d'ailleurs très inégalement réparti. L'enfant - nous pourrions dire l'homme, car il s'agit d'un fait durable - ne prête naturellement son attention qu'à ce qui le touche, à ce qui l'intéresse. Ainsi la nature de l'attention spontanée chez une personne révèle son caractère ou tout au moins ses tendances fondamentales. Elle nous apprend si c'est un esprit frivole, banal, ouvert, profond.

L'attention volontaire est un fait tout intérieur. Les mots regarder, écouter, palper par exemple, contiennent par opposition aux simples fonctions de voir, entendre, toucher, un effort de volonté qui n'est autre que l'attention volontaire. Celle-ci ne se manifeste donc pas sans un sentiment d'effort qui sera plus ou moins grand et facile suivant l'individu, le but, les circonstances. Chez le tout petit enfant cet effort doit se développer peu à peu, il ne faut donc l'exiger que graduellement.

L'attention volontaire, qui est en somme la possibilité de retenir l'esprit sur des objets ayant peu ou pas d'intérêt pour l'individu, ne peut prendre naissance que par contrainte, sous l'influence de l'éducation. Empruntons un exemple à Th. Ribot (1) : «Un enfant refuse d'apprendre à lire ; il est incapable de tenir son esprit fixé sur des lettres sans attrait pour lui ; mais il contemple avec avidité les images contenues dans un livre. « Que représentent ces images?» Le père répond : « Quand tu sauras lire, le livre te l'apprendra». Après plusieurs colloques de ce genre, l'enfant se résigne, se met d'abord mollement à la tâche, puis s'habitue et finalement montre une ardeur qui a besoin d'être modérée. Voilà un cas de genèse de l'attention volontaire. Il a fallu greffer sur un désir naturel et direct, un désir artificiel et indirect. La lecture est une opération qui n'a pas d'attrait immédiat, mais elle a un attrait d'emprunt; cela suffit : l'enfant est pris dans un rouage, le premier pas est fait ».
Tout écolier est appelé à faire de continuels efforts d'attention, car c'est en proportion de l'intensité, de la profondeur de cette attention, qu'il pourra retirer les avantages de l'instruction qui lui est donnée. Il est donc de toute importance que nos enfants soient capables d'apporter et de maintenir une attention volontaire dans leur travail.

L'attention volontaire, est-elle susceptible d'une éducation, donc de redressement et de progrès? Certes. Les psychologues ont élaboré toute une série d'exercices tendant à développer l'attention.

Pour l'attention visuelle, par exemple, un procédé pédagogique courant consiste à faire barrer par les enfants toutes les lettres pareilles d'un texte imprimé, tous les a, tous les t, tous les r, etc. Pour l'attention auditive, les élèves comptent dans un texte qui leur est lu lentement une voyelle ou une consonne choisie à l'avance. Dans l'enseignement, la géométrie est certainement la branche qui peut le plus entraîner l'enfant à fixer son attention. Mme Montessori disait : « la géométrie est souvent considérée comme superflue pour les enfants; elle représente au contraire un puissant moyen d'éducation mentale. Elle est une gymnastique de l'esprit, un guide précis pour le raisonnement et un frein aux déviations arbitraires de la pensée. En mathématiques, même si on en prend la plus simple expression, le nombre, il y a toujours une abstraction, un symbole tandis qu'en géométrie nous constatons des relations dans la réalité ». La méthode Montessori qui consiste à familiariser les enfants avec les formes géométriques, grâce à un matériel d'emboîtements, a l'avantage d'exiger par le déplacement de ces formes un effort musculaire et c'est précisément le mouvement qui aide à fixer l'attention.

Il faut encore citer les jeux et tout particulièrement les jeux d'adresse (jeux de balles, de billes) et de combinaison (domino, dames, échecs) qui sont des moyens inépuisables et sans cesse renouvelés d'éveiller et de retenir l'attention.

Il serait faux de penser qu'il est possible de fixer l'attention de l'enfant par la crainte d'une punition ou la promesse d'une récompense. L'enfant s'efforcera de faire ce qu'on exige de lui, mais la faculté active de son attention n'aura nullement été renforcée, elle aura simplement été distraite de son objet en mettant l'enfant sous l'appréhension d'une douleur ou dans l'attente d'une jouissance.

Les troubles de l'attention chez l'enfant sont un signe évident de fatigue, de surmenage ou d'un état maladif quelconque. L'enfant dont l'attention se développe normalement, qui soudainement a de la peine à se concentrer dans son travail, se montre distrait à l'école, incapable de tenir son esprit en arrêt, doit à son tour retenir l'attention et éveiller la sollicitude de ses parents.

Quant à vous, mamans qui lancez à vos enfants trop souvent ces deux petits mots éperonnants « Fais attention », ne soyez pas trop exigeantes et comprenez. Comprenez que l'enfant au moment où vous l'interpellez pour le tirer de sa distraction, est peut-être attentif à une chose qu'il juge plus importante que celle que vous lui proposez. Soyez donc clairvoyantes et sachez guider avec habileté l'attention vers le but que vous jugez utile.

(1) Th. Ribot : Psychologie de l'attention.









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