Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Racontons des histoires à nos enfants

Les enfants aiment qu'on leur raconte des histoires. S'ils n'ont pas l'imagination créatrice qu'on leur prête si souvent, ils ont une prodigieuse faculté d'illusions. Tout est nouveau ou encore inconnu pour eux: les hommes et la limite de leurs pouvoirs, la nature et ses lois, les choses et leurs propriétés. Ils ne demandent qu'à découvrir ce monde et les histoires les y aident d'une façon charmante.

Usons mais n'abusons pas de cette crédulité, car si l'enfant, à l'âge où l'on aime les histoires, retient aisément ce qu'il entend, les idées fausses s'installeront aussi facilement dans son esprit et il faut éviter cela.
Une histoire racontée est beaucoup plus attrayante qu'une histoire lue, mais il faut savoir raconter son histoire. Pour cela il faut bien la connaître, saisir ce qui en fait l'intérêt et la trouver soi-même attachante, émouvante ou gaie, s'identifier avec le caractère ou la situation du moment, se mettre un peu dans la peau de ses personnages et surtout avoir du plaisir à conter. Le petit auditeur profitera alors de cette joie qui s'ajoutera à celle suscitée par le récit. L'histoire racontée a en outre sur la lecture l'avantage de permettre d'insister sur quelques mots particulièrement heureux, de développer certains passages se rapportant à des situations familières, par conséquent plus accessibles et compréhensibles.

L'histoire peut contenir une petite morale, mais cela ne doit pas être son but; elle doit avant tout charmer, intéresser, éduquer l'attention, provoquer une gaîté bienfaisante, et la morale, s'il y en a une, doit se dégager très discrètement. Il ne faut pas que l'enfant qui a écouté une histoire puisse dire comme cette petite fille « les histoires sont jolies, mais il y a toujours un petit bout d'ennuyeux à la fin! »

Pour les tout petits, « l'histoire des trois ours »* , « des trois petits cochons », « de la vieille femme et son cochon», par exemple, sont des succès à coup sûr. Pourquoi plaisent-elles tant?

Elles sont caractérisées par la rapidité dans l'action ; il se passe tout le temps quelque chose, il n'y a pas de description inutile, il y a du mouvement et un enchaînement logique des idées.
En outre, ces histoires font appel à des choses que l'enfant connaît, entend, voit tous les jours. Dans « les trois ours», ce sont une maison, une chaise, des lits, des écuelles, mais ce sont la maison, les chaises, les lits, les écuelles de trois ours. Voilà qui transformera les scènes connues et teintera de mystère la simplicité des éléments mis en jeu. Des images familières, transportées dans le domaine de la fantaisie, contribueront au charme de l'histoire.

De plus, ces premiers récits qui réjouissent tellement les petits de trois ans déjà, contiennent toujours des répétitions. « Il y avait une fois trois ours qui demeuraient ensemble, dans une maison à eux, au milieu d'un bois. L'un d'entre eux était un tout, tout petit ours; le second était un ours de taille moyenne, et le troisième était un gros, gros ours. Ils avaient chacun une écuelle pour leur soupe; une petite écuelle pour le petit ours, une écuelle moyenne pour l'ours moyen, et une grande écuelle pour le grand, grand ours. » Et il en va de même pour leurs chaises, leurs lits. Si vous prenez une toute grosse voix lorsqu'il s'agit du gros ours, et une toute petite voix pour le petit ours, vous êtes sûre du succès.

Ces répétitions remplissent de joie les petits. «Il y a d'abord la subtile flatterie d'un sentiment inattendu de compréhension parfaite. Quand l'esprit enfantin, suivant avec une activité empressée un nouvel enchaînement de pensées, arrive tout à coup sur une expression ou une épithète déjà entendue, il doit éprouver une satisfaction analogue à celle que produisent sur une grande personne, les notes familières et aimées d'un air connu, au milieu d'un long programme de musique nouvelle.» « Chaque répétition accentue la note familière, excite le sens humoristique et facilite l'effort d'attention. »

Dans d'autres histoires, la répétition peut être appelée « accumulative ». C'est le cas dans « la maison que Pierre a bâtie. » «Voici la maison que Pierre a bâtie. Voici la farine qui est dans le grenier de la maison que Pierre a bâtie. Voici le rat qui a mangé la farine qui est dans le grenier de la maison que Pierre a bâtie», etc. La gymnastique intellectuelle qu'il faut faire pour suivre sans omission un tel enchaînement de péripéties est certainement la source de la joie et de la satisfaction que les enfants éprouvent.

Si les histoires sont racontées à des groupes d'enfants, outre le moment de détente qu'elles peuvent procurer, elles offrent encore d'autres ressources.

