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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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Le prix de la vie

Une des manifestations les plus graves du désarroi causé dans les coeurs et les esprits par notre époque troublée, est la légèreté avec laquelle on envisage aujourd'hui la valeur de la vie humaine.
C'est un fait constaté récemment que beaucoup de jeunes couples, par exemple, déclarent qu'ils ne savent pas encore s'ils garderont ou non l'enfant qui s'annonce. Ils en parlent avec une désinvolture qui confond et n'a d'égale que leur apparente incapacité à mesurer le prix de la vie.
Ce qui devrait être une joie et une fierté l'approche de la maternité, n'est plus, pour beaucoup de jeunes femmes, qu'un fait divers banal et ennuyeux dont on pèse les conséquences avant de prendre une décision dans un sens ou dans un autre. Quant à la valeur intrinsèque de la petite vie qui s'élabore, il n'en est plus question; tout est ramené à une appréciation égoïste du pour et du contre, qui orientera cette décision.
Si la constatation de ces faits est douloureuse, on ne peut pas dire qu'elle étonne, car la mentalité dont ils témoignent découle logiquement d'une époque où l'on joue avec la vie des individus et des peuplescomme s'il s'agissait de quantités négligeables, de fêtus de paille en vérité.
Cependant cette explication ne suffit pas, elle n'excuse rien et surtout elle ne peut justifier ces crimes de lèse-humanité qui révèlent chez leurs auteurs une profondeur tragique d'inconscience et d'égoïsme.
Mais à côté de ces inconscients, il y a les trop conscients des difficultés de la vie actuelle qui arrivent aux mêmes solutions par une voie toute différente. Ceux-là ne veulent pas d'enfant, ou n'en veulent plus, parce qu'ils ont peur de ne pouvoir les élever, ils ont peur de manquer tout à coup de travail, ils ont peur de la maladie, ils ont peur d'avoir faim, ils ont peur de la vie en un mot. Et là encore cette attitude est parfaitement logique en soi quand l'homme ne croit plus à son Créateur, au Père qui est dans les cieux et dont la sollicitude, dit la Bible, veille de près sur chacun de nous il est vrai que la méchanceté des hommes fait si souvent échec à cette sollicitude, semble-t-il, qu'on ne l'aperçoit plus et qu'on y croit plus guère. Là encore, qui oserait jeter la pierre ? En tous cas pas ceux qu'une sécurité relative met encore à l'abri de la question lancinante du pain quotidien.

N'y a-t-il donc rien à faire? Si, et à côté de tout ce que fait l'Etat pour aider et sauver la famille , des hommes et des femmes de coeur l'ont compris et cherchent à agir d'une façon positive auprès des futurs jeunes parents que tourmente le problème de la vie de chaque jour, ou que ne tourmente pas assez celui de la valeur de la vie humaine.
Sur l'initiative de Pro Familia et de la Ligne du Gothard affiliés à la «Communauté d'action pour la famille », s'est ouvert à Genève le 15 septembre dernier un bureau d'Aide et conseil aux femmes enceintes que dirige une femme de coeur et d'expérience (1).
Sans distinction de confession, le bureau s'intéresse à tous les futurs pères et mères qui s'adressent lui; il cherche à les rendre conscients de la grandeur et de la beauté de la tâche qui les attend, il s'efforce en même temps de diminuer leurs appréhensions matérielles, quand elles existent, en les dirigeant sur telle ou telle oeuvre de secours. Par des visites à domicile répétées, la directrice et son aide infirmière soutiennent le courage des jeunes femmes enceintes; elle les aide, quand il le faut, à trouver du travail bien rétribué et peu fatigant; elles prennent à coeur de leur laisser chaque fois, par écrit, un mot d'ordre qui orientera leurs pensées vers quelque chose de grand et de noble, en rapport avec leur situation présente, afin de ne pas laisser la lassitude ou la crainte s'installer sournoisement en elles et miner leur courage.

En six semaines, plus de 40 cas se sont déjà présentés, témoignant ainsi de l'extrême utilité de cette initiative.

Mais, pour élargir son action et créer un mouvement d'opinion tendant au même but, il faut que toutes les femmes croyantes retrouvent en elles et dans leur foi chrétienne le véritable sens de la vie humaine; il faut qu'elles en parlent autour d'elles en particulier aux jeunes avec qui elles sont en contact; il faut surtout que leur vie tout entière manifeste le respect de la personne humaine qu'elles voudraient voir régner de nouveau.

Toute femme devrait s'émouvoir à ce sujet et acquérir la conviction qu'elle est faite pour ce travail d'assainissement de la pensée et des moeurs, car il correspond à sa fonction primordiale de créatrice de vie ; il met en action la force et la raison d'être de son être tout entier ; il touche aux questions les plus hautes et les plus mystérieuses de l'existence comme il s'intéresse aux détails les plus féminins de la layette et du berceau.

Si les mères véritables et toutes les femmes au coeur maternel entouraient les jeunes filles et les jeunes femmes d'une atmosphère de respect et de sollicitude à cause de leur haute vocation de mère futures possible, on verrait celles-ci prendre peut-être plus au sérieux cette vocation et répondre à la confiance et à l'espoir qu'on met en elles par une attitude plus conforme à la grandeur de leur principale mission ici-bas.

Nous pouvons ajouter avec joie que des signes certains montrent qu'une réaction salutaire a déjà commencé ; il s'agit de pousser à la roue et de soutenir cet effort en affirmant le prix inestimable de chaque être humain, dont Dieu a dit qu'il valait plus que toutes les richesses du monde.

(1) Rue Rousseau. Directrice : Mme Gustave Favre. Tél. 2 85 50.









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