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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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Devant le choix d'une carrière

La chose la plus importante de la vie c'est le choix d'un métier.
Pascal.

Les parents, en concentrant toute leur sollicitude sur le bonheur actuel et futur de leurs enfants, rencontrent des problèmes nombreux autant que difficiles; mais c'est lorsque le choix d'une carrière doit se faire qu'ils voient surgir la plus grave des questions.
Tout naturellement, les pères désirent que leurs enfants gagnent honorablement leur vie dans un travail qu'ils aiment et pour lequel ils soient faits; qu'ils puissent être fiers de l'exécution de leur travail et de son utilité sociale. Et les mères, elles, redoutent que leur fille ou leur fils essuient des échecs qui lassent d'une carrière et poussent à en changer: ils perdraient ainsi du temps, de l'argent et un peu de cet enthousiasme qui s'attache à tout début.
Mais comment orienter les enfants ?
Faut-il se laisser attirer par le gain ou la retraite assurée du maître d'école ? Faire continuer aux jeunes le commerce ou l'atelier des parents, qui marche si bien?

Doit-on s'en tenir aux voeux de Pierre qui ne rêve qu'avions et à ceux de Marie qui se voit déjà costumée en infirmière? Fera-t-on de Jacques un employé de banque, uniquement parce qu'il est très soigneux de sa tenue, et de Jeanne, une vendeuse parce qu'elle adore le mouvement de la foule et le bruit des bavardages? Ou se résignera-t-on à s'en remettre au hasard en acceptant une offre d'apprentissage qui vient justement d'être faite ou en laissant Pierre poursuivre vaguement une maturité, bien qu'il se cramponne résolument au dernier banc? Et puis comment savoir si le métier de photographe-reporter convient à Georges et celui de laborantine à Hélène?
Si on allait se tromper?
La responsabilité est lourde et les parents la sentent peser sur leur coeur. Ils ont souvent besoin d'être aidés dans cette tâche délicate, mais les parents attentifs peuvent eux-mêmes se rendre compte d'une quantité d'éléments utiles pour guider leur choix.
Il s'agira tout d'abord de s'assurer de la force physique de l'enfant. Dans les cas douteux, le médecin sera consulté : il remédiera aux insuffisances légères et il signalera les occupations à éviter, s'il y a lieu.
Ensuite, il conviendra de réunir les. renseignements sur les aptitudes de l'enfant, auprès de la parenté, des amis de la famille, des maîtres, des moniteurs, des chefs-scouts, etc.
a) Quelles sont les occupations que l'enfant exécute avec succès? (branches scolaires ou travaux à la maison, comme la couture, le soin des petits, le jardinage, la musique, les collections…).
b) Quelles sont les occupations que l'enfant recherche avec prédilection, celles qui captivent toujours son intérêt?
c) Comment l'enfant s'adapte-t-il à l'entourage : travaille-t-il mieux seul ou en compagnie? prend-il des responsabilités volontiers ? sait-il commander à ses camarades ou leur obéit-il passivement?

Enfin, il importera de bien connaître les goûts de l'enfant et ses projets d'avenir : il aimerait peut-être devenir étalagiste ou cartographe, il faut beaucoup l'interroger et comprendre ses explications. On cherchera aussi à voir ce qu'il a retenu avec un attrait particulier, des notions qu'on a pu lui donner à l'école ou chez les scouts, sur les professions : des causeries sur l'analyse des métiers, des visites aux ateliers ou aux usines, des films documentaires, etc.
Lorsque les parents ont rassemblé toutes ces données, il arrive parfois que la solution saute aux yeux: les intentions et les ressources de la famille coïncident avec les capacités et les désirs de l'enfant pour un métier suffisamment connu. De plus, l'enfant s'adapte facilement à toutes les situations et l'on peut prévoir un bon ajustement du futur travailleur à son occupation.
Mais ces cas simples ne sont pas si fréquents qu'on le croirait, au contraire il est souvent difficile de résoudre le problème. C'est alors qu'il est recommandé aux parents de recourir au conseiller de vocation, qui, grâce à ses connaissances et ses moyens d'investigation, pourra trouver la meilleure solution.
L'orienteur a étudié les métiers au point de vue des aptitudes qu'ils réclament, ainsi que des connaissances requises et des moyens qui y conduisent, que ce soit une école ou un apprentissage; il peut suggérer des occupations auxquelles les parents n'avaient pas songé. Il détermine le degré d'aptitudes de l'enfant par des épreuves qui donnent une mesure objective ; cela lui permet de découvrir parfois des capacités ignorées (témoin cet enfant retardé à l'école mais qui avait un sens mécanique remarquable), d'encourager des timides en leur montrant les ressources qui sont en eux, et d'aider ceux qui ne peuvent choisir par embarras de richesse : ainsi cet étudiant qui ne pouvait se décider à poursuivre les lettres parce qu'il regrettait les beaux-arts; il réunit les deux intérêts et se spécialisa dans l'histoire de l'art. En dernier lieu, par ses connaissances de la vie affective, l'orienteur donne une attention particulière aux jeunes qui s'adaptent mal à leur tâche ou à leur entourage, qu'ils soient instables, indolents ou dis-traits. Il verra s'il faut remettre l'enfant au médecin pour une médication spéciale, ou le changer de milieu scolaire ou familial, ou recommander une pédagogie différente, ou entreprendre un traitement psychologique.

Les parents peuvent alors établir avec le conseiller de vocation un plan mûrement préparé pour la formation professionnelle de leur enfant, après le redressement des petites déviations qui ont pu se produire. Et ils peuvent avoir le cour tranquille parce qu'ils auront pris toutes les précautions pour que la carrière choisie soit bien celle qui convient à leur fils ou à leur fille et pour que le travail de ceux-ci serve à leur bonheur comme à celui de la communauté.









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