Faire raconter par les enfants les histoires entendues, c'est développer leurs moyens d'expression. Un seul enfant peut être chargé de raconter l'histoire, ou ce qui rend l'atmosphère plus vivante encore, un enfant commence le récit, un autre le poursuit et ainsi de suite.

Faire illustrer l'histoire par le dessin ou au moyen de silhouettes découpées, si l'on dispose de ciseaux et d'un peu de papier noir, constitue une façon très simple d'obliger l'enfant à se représenter nettement une image et la concrétiser.

Enfin faire « jouer l'histoire » par les enfants, c'est leur offrir un jeu facile à réaliser. Donner peu ou pas d'indications et laisser les petits acteurs créer chacun leur rôle : il y a des enfants qui s'en tireront admirablement, d'autres réussiront moins bien, mais chacun sera pris au jeu et y trouvera du plaisir. « Le petit chaperon rouge », «le renard et les raisins », «le lion et le rat » sont entre autres très faciles à représenter. S. C. Bryant eut l'occasion d'assister à plusieurs de ces «représentations» et voici à titre d'exemple, le récit qu'elle fit de l'une d'elle. Il s'agissait «du lion et du rat ». « Le lion était couché sur le plancher, et ronflait, mais il tressaillit lorsque sa patte rencontra la souris qui s'était pelotonnée à ses pieds, en se faisant aussi petite que possible. Elle persuada le lion de l'épargner, et s'enfuit. Bientôt un horrible rugissement émana de la bête féroce. La souris accourut et prononça ce soliloque, une réminiscence, évidemment. - «Qu'est-ce qui arrive au lion? Oh! je vois, il est pris dans un filet. » Et elle se mit à ronger les rêts invisibles avec ardeur. - « Pourquoi êtes-vous si bonne pour moi, petite souris? » demanda le lion, lorsqu'il fut délivré. –« Vous m'avez laissée partir, quand je vous en ai prié», répondit la souris avec modestie. - «Merci petite souris», rétorqua le lion; et chacun reprit sa place. »

Il est difficile de faire une classification rigoureuse des types d'histoires d'après les âges. Le choix du récit dépend de la perspicacité de l'enfant qui écoute et aussi de la manière dont le récit est fait, c'est-à-dire avec un accent mis sur tel ou tel détail.

Les tout petits sont ravis par les contes burlesques, les petites histoires à répétition, les contes de fées les plus simples, quelques fables mises à leur portée, les récits où les animaux sont plus ou moins personnifiés. Ces récits font naître des sympathies qui sortent l'enfant de son égocentrisme. « Quand vous commencez: « il y avait une fois un petit lapin tout habillé de fourrure grise ..» la curiosité de l'enfant est éveillée par le seul fait que le lapin n'est pas un de ses semblables, mais quelque chose de tout à fait différent. (Maintenant, dit son esprit captivé, nous allons entendre des aventures, nous partons pour des régions inconnues). Il écoute, les yeux écarquillés, pendant que vous continuez : « il vivait dans un chaud petit nid, sous la terre, au fond d'un terrier, avec sa maman »… (comme ça serait drôle de demeurer dans un endroit comme ça, si différent de la maison d'un petit garçon! …) «Il s'appelait Ratapon, et le nom de sa maman était Marion Courte-Queue. Et, chaque matin, quand Marion Courte-Queue sortait pour chercher à manger, elle disait à Ratapon : à présent. Ratapon, rappelle-toi que tu n'es encore qu'un bébé lapin, et ne bouge as de ton nid. Quoi que ce soit que tu entendes, quoi que ce soit que tu voies, ne bouge pas… » Tout ceci est à la fois très neuf, et cependant bien connu : on découvre que les lapins ont quelque chose de commun avec les gens. Ainsi l'histoire progresse et le petit lapin fourré passe à travers des expériences, étrangères et cependant analogues à celles des petits garçons. Il est effrayé par un serpent, consolé par sa maman, et conduit dans une nouvelle maison, sous l'herbe, au bout d'un long corridor, et de toute l'histoire se dégage une morale bien familière à l'enfant: «Il faut obéir à sa maman.» Quand l'enfant a vécu la journée de Ratapon, celui-ci commence à devenir pour lui un véritable petit "frère inférieur ». Il est entré par l'imagination dans les sentiments et les impressions d'une créature différente de lui-même élargissant ainsi son petit univers d'enfant.

Les plus grands entendront avec joie et intérêt, outre les fables et tous les contes de fées, des récits du folklore, des récits tirés de l'histoire naturelle, des récits historiques et enfin des histoires vraies et vécues.

Les citations sont extraites de « Comment raconter des histoires à nos enfants », par Miss S. Cone Bryant.

* Livres roses pour les enfants, n° 1 (Larousse, éditeur).


Nous avons à la disposition de nos lecteurs des titres d'ouvrages contenant des histoires à raconter. Réd.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève