Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

La jalousie, obstacle méconnu

Sous ce titre, le Dr G. Richard, privat-docent à l'Université de Neuchâtel, vient de publier une brochure où il montre d'une façon brève mais claire combien fréquemment la jalousie est à la base de conflits et quel rôle important elle joue dans le développement du caractère.

A côté de la jalousie consciente dont les manifestations extérieures (pugilats pour la possession d'un objet, disputes au sujet de la grosseur d'un morceau de gâteau) nous sont bien connues, il existe une jalousie inconsciente, insidieuse, plus fréquente que nous ne le pensons et bien plus grave car ce sentiment étant voilé, caché, camouflé, nous en ignorons les causes exactes. « En effet, les sentiments qui éclatent au grand jour, nous pouvons en parler, y penser, en chercher les causes et quelquefois leur trouver un remède. Mais ceux qui restent cachés nous échappent et… continuent à tourmenter l'enfant sans que nous puissions intervenir. »

Pourquoi cette jalousie se cache-t-elle si bien ? Elle représente non seulement un conflit entre un enfant et son petit frère par exemple, mais elle déclenche encore chez cet enfant un conflit entre lui et ses parents. Qu'on se représente ce qui se passe chez un petit enfant, un premier-né qui a été jusqu'ici le centre de l'affection de sa mère. Paraisse un autre enfant qui partagera cette affection, les soins, l'attention que lui seul recevait. Il est naturel qu'il redoute de perdre sa mère et son amour qui n'étaient que pour lui. Aussi l'enfant réagit par l'hostilité ; hostilité envers le nouveau venu, hostilité envers la mère. Mais l'enfant sait par expérience que toute colère de sa part contre sa mère la lui rend moins aimante. « Il hait sa mère de moins l'aimer et il sait que d'éprouver quelque chose de semblable va tourner sa mère contre lui Le désir de garder l'amour de sa mère déclenche en lui un sentiment - l'hostilité - qui précisément risque de la lui faire perdre ! N'y a-t-il pas là une raison impérieuse de réprimer immédiatement toute manifestation de jalousie de ce genre? » Ce sentiment, inavouable, se trouve ainsi refoulé et caché par l'enfant.

Le Dr G. Richard illustre très clairement ce refoulement par l'exposé d'un cas de jalousie chez un petit garçon de 9 ans.

Pierre, jusque là élève attentif et appliqué, est depuis quelque temps distrait, rêveur et en passe de devenir un des derniers de sa classe. A la maison, il se montre moins confiant à l'égard de ses parents il souffre en outre de somnambulisme et a des cauchemars. Pierre a une petite soeur de 6 mois. Sa mère, femme intelligente et perspicace, n'a cependant pas remarqué chez lui des marques de jalousie à l'égard de sa petite soeur. Tout en parlant habilement avec l'enfant et en attirant l'attention de mère sur certains faits du comportement de Pierre, le Dr G. Richard en arrive à la conviction nette que le petit garçon passe par une crise de jalousie dont ni l'enfant, ni sa mère ne sont conscients. Si Pierre n'en est pas conscient, c'est que quelque chose qui lui en a honte ou peur, c'est que inconsciemment il devine que cette jalousie serait blâmée par ses parents. Lui expliquer à brûle-pourpoint qu'il est jaloux de sa petite soeur, c'est provoquer chez lui une réaction de protestation, ce qui ne manquerait pas d'enfouir encore plus profondément le sentiment étouffé; il faut au contraire montrer à l'enfant qu'il doit souffrir de quelque chose depuis que son père et sa mère ont moins de temps pour s'occuper de lui, que cela n'est pas possible autrement; lui expliquer que nous avons tous de la peine à supporter d'avoir une moins grande place auprès de nos parents; lui raconter que d'autres enfants que lui ont été dans sa situation et en ont été troublés dans leur travail. Nous n'aimons pas penser à ces choses pénibles, aussi nous les « enterrons » ; mais elles continuent à nous tourmenter secrètement, mieux vaudrait les sentir clairement ; il n'est pas blâmable d'avoir des sentiments de ce genre.
Ainsi, peu à peu, l'enfant s'apprivoise, a confiance et se sent compris; la lumière se fait dans son coeur et son esprit, il s'explique maintenant les unes après les autres les choses qui n'allaient plus et le tourmentaient. Il extériorise tout ce qui était caché, il prend conscience.

Après six à huit séances, la crise de jalousie s'atténue de plus en plus chez Pierre. Ses parents constatent un mieux notable dans son travail et dans son attitude en général. L'enfant paraît être guéri lorsque deux ans plus tard, il manifeste à nouveau des symptômes témoignant le réveil de la vieille jalousie : désordre, inattention, distraction, nervosité, gestes agressifs secrets envers la petite soeur (Pierre la pince, lui tire les cheveux), gestes démontrant l'hostilité découlant de la jalousie. Cette rechute s'explique par deux causes : l'une, essentielle, est que la petite s'étant mise à parler, est devenue un centre d'admiration ; une autre, secondaire, est qu'on a dû, pour recevoir un grand-père, priver Pierre de sa chambre et le reléguer à l'autre bout de l'appartement. Cette fois encore Pierre ne voit pas sa jalousie, mais il suffit de lui en énumérer tous les petits signes qui la trahissent pour qu'il comprenne ce qui se passe en lui; ceci se fait rapidement et tout rentre dans l'ordre.

Cependant la prise de conscience d'une jalousie refoulée n'est pas toujours facile et rapide. Il faut parfois un temps considérable pour mettre au jour un sentiment qui paraît coupable à l'enfant. L'éducateur y parviendra d'autant mieux qu'il sera lui-même intimement convaincu de la souffrance de l'enfant et des difficultés qui sont les siennes. « C'est à lui montrer l'inutilité et la nocivité pour lui-même de ses réactions de jalousie que nous viserons, à lui faire voir en quoi elle font obstacle à l'amour et à la collaboration fraternelle. Et ceci, l'enfant le reconnaîtra facilement, pensons-nous, s'il a senti en nous quelqu'un qui ne se met pas au-dessus de lui pour le juger et comprend simplement qu'être jaloux est une souffrance. »

Dans la seconde partie de son exposé, le Dr G. Richard envisage la jalousie de l'adulte. Faire une distinction entre l'adulte et l'enfant quand il s'agit de jalousie ne semblerait pas nécessaire. En effet, « les adultes jalousent exactement comme les enfants car le plus souvent leurs jalousies de grandes personnes sont toutes imprégnées des effluves qui montent du fond de leur enfance ».

Les relations familiales, professionnelles, sociales, peuvent être empoisonnées par une jalousie autrefois refoulée.

La lecture de la brochure du W Richard apportera aux parents et aux éducateurs une aide précieuse en les rendant attentifs aux causes profondes et cachées de nombreux troubles de caractère, de comportement ou de faculté de travail et en leur montrant la nécessité pour l'individu jaloux de prendre conscience, de « liquider » un sentiment refoulé.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève