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La conversation à table
Dans «Education» (décembre 1942), un article de M. Meneault souligne toute l'étendue de cette question. En reprenant ce sujet, nous en rapportons quelques propos :
Autrefois avait cours une loi très simple « les enfants ne parlent pas à table ». Aujourd'hui les repas sont peut-être les seuls moments de la journée où parents et enfants, dispersés par leur travail ou leurs distractions se retrouvent. Nous, parents, sommes heureux d'oublier un instant nos préoccupations, notre bureau, notre atelier, de retrouver nos enfants et de reprendre contact avec eux. Aussi ne faut-il pas perdre cette occasion, puisque le repas réunit petits et grands, de se rapprocher en s'intéressant aux petits soucis des uns et des autres ou en mettant en commun les menus faits du jour.
La liberté de parler accordée à nos enfants, ne doit pas sombrer dans l'indiscipline, le désordre, les querelles. Eduquons-les à maintenir cette permission dans les limites de la politesse et du bon ton.
L'enfant très jeune doit savoir qu'il ne doit pas interrompre une discussion et que, si les grandes personnes parlent entre elles, il n'a pas à se mêler à leur conversation. C'est un exercice de patience et de « self-control » pour le petit que sa langue démange.
Il est inévitable que nos enfants apportent de l'école les expressions à la mode : c'est fou, formidable, épatant L'un d'eux veut conter une histoire, celle-ci est si intéressante et le narrateur et si pressé que la pensée va plus vite que la langue. L'application des règles de grammaire, l'emploi judicieux des temps deviennent des soucis très secondaires. Tout en tâchant de montrer qu'un langage correct est une forme charmante de politesse, ne soyons ni pédants, ni tyranniques, mais donnons toujours le bon exemple!
Le temps du repas doit avant tout être un moment de détente et de paix (ne serait-ce que pour assurer une bonne assimilation!).
Evitons de choisir cet instant pour exposer nos griefs contre gens et choses, pour « faire gronder » par son père l'enfant fautif. Le pauvre père aussi a droit à ces minutes de paix.
Ne mêlons pas trop nos enfants à nos soucis quotidiens, cependant, parlons un peu de nos difficultés, cela les préparera à une acceptation courageuse de quelques privations. Une conversation paisible, raisonnée avec le père de famille sera salutaire à nos « plus grands», si celle-ci est dirigée selon un plan élevé, dégagé de l'esprit de polémique. Ce sera l'occasion de leur apprendre à «juger » ce qu'ils entendent dehors ou à la radio.
Saisissons les moindres questions posées pour y répondre, selon nos connaissances, en cherchant toujours à en étendre le sujet. Questionne-t-on à propos du printemps, d'un vol d'oiseaux aperçu 1e matin? Répondons, par exemple, en parlant des saisons, des migrations, des livres qui les étudient.
Heureux les enfants qui auront reçu de leurs parents, jour après jour, ces petites pierres qui constitueront une base à leur culture générale et laisseront combien d'agréables souvenirs!
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