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Savoir s'adapter (1)

S'adapter est une faculté de l'être humain, vivant, jeune et sain. Un organisme qui ne s'adapte pas s'étiole et meurt, tandis qu'une plante vigoureuse s'acclimate à la transplantation qu'on lui impose, peu à peu elle accepte la nouvelle terre où plongent ses racines ; peu à peu elle change l'orientation de ses feuilles et de ses corolles selon le nouvel angle sous lequel lui parvient la lumière ; si l'eau est plus lointaine dans son nouvel habitat que dans l'ancien, peu à peu encore elle allonge ses racines. Ainsi la plante s'adapte pour assurer son existence et atteindre sa plénitude, malgré la crise qui lui est imposée.

Nos enfants, nous le prévoyons, auront eux aussi à traverser des crises, à subir des transplantations, à réaliser des adaptations ; ces adaptations seront d'autant plus nombreuses et plus profondes, que l'époque que nous traversons est pleine d'incertitudes, lourde d'inconnu, de possibilités imprévisibles. S'il est certain que nous pouvons, par une préparation intellectuelle, technique, professionnelle, armer utilement nos jeunes pour la vie, il est tout aussi certain que cette préparation-là, si bonne soit-elle, ne sera efficace que si elle est accompagnée d'une solide préparation morale et de cette faculté psychique essentielle qu'est le pouvoir d'adaptation.

Comment entretenir ce pouvoir, presque toujours très développé chez le petit enfant, mais qui tend très vite à s'atrophier par le jeu des habitudes, et par la loi du moindre effort, qui nous entraîne à la répétition des gestes faciles et des pensées accoutumées ? Comment insuffler à nos enfants le respect des manifestations auxquelles ils ne sont pas accoutumés, une saine curiosité pour ce qui dépasse leur cadre familier, le courage qui permet d'extraire les éléments positifs d'une situation fâcheuse, le détachements joyeux de soi qui vous rend apte aux collaborations fécondes et vous conserve le coeur et l'esprit hospitaliers ? A chacune de nous, mères, éducatrices, de méditer sur ce problème et de le résoudre selon nos possibilités. Quelques notes toutes pratiques nous y aideront peut-être.

Le premier écueil à éviter dans nos rapports avec les jeunes est une attitude négative et critique devant la vie, le dénigrement systématique des théories qui ne sont point nôtres, le ton condescendant à propos des us et coutumes de nos voisins. Nous avons certainement de bonnes raisons, étant donné nos conditions de vie personnelles, familiales, traditionnelles, pour choisir telles habitudes, pour agir de telle ou telle sorte ; sachons mettre en valeur les raisons qui nous ont poussés à nous déterminer dans tel sens, mais par notre attitude et notre respect d'autrui, sachons laisser entendre qu'eux aussi ont des raisons d'agir différemment et que ces raisons, qui ne valent pas pour nous, sont déterminantes pour eux.

Que notre attitude soit accueillante vis-à-vis de l'avenir et des nouveautés qu'il porte en lui. L'avenir ne devrait jamais servir d'épouvantail ni de verge. Avez-vous entendu cette jeune mère, lasse de faire obéir un petit récalcitrant, annoncer, menaçante : « Attends seulement, quand tu iras à l'école, tu verras bien comme on te fera marcher. » Comment s'étonner si l'enfant s'adapte mal un jour à sa classe, se rebiffe aux premières interventions de sa maîtresse et ne supporte l'école que comme un mal inévitable. D'avance, dans son esprit, l'école planait comme une menace. Et cette autre maman qui s'arrache les cheveux devant le manque de ponctualité, d'ordre, d'activité réfléchie et pratique de sa fillette : « Attends seulement de faire ton année de Suisse allemande, tu en verras de rudes. Qui supportera ton désordre et ta nonchalance ?» L'étonnante chose si la jeune fille arrive prévenue chez sa patronne et soit d'avance « carapacée » contre les enseignements qu'on s'efforcera de lui inculquer.

La manière dont nous réagissons nous-mêmes devant les renversements de situation, devant les projets bouleversés, les imprévus de la vie, a sa grande importance. Sommes-nous paralysées par ce qui nous arrive inopinément, inertes quand les circonstances changent brusquement de cours, atterrées par les déceptions, à bout de ressources quand arrive une visite imprévue, quand le temps tourne à la pluie au milieu du voyage, quand la maladie nous contraint à faire halte ? – Non ! Alors tant mieux pour nous et pour nos enfants. L'art de prendre la vie du bon côté, le bon bout de l'écheveau embrouillé, de forcer la médaille qui se présente à l'envers à montrer son endroit, est un art qui se transmet de mère en fille et que nous ne saurons jamais assez cultiver en famille.

Et l'apprentissage de la vie sociale aimer des gens différents de soi, collaborer avec des tempéraments différents du sien, adopter des méthodes auxquelles on n'est pas habitué, accepter conseils, reproches ou éloges de gens qu'on n'estime pas pleinement peut-être, persuadé qu'on est, que tout être peut déceler une part de vérité. Voilà autant de problèmes que nous devons résoudre pour nos enfants et avec eux. La mère d'une charmante fillette me disait un jour: « Lily est si exigeante moralement que je crains qu'elle ne se fasse jamais d'amie. Tout mon effort tend à lui faire comprendre qu'on peut aimer et de tout son cour ceux-là même chez qui l'on constate des fautes. Il faut bien que les autres nous pardonnent ; si nous attendons de trouver la perfection pour aimer, nous ne connaîtrons jamais l'amitié.» - Judicieuse remarque, aide efficace? Apprenons à nos enfants à aimer ce qui est aimable, à collaborer avec ceux qui les entourent sans exiger une impossible perfection. Gardons-nous, bien sûr, d'appeler le mal bien, et de les amener à de dangereuses compromissions ; mais apprenons avec eux à réaliser la sagesse du propriétaire de la parabole qui consentait à ne point arracher aussitôt l'ivraie de peur de détruire avec elle le bon grain.

C'est pourquoi, dans la mesure du possible, multiplions les rapports de nos enfants avec d'autres, invitons qui nous pouvons ; et si l'occasion nous est offerte d'héberger sous notre toit quelque étranger, n'hésitons pas ; le dérangement de nos habitudes sera largement compensé par les souffles du large qui arriveront par eux dans nos étroites chambres.

Evidemment. répéterons-nous, il ne faut pas que l'adaptation devienne fusion, disparition de notre moi dans celui des autres, liquéfaction de nos principes propres au profit d'une illusoire popularité. S'adapter, ce n'est pas disparaître ; c'est bien moins lâcher ce qu'on a de précieux que s'approprier ce que les autres nous offrent de précieux ; c'est bien plus respecter ce qui est respectable chez autrui qu'abandonner son propre patrimoine. S'adapter, c'est l'art de faire siennes les richesses que Dieu a libéralement répandues sous tous les cieux, et auxquelles il a donné des visages et des langages divers. Le respect du nouveau, de l'inaccoutumé, le respect de l'avenir, de l'inconnu, prépare en nous la voie à l'amour : or, dès qu'il y a amour, il y a service effectif et chance maximale de réussite. Nous ne saurions mieux aider nos enfants qu'en les entraînant à cet amour de la vie et de ses multiples aspects, à ce respect des êtres qui seul permet un service vrai, un travail fécond et heureux.

(1) Voir le N° de Février.









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