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Education de la liberté

Il y a quelque vingt ans, un certain nombre de parents se réjouissaient à l'idée de la liberté plus grande que les moeurs d'après-guerre donnaient à leurs enfants. Plus de simplicité dans les relations, entre jeunes gens et jeunes filles, occasions plus fréquentes d'aller ensemble à la montagne leur semblait un bien. Les jeunes apprendraient à se mieux connaître, il y aurait plus tard moins de ménages mal assortis, partant de familles malheureuses.

Cette liberté plus grande, la vie la rendait du reste nécessaire. Les jeunes filles devaient de plus en plus choisir une profession qui les sortait du sein de la famille et les rendait indépendantes. Elles côtoyaient l'homme constamment, pendant leur apprentissage ou leurs études, en attendant de le faire dans leur travail. N'était-il pas naturel que cette camaraderie subsistât aussi pendant les heures de loisir? Beaucoup de parents et d'éducateurs furent déçus. Trop de jeunes mésusèrent des possibilités qu'on leur offrait. On en incrimina les nouvelles coutumes; des médecins affirmèrent qu'elles amenaient chez les jeunes une excitation dangereuse; ils appuyèrent ainsi certains moralistes qui essayaient, sans trop y parvenir, de limiter cette liberté estimée exagérée.

Les principales causes de ces fréquents échecs ne sont ni d'ordre physiologique ni du ressort de la morale. Ils sont dus avant tout à une carence éducative.

La plupart des enfants sont encore tenus en laisse, entourés trop étroitement par des parents, fort bien intentionnés du reste. Toutes les décisions sont prises pour eux; comme les oiseaux donnent à leurs petits la becquée tout amollie, on fournit aux enfants des joies et des travaux tout préparés. Mais on oublie une chose importante: les laisser exercer et fortifier leurs ailes.
Brusquement, vers 15 ou 16 ans, comme les moeurs actuelles l'imposent, on leur ouvre la cage et l'on s'étonne que leurs ailes ne les soutiennent pas.

Avant d'esquisser la manière dont nous pouvons préparer nos enfants à devenir des êtres libres, précisons le sens de ce termes : Un être libre est capable de vivre sans autres contraintes apparentes que celles choisies par lui-même, après s'être assuré que le but qu'il poursuit ne lèse en rien ceux qui l'entourent. Il n'est donc pas question pour lui de se laisser aller à toutes les suggestions ou sensations que la vie lui offre à profusion. Il doit être capable de choisir, puis de prendre la responsabilité de son choix, et enfin de mener son oeuvre à chef.

C'est dès l'âge le plus tendre que nous devons commencer à former le caractère de nos enfants. Très progressivement, mais très régulièrement aussi, nous devons leur apprendre à obéir, et surtout à choisir et à avoir des responsabilités.
Un enfant auquel nous faisons confiance pour de petites choses (pour lui, elles sont grandes), aura confiance en nous. Il nous obéira, à condition que nos ordres soient raisonnables, ce qui n'est malheureusement pas toujours le cas. Plus tard, il saura aussi obéir aux exigences de sa propre conscience pour atteindre le but rêvé par lui. Faisons donc attention de ne pas être des dictateurs. Si parfois nous demandons un acte d'obéissance sans donner d'explications, que ce ne soit pas la règle. L'enfant doit, très tôt, être convaincu qu'il obéit volontairement, certain de l'avantage qu'il en aura. La crainte de la punition amène une fausse obéissance qui ne sera pas durable.

Très jeune également l'enfant est capable de choisir. Vers trois ou quatre ans déjà il pourra dire, en voyant quelques images, celle qu'il aimerait à suspendre au chevet de son lit. Plus tard, il décidera s'il préfère l'étoffe bleue ou la rose pour son tablier neuf. Quelle joie à 7 ans de choisir le papier qui protègera ses premiers livres d'école! A mesure qu'il grandira, l'enfant devenu adolescent saura faire un achat sans se gêner ou hésiter interminablement pour se lamenter ensuite sur l'objet de son choix. Il décidera aussi de l'emploi de ses loisirs et de tant d'autres choses encore.

Laisser à nos enfants cette possibilité de choisir n'est pas toujours aisé pour nous, les mamans. Ne désirons-nous pas tout faire pour faciliter, ou ce que nous croyons faciliter, la vie de ceux qui nous entourent. Nous avons aussi beaucoup de peine à oublier que nos enfants ne sont plus des tout petits bébés. Nous étions si heureuses de les sentir dépendre entièrement de nous.
Et pourquoi perdre un temps si précieux en attendant qu'une petite fille ait décidé de l'étoffe qu'elle préfère? Nous ne nous rendons pas compte que le temps perdu à cette occasion sera récupéré bien des fois.

