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Du mensonge

(Suite)

Comment l'enfant est-il amené progressivement à comprendre que la véracité est nécessaire? Pour trouver une réponse à cette question on peut lire le remarquable ouvrage de M. J. Piaget: « Le jugement moral chez l'enfant. » Les réponses de nombreux enfants à toute une série de questions se rapportant au mensonge, mettent bien en évidence l'énorme distance qui sépare la logique et la morale de l'enfant de celles de l'adulte; elles nous montrent toute l'évolution qui précède le moment où l'enfant comprend vraiment la signification du mensonge.

Dans cette évolution, M. J. Piaget distingue trois étapes : « Le mensonge est d'abord quelque chose de vilain parce qu'objet de sanction, si l'on supprimait les sanctions il serait permis. Ensuite le mensonge est quelque chose de vilain en soi, et si l'on supprimait les sanctions, il resterait tel. Enfin le mensonge est quelque chose de vilain parce que s'opposant à la confiance et à l'affection mutuelle. » M. J. Piaget nous montre aussi le rôle important que joue dans cette évolution le progrès de la solidarité entre enfants.
Dans notre précédent article nous avons cité quelques mensonges de petits enfants. Au-delà de 7-8 ans nous retrouverons certains mensonges de même nature. Mais si l'enfant ne souffre pas d'un retard dans son développement mental la cause principale du mensonge ne peut plus être ramenée simplement à une maturité insuffisante.

Avant 7-8 ans la plus grande partie des soi-disant mensonges peut être attribuée soit aux difficultés que l'enfant rencontre à distinguer de la réalité ses désirs ou les produits de son imagination, soit à des questions ou à des attitudes maladroites de l'adulte. Au-delà de cet âge, l'attitude des adultes et surtout des parents de l'enfant continue à jouer un rôle important, mais l'enfant est désormais capable de mieux comprendre pourquoi il est nécessaire de ne pas mentir.

Voici quelques exemples se rapportant aux formes de mensonge les plus fréquentes :

L'enfant nie sa faute comme si le fait de mentir pouvait éloigner de lui ou supprimer les conséquences de son action: « C'est pas moi! » Voilà une réaction que tous ceux qui s'occupent d'enfants connaissent bien. Parfois l'enfant nie sa faute avant même d'avoir té questionné ou accusé. D'autres fois «il nie même s'il est surpris en flagrant délit. Il s'efforce de trouver un alibi, d'inventer une excuse, de détourner les soupçons. Le fait qu'il persiste à nier devant l'évidence ou qu'il s'embrouille dans des histoires absolument incroyables, loin d'ajouter à la responsabilité morale, prouve au contraire le manque de logique de l'acte. » (Allendy. « L'enfance méconnue »).

L'enfant cherche parfois à se décharger de sa faute en accusant un camarade. Les cas d'enfants accusant quelqu'un uniquement dans le but de lui nuire sont rares.

L'enfant ayant un sentiment d'infériorité, tout en cherchant à provoquer l'admiration d'autrui, essaie de se réhabiliter à ses propres yeux.
Une fillette, honteuse des robes qu'elle est obligée de porter, raconte à ses camarades qu'elle a beaucoup de jolies robes, mais qu'on ne lui permet pas de les mettre lorsqu'elle va à l'école.
Un jeune garçon, très malhabile dans ses leçons de travaux manuels, raconte qu'à la maison, il construit avec son père des machines extraordinaires sur lesquelles il donne même force détails.

Ecoutez ces réflexions d'enfants:

- « Claude Manivet, vous savez, maman, elle est menteuse!
- « Comment sais-tu qu'elle est menteuse, Claude Manivet? »
- « Je le sais parce qu'elle m'a dit qu'elle était allée à la mer pendant les vacances. Alors je lui ai dit que moi aussi j'y étais allée. »
- « C'est toi la menteuse, puisque tu n'es pas allée à la mer. Tu n'as pas honte de dire des mensonges? »
- « Si, après j'ai eu honte. Alors j'ai dit à Claude Manivet : « Tu sais ce n'est pas vrai, je ne suis pas allée à la mer! » Vous savez ce qu'elle m'a répondu? Devinez!… Elle m'a dit: « Moi non plus! »
- « Vous êtes deux sottes réunies. Pourquoi vous amusez-vous à mentir! »
- « On a trop besoin de se vanter! » dit Pomme. Estimant qu'elle s'est rachetée par sa franchise, elle ajoute fièrement:
- « Qu'est-ce que je suis menteuse! C'est plus fort que moi : il faut que j'invente. » (G. Chevallier. « Ma petite amie Pomme »).

