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Comment mettons-nous nos enfants en contact avec Dieu? (1)

Pour mettre nos enfants en contact avec Dieu - je parle ici aussi bien de nos enfants selon la chair que de ceux qui nous sont confiés par Lui - trois conditions, essentielles me semble-t-il, doivent être remplies.

I. La première concerne l'éducateur lui-même. En effet comment mettre mon enfant en contact avec Dieu si je ne le suis pas moi-même. Tout ce que je pourrais dire serait vain si je ne connaissais pas cette communion avec Dieu qui me fera agir à travers Lui, et dire l'essentiel au moment voulu.

Bien souvent cette attitude qui peut n'être qu'un regard, importe plus que nos paroles. Ceci est vrai

a) pour le tout jeune enfant qui ne peut pas encore comprendre (je pense à nos cadettes de 3 et 4 ans et à l'effet que peut avoir sur elles la répression d'un mouvement d'impatience);

b) pour l'enfant plus grand (je pense au résultat obtenu lorsque j'évite de me fâcher, avec notre fillette de 11 ans);

c) pour l'adolescent, si vite porté à dire : «vous me faites la morale » (je pense à notre fils de 17 ans vis-à-vis duquel notre attitude a encore plus d'importance).

Pour recevoir l'inspiration de l'attitude qui tôt ou tard mettra notre enfant en contact avec Dieu, parlons davantage de nos enfants à Dieu que de Dieu à nos enfants.
L'exemple de ma première institutrice illustrera ce qui vient d'être dit: J'avais 8 ou ans et m'ennuyant de ma mère je pleurais chaque matin en arrivant à l'école, occasionnant ainsi du trouble dans la classe. Le troisième jour, mon institutrice me prenant sur ses genoux me dit: « Tu regarderas le modèle d'écriture que j'ai mis dans ton cahier, je suis sûre qu'il t'aidera ». J'ouvris le cahier et je lus:
Fortifie-toi et prends courage». Ce texte, bien au-dessus de la compréhension d'un enfant de mon âge, était pourtant la parole libératrice qui me fit retrouver la joie : Dieu lui avait inspiré pour sa petite élève la vraie attitude.

II. La deuxième condition est de choisir le bon moment pour parler à nos enfants.

Chercher ou attendre ce moment est chose délicate et difficile, mais qui peut exercer une influence sur toute une vie. Pour me bien faire comprendre je prendrai quelques exemples dans la vie de mes enfants.

Eliane, 6 ans et demi, répète à qui veut l'écouter (probablement pour l'avoir entendu dire à sa tante qui l'affectionne particulièrement) « Moi, je suis très intelligente » C'est le moment de parler. « Tu sais, chérie, l'intelligence n'est pas du tout ce qui importe en premier lieu. La chose essentielle c'est que tu aies un bon petit coeur, l'intelligence vient seulement après cela ». Plusieurs mois plus tard, alors qu'Eliane se réjouissait de la venue d'une petite soeur et que je redoutais de sortir parce que cette petite soeur prenait décidément trop de place, Eliane me dit à son tour: « Mais, maman, qu'est-ce que cela fait, puisque tu m'as dit une fois : Pourvu qu'on ait un bon coeur… »

Quelque temps après la naissance de sa petite soeur, elle m'interrogea et sa question me révéla un recoin encore inexploré de son âme d'enfant: « Maman… est-ce que tu l'aimes la petite soeur, et moi tu m'aimes ?

Une fois encore le moment est venu de s'expliquer : « Ecoute bien ceci ma chérie et ne l'oublie jamais, toi et Isaac et la petite soeur, je vous aimerai toujours la même chose, jamais l'un plus que l'autre. » Depuis lors le problème qui surgissait, et aurait pu devenir si douloureux, ne s'est plus jamais posé.

Isaac, treize ans, est fortement influencé par ses camarades. Il voudrait comme tant d'autres, entrer dans la classe d'athlétisme qu'on vient de créer, tandis que ses parents préféreraient pour lui le scoutisme. A cet âge un enfant de la ville est déjà très indépendant et notre grand garçon sait parfaitement ce qu'il veut… L'athlétisme le tente bien davantage. Un moment d'entretien tranquille est nécessaire pour nous permettre, non pas de le forcer (ce serait aller à fin contraire) mais très simplement de faire la comparaison entre les deux mouvements: « Le premier ne fera qu'exalter ta propre personnalité, le second te mettra en mesure d'aider les autres… décide toi-même. » Huit jours plus tard il me donne sa réponse : j'entre à la B.S. ! Aujourd'hui, c'est-à-dire quatre ans plus tard il est « routier » dans son collège, le scoutisme est une force que Dieu a mise à sa disposition pour le garder sur le bon chemin et aider ses camarades à le suivre.

Si l'on m'objecte que ces entretiens ne mettent pas encore l'enfant en contact avec Dieu je répondrai que tout ce qui épanouit le coeur, élargit l'horizon, augmente les possibilités d'aimer, vient de Dieu. Même si l'enfant n'entrevoit alors le Père qu'à travers nous, c'est une étape normale à franchir pour qu'il rencontre Dieu.

« Les simples entretiens sont lourds d'avenir et plus tard, ils se dresseront sur la route des années révolues comme des pierres milliaires, bornes blanches taillées dans le granit d'un amour plus fort que la mort. » (Clarus).

III. Pour établir le contact entre nos enfants et Dieu il nous reste à parler, condition dernière, de la prière avec l'enfant, c'est la grâce par excellence que le Père nous réserve. Nul ne l'a mieux compris et enseigné que la grande éducatrice de Genève Adèle Pélaz, dont j'aime à évoquer le souvenir. Les parents ou les éducateurs qui ne prient pas avec leurs enfants se privent d'une joie profonde et parfois d'une occasion de s'enrichir eux-mêmes, car l'enfant dans sa grande simplicité est souvent un éducateur des adultes. « Je vous le dis en vérité, dit Jésus, si vous ne devenez comme un petit enfant, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux… car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent.»

A quiconque le Lui demande Dieu indiquera moyen le meilleur de prier avec son enfant. Ces moments d'intimité varieront chaque jour puisque chaque jour apporte sa diversité; ils varieront aussi suivant l'âge. Pour nos tout petits ne forçons rien jusqu'à ce que la prière jaillisse spontanément de. leur coeur.

Avec Eliane nous prions à tour de rôle, c'est l'occasion pour elle d'épancher son cour non seulement dans la prière mais encore dans le moment qui suit C'est alors que nous cherchons ensemble la cause d'une journée médiocre, et que nous en demandons pardon pour que celle du lendemain soit meilleure. Avec notre grand fils il en est à peu près de même. Par ce contact avec Dieu que nous cherchons à établir ensemble la foi s'affermit et la confiance demeure.

Ce qui est bon pour les parents peut l'être aussi pour tous les éducateurs.

Dans un « home » d'enfants dirigé par une femme de foi, un jeune Belge âgé de treize ans et appartenant à un milieu de libres-penseurs, a reçu à travers elle le don merveilleux de la vie avec Dieu. Voici ce qu'il lui écrit six ans plus tard alors que son pays passe par la tourmente : « Mon frère et moi nous nous félicitons d'avoir pu rester en zone libre. Nous nous plaisons ici, mon école m'intéresse beaucoup. J'ose même dire que si, soudain la guerre finissait et que nous puissions rentrer je regretterais l'école. Mais ce temps heureux n'est pas encore arrivé et il faut, comme tu dis, garder confiance en Celui qui règne toujours. Tu t'étonnes de lire cette phrase sous ma plume? Je vais alors te faire un aveu : lorsqu'il y a six ans, je crois, Lucile et moi t'avons quittée après avoir passé deux mois délicieux au «home », au moment du départ en m'embrassant, tu me demandas de te promettre de faire chaque soir ma prière et j'ai promis. Depuis, chaque soir, à quelques rares exceptions près j'ai prié. Tu as eu raison de me faire promettre cela, et maintenant je te remercie. La prière est une grande source de joie, de consolation et de pureté. C'est toi qui me l'as fait découvrir. Souvent j'y pense et chaque fois, je t'en suis reconnaissant. Mon esprit n'admet pas encore Dieu, mais bien mon coeur. Et ici je crois que le langage du coeur vaut mieux que celui de l'esprit.

Ces lignes nous montrent avec évidence que la petite graine déposée au bon moment, a germé.


(1) Introduction à l'entretien sur ce sujet au camp des éducatrices à Vaumarcus 1942.









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