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Comment cultiver la maîtrise de soi chez les enfants

Dernièrement, une jeune femme se trouvait chez un célèbre médecin d'enfants et lui posait cette question : « Docteur, à quel moment devrai-je commencer à donner de bonnes habitudes à mon enfant? » - Quel âge a-t-il? -Huit mois.

«Alors », dit le médecin en tendant à la mère stupéfaite ses gants et son sac, « courez vite à la maison et commencez tout de suite, sans quoi il serait trop tard… »

Trop tard…

Hélas ! quand nos enfants ont douze ans, puis quinze ans, puis vingt ans, et qu'ils sont aux prises avec les tentations de toutes sortes qui se présentent à eux, il est trop tard pour leur demander de vaincre leurs mauvais instincts, s'ils ne l'ont pas fait depuis l'âge le plus tendre, j'allais dire depuis leur naissance.

Certains me diront: «Eh! que parlez-vous de mauvais instincts? Nos enfants n'en ont pas. Ce sont de bons gosses qui nous mettent parfois la tête à l'envers et les nerfs au bout des doigts, mais ils ont le coeur sur la main, et ils nous aiment tant! »

A quoi je répondrai : « Tant mieux pour vous si votre enfant a bon coeur, mais je vous dirai qu'il a heureusement cela en commun avec les neuf dixièmes des enfants, qui ont naturellement « le coeur sur la main », comme vous dites. »

Malheureusement, sur tous ces enfants tendres, aimants et « francs comme l'or» au dire des mamans, il en est une bonne proportion qui, arrivés à l'âge de quinze ou de vingt ans, font verser à leurs mères des larmes de sang.

Comment se garantir de ces terribles retours de la vie? comment armer d'avance nos petits, encore si candides, contre les dangers de toutes sortes qui les menaceront plus tard? dangers qui ne viendront pas tant de l'extérieur, comme nous le croyons trop souvent, mais de l'intérieur. «Ce qui vient du coeur de l'homme, c'est ce qui souille l'homme », disait Jésus à ses disciples.

Dans le coeur de l'enfant se trouvent, en sommeil, tous les instincts qui seront ceux de l'homme.

Et lorsque, à l'âge de la puberté, par exemple, certains sentiments éclosent brusquement chez les adolescents, on voit des parents s'affoler, gronder, tempêter. Et l'on voit des enfants malheureux, livrés à cette vague de fond qui monte en eux, incompris ou méprisés, se renfermer dangereusement en eux-mêmes.

Or, nous avons tort, nous les parents, de nous affoler en face de phénomènes naturels et sur lesquels nous ferions mieux de nous pencher avec intelligence et compréhension. Nous ferions mieux surtout de faire un retour sur nous-mêmes et de nous avouer que, si nos enfants, devenus adolescents ou jeunes gens, connaissent certaines révoltes, certaines défaites, certains fléchissements, cela vient bien souvent de ce que nous n'avons pas su leur inculquer, dès les premières années, cette discipline, cette maîtrise de soi qui est bien ce que nous pouvons leur donner de meilleur.

Mais comment s'y prendre, quand commencer?

On a souvent le tort de croire qu'on peut négliger les caprices des tout petits, et nombre de mamans pensent que, quand leurs enfants auront quatre ou cinq ans, quand ils iront à l'école, ce sera le moment de les « mettre au pas », comme elles disent. Mais, nous le disions tout à l'heure, c'est dès l'âge le plus tendre qu'il faut commencer en habituant l'enfant à respecter diverses règles de vie : heures des repas, etc… et en refusant de céder à ses caprices.

Plus tard, quand l'enfant a deux ou trois ans, on peut déjà l'habituer à se dominer en bien des choses : à ne pas mettre tous ses jouets en l'air pour les laisser en désordre, à respecter certaines consignes, etc.

La gourmandise est un point très important, beaucoup plus que nous ne le croyons souvent. En effet, il semble si naturel de céder d'abord à un tout petit qui demande, entre les heures des repas, un bonbon ou un biscuit qui est sur la table. Plus tard, le même enfant ne résistera pas à l'envie continuelle de s'acheter des sucreries, pour peu qu'on lui donne quelque argent. Et quand il aura quinze ou vingt ans, et que des tentations très graves et d'un tout autre ordre se présenteront à lui, il ne saura pas les surmonter parce que ce sera trop tard pour lui apprendre à se vaincre lui-même.

L'enfant doit aussi apprendre à dominer les peurs auxquelles il est parfois assujetti et dont nous sommes, nous adultes, trop souvent responsables. Comment un enfant vaincrait-il la peur, s'il voit ses aînés trembler en face du danger ou de la maladie, ou s'il sent autour de lui, à son sujet, une atmosphère de crainte continuelle à propos de tout et de rien!

Les jeux. Ils sont pour l'enfant, non pas, comme nous le croyons parfois, un simple délassement, ils sont pour lui, essentiellement, un moyen de se développer et de s'exprimer. Si les mamans prenaient la peine d'observer discrètement leurs enfants lorsqu'ils jouent, elles pourraient en recueillir de précieux enseignements. Là aussi, l'enfant doit apprendre à se dominer. Un enfant qui ne sait pas perdre, qui va bouder, sera dans la vie, si l'on n'y prend garde, un mauvais joueur. Un enfant qui ne sait pas, pour la joie de tous, se plier parfois au désir des autres, et respecter dans le jeu une certaine solidarité, sera malheureux plus tard.

Habitué à voir les autres céder à toutes ses exigences, il se croira, devenu grand, incompris chaque fois qu'il devra accepter pour lui-même ou pour les autres certains renoncements, certains sacrifices.

Il doit aussi apprendre à vaincre les instincts de violence et de brutalité qui sont en lui. Dans la classe d'une école nouvelle, dernièrement, la maîtresse avait, comme chaque matin, un entretien avec ses petits élèves. Ce matin-là, on parlait de la liberté. Et soudain, après avoir longuement réfléchi, un petit garçon de sept ans se lève très grave et dit : «Mademoiselle, je crois que pour être libre, il faut d'abord être bon et raisonnable, sans quoi on pourrait croire qu'on est libre d'être lâche et brutal. »

Quelle émotion pour une maîtresse de voir ainsi surgir spontanément d'une âme d'enfant des vérités aussi profondes, aussi essentielles!

En effet, pour être libre et pour dominer sa vie, il faut d'abord avoir vaincu en soi-même tous les esclavages. Le vieux livre des Proverbes le disait déjà en termes magnifiques :

Celui qui est lent à la colère vaut mieux qu'un héros
Et celui qui est maître de soi vaut mieux que celui qui prend des villes.


Pour nous, parents, dans ce domaine comme dans tous ceux qui touchent l'éducation, dire importe peu, ce qui importe c'est d'être. Comment exiger de nos enfants ce dont nous serions nous-mêmes incapables?

L'enfant a besoin, d'abord, de sentir au-dessus de lui une volonté ferme, tendre, mais inébranlable. Bien des expériences nous ont prouvé que, lorsque cet appui lui manque, il en éprouve une véritable nostalgie.

En voici un exemple, qui est vécu :

Hans a un ami en visite et, ensemble, ils ont démonté tout le train, fait de leur chambre un vrai capharnäum. Entre la maman de Hans: « Hans, dit-elle, tu sais que si tu veux aller à cette séance à cinq heures, il faut que tu aies remis ta chambre en ordre avant ». Quand elle est sortie, l'ami dit à Hans : « On va jouer encore, hein? et ta maman te laissera bien aller quand même! »

« Ah! non, dit Hans, quand maman a dit quelque chose, elle le fait toujours. »

L'ami resta un moment silencieux, puis, se mettant à ranger, dit avec un soupir : « Eh bien! tu en as de la chance, d'avoir une maman qui fait ce qu'elle dit! »

L'enfant a besoin de s'étayer sur une volonté ferme, intelligente et souple en même temps. Mais il a besoin aussi et plus encore de sentir que cette volonté en nous s'exerce non seulement sur lui-même, mais sur notre vie tout entière.

Si nous sommes nous-mêmes livrés à tous les imprévus, à des sautes d'humeur, ou à des sentiments mesquins d'envie, ou de jalousie, ou d'aigreur, comment créerions-nous pour nos petits et nos grands enfants l'atmosphère de sécurité dont ils ont besoin ?

Lorsque les parents ont des soucis (et qui en est exempt aujourd'hui?) il n'est pas normal que toute la maisonnée s'en ressente. Et s'il faut apprendre aux enfants les joies graves et belles du sacrifice et du don de soi, il faut leur épargner les chocs inutiles et leur laisser l'atmosphère de joie et de détente qui leur est absolument nécessaire.

Pour cela, soyons maîtres de nous-mêmes : de nos nerfs, de nos réactions, de nos mouvements de colère ou de mauvaise humeur. « Ah! c'est facile à dire, me direz-vous, oui, c'est facile à dire, mais c'est parfois au-dessus de nos forces. »

Alors, cherchons nos forces auprès d'un plus grand que nous, de Celui qui, quoique Fils de Dieu, a dû aller d'obéissance en obéissance pour arriver à la perfection, de Celui qui s'étant fait homme pour nous délivrer de tous nos esclavages, et ayant été tenté comme nous en toutes choses, mais ayant vaincu le mal, peut secourir ceux qui sont tentés.

Etant ancrés en Lui, nous connaîtrons cette paix, cette sécurité de l'âme qui ne dépendront plus des circonstances.

Alors, mais alors seulement, et en dépit de tout ce qui peut nous arriver, nous serons pour tous ceux qui nous sont confiés une force et un rempart.









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