L'enfant ment pour satisfaire un désir:
Marcel Proust raconte qu'un soir son père l'avait envoyé se coucher sans lui donner le temps d'embrasser sa mère, ce qui fut pour lui un gros chagrin. N'y tenant plus « j'écrivis à ma mère en la suppliant de monter pour une chose grave que je ne pouvais lui dire dans ma lettre… Mon effroi était que Françoise qui était chargée de s'occuper de moi, refusât de porter mon mot… Pour mettre une chance de mon côté je n'hésitai pas à mentir et à lui dire que ce n'était pas du tout moi qui avait voulu écrire à maman, mais que c'était maman qui en me quittant m'avait recommandé de lui écrire relativement à un objet qu'elle m'avait prié de chercher et qu'elle serait fâchée si on ne lui remettait pas ce mot. »

Plus simplement, voyez cet enfant qui passe devant la vitrine du pâtissier. Il vient à peine de terminer son repas, mais ses yeux brillent de convoitise à la vue de quelques appétissants gâteaux: « Maman, j'ai faim ». Il a d'autant plus de peine à résister que sa mère a déjà fréquemment cédé à cette petite ruse.

L'enfant peut mentir par paresse.
Quel écolier n'a pas prétexté un malaise pour éviter un devoir ennuyeux? J'ai connu un jeune garçon qui chaque fois qu'il apercevait un tram au cours d'une promenade, se mettait aussitôt à traîner les pieds et à se plaindre de fatigue.

Parfois l'enfant est en quelque sorte acculé au mensonge par les exigences de ses éducateurs. Il faut accorder aux enfants assez de liberté et de confiance pour qu'ils ne soient pas obligés d'acquérir leur indépendance par le mensonge et la cachotterie.

Votre garçon fume? Vous pensez qu'à son âge il est préférable de ne pas abuser des cigarettes? Soit! Mais il est certain qu'un peu de tabac lui fera moins de mal que des défenses de fumer arbitraires l'entraînant à dissimuler, ou des promesses qu'il n'arrivera pas à tenir.

Les amourettes entre jeunes gens et jeunes filles de 15-17 ans provoquent souvent une telle désapprobation ou de telles moqueries que tout naturellement elles deviennent cause de mensonge et de cachotterie.

Nous n'avons envisagé ici que quelques aspects du mensonge d'une façon bien sommaire. Cela suffit cependant à montrer combien le problème est complexe et combien il serait arbitraire sous le couvert de la morale d'exiger que l'enfant dise la vérité à tout prix et dans n'importe quelle circonstance.

Il est normal que les parents apprennent à leurs enfants à distinguer le vrai du faux, leur aident à prendre conscience de leurs erreurs et cherchent à développer en eux une saine loyauté. Nous avons vu comment la crainte d'une sanction ou de la désapprobation d'autrui peut acculer un enfant au mensonge. Il est donc vain de vouloir guérir ou dégoûter un enfant du mensonge à coups de morale et de punitions. Si un enfant a de la peine à dire la vérité, aidons-lui, plutôt que d'augmenter encore ses difficultés. Faisons preuve de compréhension et de tact. Ne donnons pas à ses erreurs une importance exagérée en les relevant à tout propos et sans discrétion. Lorsqu'un enfant réussit à faire un effort de franchise difficile pour lui, ne manquons pas de manifester notre joie et de le féliciter.

Aidons à l'enfant par notre attitude et par des explications simples à sa portée à prendre de plus en plus conscience de l'avantage qu'il retirera lui-même de sa propre franchise.









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