Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Quelques considérations sur l'éducation artistique de l'enfant

Pour que cette éducation soit possible, il faut qu'il y ait chez l'enfant des dispositions artistiques susceptibles de développement : l'éducation peut aider la nature, mais elle ne peut rien créer de rien. Or de telles dispositions existent-elles chez l'enfant?

Rendre l'homme sensible à tout ce qui est beau, le lui faire aimer, lui permettre de trouver à ce contact un plaisir, une jouissance, tel est le but de l'éducation artistique. La Beauté comprend deux domaines, celui du réel où nous font pénétrer nos sens et celui du rêve où nous introduit notre imagination. Voyons alors quelles sont les premières impressions d'art que nous procurent nos sens et notre imagination.

Nos sens ont avant tout un but utilitaire, mais ils sont aussi capables de nous faire éprouver des sensations de nature esthétique.

Le goût a déjà ce caractère. Guyau a raconté qu'après une longue course dans les Pyrénées, il rencontra un pâtre qui lui donna un verre de lait glacé. Il but, dit il, « ce lait frais où toute la montagne avait mis son parfum. C'était comme une symphonie pastorale saisie par le goût au lieu de l'être par l'oreille». Une poésie se dégage donc parfois des sensations toutes matérielles du boire et du manger.

L'odorat, lui aussi, peut nous faire saisir la poésie de la nature. «Ce que nous appelons la beauté du printemps ne provient-il pas pour une grande part des senteurs qui flottent alors dans l'atmosphère. Quand, dans les nuits d'été, par nos fenêtres grandes ouvertes, pénètre une brise odorante, c'est toute la campagne qui semble être entrée chez nous».

Le tact peut donner lieu à un plaisir plus rationnel. Un aveugle par le seul toucher peut très bien avoir une idée de la beauté plastique des choses.

Cependant, c'est à l'ouïe et à la vue que sont dues la plupart de nos impressions de nature esthétique. Ces sens sont même les seuls qui en procurent à l'enfant. L'enfant pénètre dans le monde sonore avant d'entrer dans celui des couleurs et des formes. Il ne fait tout d'abord aucune distinction entre un bruit et un son. Plus sensible à l'intensité des sons qu'à leur qualité, il manifeste cependant peu à peu de la sympathie pour certains d'entre eux ; il y a des voix qui lui plaisent, d'autres qui lui déplaisent, d'autres encore qui le font rire ou pleurer. La notion vague du rythme fournie par un son répété régulièrement, se précise lorsqu'il entend les chansons monotones dont on le berce. Le tout petit enfant est souvent très sensible à la belle musique. Lorsqu'il écoute avec une si profonde attention chanter le violon de son père, ne semble-t-il pas en subir tout le charme et en saisir vraiment toute la beauté ?

Plus lente est son initiation à la symétrie des lignes. La formation de son oeil est en retard sur celle de son ouïe l'enfant entend avant de voir. D'ailleurs la vision suppose un effort, pour voir, l'enfant doit diriger son regard ; l'audition n'en réclame aucun, c'est un acte involontaire. L'enfant est tout d'abord sensible aux couleurs et ce sont, tout comme les sauvages, les plus éclatantes qu'il préfère. Peu à peu, il apprécie les distances et les formes.

L'enfance est par excellence l'âge de la fiction et du rêve. L'imagination enfantine possède le merveilleux pouvoir de transfiguration. En fouillant bien dans nos souvenirs, nous en trouverions des exemples. «J'ai encore, disait G. Sand, le grand tapis qui nous amusait tant Pauline et moi. C'est un tapis Louis XV avec des ornements qui tous avaient un nom et un sens pour nous. Tel rond était une île, telle partie du fond un bras de mer à traverser. Une certaine rosace à flammes pourpre était l'enfer, de certaines guirlandes étaient le paradis et une grande bordure représentant des ananas était la forêt Hercynia. Que de voyages fantastiques, périlleux ou agréables, nous avons faits sur ce vieux tapis avec nos petits pieds.