Nous éprouvons les mêmes difficultés, pour des raisons analogues, à laisser à nos enfants des responsabilités. Si nous donnons à notre bambin la tâche de serrer son train nous craignons qu'il oublie un rail et que de ce fait celui-ci soit abîmé. « Pierrot en aura tant de chagrin, et que pensera grand-papa du peu de soin que nous prenons de son beau cadeau? Il en sera peiné. » C'est entendu, mais n'est-ce pas bien plus important que Pierrot apprenne que personne ne contrôle le petit travail que nous lui avons confié? S'il est mal fait, c'est lui qui en subit le tout premier les conséquences.

« Si je ne vérifie pas chaque matin le sac de mon petit écolier il oubliera son crayon ou ses dix heures. Il aura une mauvaise note de conduite ou sa santé en souffrira.» «Si Pierrette n'a pas bien appris son allemand elle sera grondée, elle aura encore plus de peine à suivre cette leçon qu'elle n'aime pas beaucoup ». Nous ne remarquons pas qu'en vérifiant chaque jour le sac de nos enfants c'est nous et pas eux qui méritons la bonne note de conduite. De même, si nous aidons toujours Pierrette à faire ses devoirs nous lui évitons tout effort personnel et nous ne lui permettons pas de prendre conscience de ses propres facultés. Au contraire, nous donnons à nos enfants une grande joie en leur disant : « Je compte sur toi pour ce travail, je sais qu'il sera bien fait» ou bien : « Ce soir je sors, je te permets de garder la lumière jusqu'à 8 heures et demie, après cela tu éteindras, personne ne sera là pour vérifier, mais je sais que je peux avoir confiance.»

Si nous réussissons à avoir avec nos enfants cette attitude nous leur apprendrons à compter sur eux-mêmes et pas sur nous. Ils ne seront pas tentés de se dire : « Oh il n'y a pas besoin de se donner tant de peine, maman est là pour tout arranger. »

Que feront les enfants qui s'appuient toujours sur leur mère quand elle ne pourra plus surveiller tous leurs actes et qu'ils devront prendre leurs responsabilités? Nous demandons d'eux un effort impossible. Habitués à trouver toujours quelqu'un sur qui compter, ils auront recours au premier venu qui leur offrira de les aider. Ils ne seront pas capables, dans leur désarroi, de discerner si cette aide est bonne ou mauvaise, l'important sera que quelqu'un décide pour eux.

D'autres enfants sont animés de désirs d'autonomie et d'indépendance; une autorité constamment imposée, parfois même une sollicitude exagérée leur sont depuis des années à charge. Ils profiteront alors de la première fissure pour échapper au contrôle des parents. Ils exagèreront leurs manifestations d'indépendance pour bien se prouver à eux-mêmes que toutes traces des liens qui leur étaient si pénibles a disparu. N'est-il pas navrant d'entendre un jeune homme dire deux ans avant ses examens de maturité : « Oh! moi je ferai des études d'ingénieur agronome. On ne peut les faire qu'à l'Ecole polytechnique de Zurich. Comme ça je suis sûr de quitter ma ville et ma famille. » Ce garçon vivait dans un milieu charmant, cultivé et artiste. Mais le père et la mère manifestaient à leur fils une tendresse à la fois enveloppante, autoritaire et exclusive qui lui devenait parfaitement insupportable. Ses ailes constamment rognées étaient par trop douloureuses.

Nous devons réussir à élever nos enfants sans jamais les faire souffrir de notre autoritarisme. Soyons pour eux le tuteur qui empêche le jeune arbre de se déformer et qui à mesure que celui-ci se fortifie devient de moins en moins utile. Soyons aussi le port d'attache où les jeunes reviendront toujours, sachant qu'ils y trouveront, pour peu qu'ils le désirent, aide, conseil et réconfort. Donnons-leur, en partageant avec eux certaines de nos préoccupations, un bel idéal ; apprenons-leur à sentir les beautés réelles de la vie, la grandeur d'un amour sain et créateur. Montrons-leur aussi la profonde valeur de la vie spirituelle et l'aide et le réconfort qu'elle nous apporte à tous.

Ainsi munis, nos enfants pourront affronter la vie et ses difficultés. Ayant toujours eu le sentiment d'être libres, parce qu'ils ont toujours eu les libertés et les responsabilités compatibles avec leur âge, ils ne seront pas grisés par l'indépendance soudaine qu'on leur offrira. Ils n'éprouveront pas non plus le besoin de secouer un joug qui n'aura jamais existé. Nous verrons alors avec joie que nous, les parents, de guides que nous étions, devenons peu à peu des amis. Et quelle belle récompense des enfants vivant librement, sainement, en dehors de nous, mais qui nous manifestent un amour confiant et profond parce qu'ils ont toujours senti que nous les aimons pour eux et pas pour nous.









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