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Les aversions

Tous les parents savent, soit par leurs souvenirs d'enfance ou leurs propres expériences, soit en voyant autour d'eux grandir leurs enfants, que l'adolescence, période de transition entre l'enfance et la maturité, peut être caractérisée par des troubles affectifs. Ceux-ci peuvent avoir une profonde répercussion sur la vie de l'adulte, s'ils n'ont pas été, en leur temps, compris comme il le fallait.

Les précoces passions amoureuses, comme les passions hostiles, les aversions, sont des manifestations fréquentes de cette période.

Toutes deux accompagnent la mue de l'individu. marquant son désir de passer d'un état à un autre, son besoin de s'échapper de l'horizon habituel. « Les unes poursuivent quelque mirage plus ou moins lointain, tandis que les autres se tournent avec fureur contre tel ou tel élément de l'entourage immédiat, qui-symbolise aux yeux de l'adolescent, soit les liens qui l'entravent, soit l'enfance dont il voudrait s'évader.

Souvent le jeune garçon et la jeune fille deviennent, dès qu'ils rentrent chez eux, taciturnes et revêches: parfois ils s'en prennent à toute la famille prise en bloc, parfois à un seul de ses membres, sans bien connaître eux-mêmes les motifs d'un pareil choix ».
Ces mouvements exaltés sont liés à une évolution naturelle dont ils caractérisent une certaine phase. La compréhension de l'éducateur, son attitude de vigilante expectative éviteront que ces passions ne se fixent et contribueront plutôt à leur disparition.

Que dire à une fillette qui assure qu'elle ne peut vivre avec telle autre, et qui affirme « ce n'est pas ma faute… c'est plus fort que moi? »…

A quoi aboutiraient la raillerie et la contradiction? Elles ne feraient sans doute qu'exaspérer la tendance qu'elles prétendraient combattre. Tenter une discussion, si pondérée soit-elle, faire appel à de bons sentiments, ne peuvent qu'amener l'enfant, qui se croirait incomprise, à se retirer dangereusement en elle-même. Il ne faut pas lui demander d'expliquer son attitude, elle ne trouverait que des arguments pour renforcer et donner corps à son aversion.

Mieux vaut avoir l'air d'accepter provisoirement ce que dit l'enfant, en se gardant pourtant de prendre parti. On l'incitera, en murmurant avec indulgence: « Tu es bien sévère, ne trouves-tu pas?» à réfléchir sur ce qui la préoccupe. Un tel travail intérieur peut avoir de bons effets, pourvu que l'éducateur le respecte et ne cherche pas à le guider.

Dans une telle situation, il faut surtout éviter d'introduire le plus petit élément tragique. Moins les parents auront de réaction, moins l'aversion aura tendance à se stabiliser. L'on écoutera les pires diatribes comme une chose toute naturelle et comme si l'on sous-entendait toujours : « chacun peut bien avoir les opinions qu'il croit bonnes ». L'on ne doit avoir d'autres préoccupations que d'apaiser, d'empêcher la cristallisation des sentiments, de détourner, autant que possible, l'attention vers d'autres objets». Il faut se souvenir que la meilleure manière d'apaiser un être, c'est de lui donner le spectacle de la sérénité et d'une juste et paisible appréciation des choses.

La connaissance exacte des causes profondes de ces sentiments hostiles permettront d'envisager des procédés plus précis et mieux adaptés. Mais ces causes peuvent être complexes et enchevêtrées rendant leur dépistage difficile. Aussi de nombreuses hypothèses sont-elles permises?

Il arrive que quelqu'un nous déplaise parce qu'il est confusément associé dans notre esprit à telle impression désagréable ou à tel fait plus ou moins oublié; nous pouvons lui en vouloir de nous présenter un aspect de nous-mêmes que nous repoussons de toutes nos forces; nous pouvons lui en vouloir d'être un obstacle à notre épanouissement.

Un frère ou une soeur ont mille sujets d'être odieux à un adolescent, parce que leur sort est trop lié au sien, à l'heure où le désir d'indépendance atteint son paroxysme.

La vie commune, véritable oeuvre d'art lorsqu'elle est harmonieuse, multiplie les risques de friction et par suite d'exaspération. Une séparation momentanée amène souvent une détente après laquelle, il est plus facile de remettre les choses au point. Ou sans aller jusqu'à la séparation totale, on peut éloigner les enfants en trouvant pour eux des centres d'intérêt différents.

En effet, les pousser à avoir les mêmes amitiés, les mêmes occupations dans le même temps, est un rapprochement voué d'avance à l'échec. On n'obtient rien par la contrainte; « au contraire, les deux enfants iront plus volontiers l'un vers l'autre, s'ils sont libres de le faire quand il leur plaît et s'ils ont à mettre en commun des expériences différentes ».

Bien des parents trouvent plus rassurant et plus simple de savoir tous leurs enfants au même endroit, avec les mêmes personnes, dans les mêmes circonstances; mais, les enfants supportent-ils toujours bien cet état de frères ou de soeurs quasi-siamois ? Lorsque tout va bien, cette indivision est pleine de charme, mais elle devient tragique lorsque l'aversion s'en mêle. « Car la haine naît très souvent du conflit d'un désir d'éloignement et d'une impossibilité matérielle ou sentimentale - de s'éloigner ».

N'oublions pas tout ce que la joie offre comme ressource aux éducateurs dans la solution d'un tel problème. Rapprocher habilement les adversaires à l'occasion d'une fête ou d'une réjouissance collective c'est leur procurer de bons souvenirs communs, «S'il est dangereux de prétendre lier deux enfants par la contrainte, il ne peut être qu'excellent de les lier par la joie ; c'est donc dans le plaisir du jeu, dans l'exaltation de la réussite et dans l'allégresse des collaborations actives que leur solidarité trouvera la faculté de se développer jusqu'à devenir consciente et amicale ».









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