L'imagination de l'enfant modifie le fond même des choses, soit en donnant une âme aux objets matériels, soit en changeant la personnalité réelle des êtres. N'avez-vous pas pris plaisir à écouter les longues conversations de votre petite fille avec sa poupée ?Votre petit garçon ne vous a-t-il jamais demandé de jouer avec lui à l'épicier?

Quels sont les premiers essais de production artistique de l'enfant? L'enfant aime à dessiner. II griffonne des lignes comme il balbutie des sons, uniquement pour le plaisir d'exercer sa main comme sa langue. Dans ces premiers dessins, aucun sentiment artistique n'apparaît. Les imperfections sont nombreuses; elles sont dues à la maladresse de sa main et surtout à l'insuffisance de son observation. L'enfant aime modeler de la terre glaise, découper les images sur du carton, prendre l'empreinte des objets en suivant leur contour avec un crayon.

Si l'enfant n'est capable d'aucune manifestation purement artistique, il possède néanmoins tous les éléments nécessaires pouvant être développés par l'éducation. Cependant nous ne pourrons pas faire que tous nos enfants créent des oeuvres d'art, mais nous pourrons faire que tous les comprennent. Pour produire, il faut certains dons caractérisés, certaine puissance d'extériorisation. Pour comprendre, il ne faut que des facultés ordinaires et de la sensibilité qui n'est refusée à personne.

Nous subissons tous l'empreinte du milieu dans lequel nous vivons. Celui dans lequel l'enfant évolue aura une très grande importance sur son développement en général et tout particulièrement sur la formation de ses goûts. Profitons de cette influence pour le rendre réceptif et attentif à tout ce qui est beau.

La beauté même de l'enfant a son importance. Sachons favoriser le développement harmonieux de son corps : certains sports, la gymnastique; la rythmique lui donneront de la souplesse et de l'aisance dans les mouvements. Sachons le vêtir de manière sobre, simple mais gracieuse.

L'enfant passe la plus grande partie de son temps à la maison. C'est donc la maison qui doit être la première claire et riante. Il est si facile d'introduire l'art dans notre demeure en disposant quelques meubles avec goût, en égayant les pièces par de jolies tapisseries aux couleurs douces. Choisissons toujours les choses les plus simples. Ne surchargeons pas nos murs par toutes sortes de gravures. Mais ornons-les de quelques tableaux ou reproductions d'oeuvres célèbres. Dans ce cadre familier les yeux s'habituent insensiblement à une harmonie qui deviendra toute naturelle et indispensable.
Dans plusieurs pays - hélas la guerre a fait bien des ravages depuis - de grands efforts étaient faits pour introduire l'art à l'école. L'emplacement de l'école, son architecture, des murs enduits de peinture claire, des salles bien tenues donnent à l'enfant une première notion de beauté. On cherche à agrémenter les murs de quelques jolies décorations; les sujets sont traités simplement de façon à plaire à l'enfant et à être compris par lui : scènes de la vie enfantine, peinture d'animaux, beaux paysages, aspects successifs des saisons, travaux de la campagne.

La nature est une source inépuisable de beautés. Sachons en faire profiter nos enfants, sachons les leur faire aimer, apprécier et comprendre, car ce sont celles qu'ils pourront avoir sous leurs yeux et dont ils pourront jouir durant toute leur vie. La nature est le milieu rêvé pour développer leur observation, observation par la vue, l'ouïe, le toucher, l'odorat, le goût.
Dès que l'âge de l'enfant le permet, l'étude des arts sera utile à sa formation artistique. Le dessin développera son observation, lui apprendra à évaluer les rapports de grandeur et de proportions, lui donnera une notion de l'harmonie des couleurs. La musique, le chant qui est l'accompagnement de notre existence entière, la poésie, la rythmique contribueront à son développement esthétique.

L'éveil du sens artistique et la formation du goût constituent une oeuvre longue et patiente mais combien précieuse pour l'homme. En effet, un contact étroit et continuel de l'enfant et des choses belles et harmonieuses lui prépare pour plus tard une merveilleuse ressource : l'oubli, le délassement, le réconfort ne se puisent-ils pas souvent dans l'Art et la Beauté ?









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève