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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable. Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOURSavoir s'adapter Attentivement, Mme X. lit et relit les trois lettres qu'elle vient de recevoir. La première brigue la place de bonne à tout faire, qu'elle vient d'offrir par l'intermédiaire du journal. «J'aime faire la cuisine, écrit Jeannette, mais aussi les chambres et la couture; à l'école ménagère, tout m'intéressait». Le certificat dit: «caractère ouvert, gai, facilement adaptable ». On a proposé aussi une autre jeune fille à Mme X., mais un caractère ouvert et gai, une fille qui s'intéresse à tout, quel précieux élément pour faciliter un apprentissage, pour aplanir les difficultés du travail, pour rendre aisées les relations entre patronne et apprentie ! Jeannette sera engagée. « Chère amie, tu me demandes des nouvelles de ma fille Hélène. Elle est à la maison, de nouveau. Cette place de comptable chez K & Cie ne lui convenait pas, pour d'autres raisons cette fois que chez Z. Son chef était grincheux, exigeant, tâtillon, les camarades vulgaires et prétentieuses, sans égards; le travail excessif; le bureau ouvert aux courants d'air; et, de plus, la distance d'ici à la place Sainte-Claire où sont K. & Cie trop longue à parcourir quatre fois par jour. J'espère qu'elle trouvera prochainement quelque autre travail qui lui convienne mieux. J'avoue être inquiète de lui voir tant de peine à s'adapter à une occupation » . « Chère Marraine. Tu désires de mes nouvelles. Eh! bien, en un mot, je puis dire que tout est à l'inverse de ce que j'avais souhaité. Au lieu d'enfants, j'ai deux vieillards à soigner; au lieu de faire de la couture, je m'occupe du jardin et de la cuisine; la maison est en pleins champs, il n'est donc pas question de pouvoir suivre les cours du soir. Mais j'ai du temps pour travailler seule avec des livres et mon dictionnaire. Ma vieille dame mitonne à merveille ses dîners; j'apprends beaucoup en lui aidant. Somme toute, je crois que mon année de « Welschland » me sera très profitable. » Le chômage est un des gros dangers qui menacent nos enfants, nos filles en particulier. L'après-guerre ne sera pas facile pour les femmes ; la démobilisation, lorsqu'elle interviendra, jettera sur le marché une énorme quantité de travailleuses et de travailleurs. Les uns retrouveront leur précédente place que de jeunes remplaçantes avaient occupée en leur absence. Les pères de famille seront les premiers réembauchés, ce qui paraît normal. D'autres seront absorbés dans les entreprises nouvelles qu'essaie de créer la commission constituée à cet effet par nos autorités fédérales. De son côté, l'Alliance des sociétés féminines suisses s'occupe de la question au point de vue féminin. Mais il n'en reste pas moins que la situation est grave, et deviendra plus grave encore pour toutes les femmes qui doivent gagner leur vie. Bon nombre de places officielles leur sont déjà inaccessibles. D'autres encore risquent de leur échapper. Seule une excellente préparation professionnelle, doublée d'une foncière capacité d'adaptation, peut assurer l'avenir de nos jeunes filles. On a beaucoup insisté sur la nécessité d'une préparation professionnelle approfondie pour les femmes, et on n'y insistera jamais trop. Mais mon propos, par ces lignes, est d'attirer l'attention sur cette autre nécessité, qui peut au premier abord paraître secondaire, mais qui joue en réalité un rôle très important pour le bonheur et la réussite des individus : la capacité d'adaptation. Je crois même pouvoir affirmer que ce facteur joue un rôle plus important dans la carrière d'une femme que dans celle d'un homme. La souplesse d'esprit et de coeur, la faculté de remplir sa tâche, de prendre ses responsabilités d'une manière particulièrement conforme à l'intention de celui qui vous les remet, peuvent être dans bien des cas d'une valeur prépondérante. La femme est, par essence, mieux douée que l'homme dans ce domaine, il est important que nous en soyons conscientes, que nous sachions cultiver cette faculté chez nos filles. Dans certains cas, elle leur permettra d'affronter avec succès la concurrence masculine et il est certain que, sur le marché du travail, la jeune fille qui sait s'adapter aisément verra ses chances de travail heureux augmenter et s'affermir. S'adapter! Voilà un programme qui non seulement concerne le côté technique du travail, mais encore tout le cadre dans lequel il se déroule. Or nous pouvons constater que, techniquement, la travailleuse est souvent adaptée à son métier, mais c'est dans le cadre du métier qu'elle n'arrive pas à s'insérer, l'ambiance lui en reste insupportable. Des particularités secondaires deviennent pour elle des obstacles à l'exercice même de la profession: inaptitude à s'adapter à des méthodes différentes de celles de l'école professionnelle, inadaptation au caractère d'un patron, absence de goût ou de faculté pour le travail en commun, manque du sens d'équipe, du sens de la solidarité, ou, au contraire, manque d'autonomie et d'indépendance, manque d'initiative. Toutes ces carences peuvent devenir fatales et briser des carrières pleines de promesses. Qui n'en a pas rencontré de ces femmes aigries parla soi-disant malchance, et qui, quoique bien douées, n'ont pu fournir qu'un travail sans suite, sans développement harmonieux, sans maturité réjouissante ? Tandis que d'autres, moins intelligentes, moins brillantes peut-être, mais souples et persévérantes à la fois (ce qui est la caractéristique des gens adaptables), ont tranquillement poursuivi leur carrière, et recueilli les fruits qu'immanquablement porte une plante, lorsqu'elle a su pousser racines et branches d'une manière conforme à la situation et au sol où elle avait été plantée. Chaque enfant vient au monde avec une certaine capacité d'adaptation. Le défaut total de cette capacité entraîne la mort. Dès les premières minutes de sa vie, le bébé est impérieusement sollicité à s'adapter et à s'adapter rapidement à des conditions de vie totalement différentes de celles où il vivait dans le sein de sa mère. Dès cette heure-là, il est physiquement contraint à modifier constamment sa manière d'être, d'agir et de réagir, si bien qu'on a pu dire que la vie était une perpétuelle adaptation. Cette faculté, en général très développée chez le jeune être tend à s'affaiblir, à s'ossifier avec le temps; cette ossification est signe de vieillesse, de ralentissement de la vie. Physiquement, le sport est venu prolonger la jeunesse des êtres en les maintenant souples. Toute éducation bien comprise devrait tendre à jouer, au moral, le rôle que le sport joue au physique: tendre à conserver l'enfant souple, adaptable, compréhensif, à le rendre persévérant, endurant, ingénieux à découvrir, dans le cadre qui lui est imposé, une manière de se comporter qui sauvegarde sa liberté intérieure et partant sa joie de vivre. |
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