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L'imagination (Suite)
III. Ce serait de plus une grande erreur de croire qu'une éducation sèche et abstraite s'accorde avec le gouvernement d'une imagination ardente. Cette faculté, comme toutes les autres, a besoin d'un objet auquel elle puisse s'attacher, et si on tentait de le lui refuser, pour la faire mourir d'inanition, elle saurait briser toutes les entraves et aller chercher une pâture quelconque. Or il y en a toujours assez dans la vie humaine qu'on ne saurait lui dérober. C'est alors qu'on aurait à craindre les plus grands écarts. Le torrent que vous vouliez arrêter brusquement, sortirait de son lit, pour désoler les campagnes, tandis qu'en dirigeant son cours et en y ménageant des tranchées, on aurait profité de ses eaux, pour arroser les terres et leur donner une fertilité nouvelle.
Donnez donc un aliment à une imagination vive, mais donnez-le pur, naturel et tempéré par tout ce qui peut occuper utilement les autres facultés. L'imagination trop ardente sera modérée par l'action des autres forces, comme un cheval trop vif est retenu par ceux avec lesquels il est attelé. Livrez à l'imagination des objets, au milieu desquels elle puisse se jouer sans danger, des fleurs, des oiseaux, des crayons, des instruments de musique, un parterre à soigner, des broderies, des papiers à découper, des voyages à extraire, des poésies naïves et pures; procurez-lui le plaisir de chercher, d'inventer quelque chose.
Ainsi nous nous garderons de la fausse sagesse qui voudrait étouffer tout élan de tête et de coeur chez la jeunesse; nous ménagerons un aliment aux âmes tendres ou pleines d'une énergie dévorante, en les occupant de douces études et d'idées heureuses. Par là nous préviendrons toute application funeste d'un des plus magnifiques dons que la Providence ait accordés à l'homme.
IV. - Nous envisageons comme peu prudent de mettre sous les yeux des enfants la peinture de certains vices dont ils ne paraissent pas avoir été atteints. Toute indiscrétion sous ce rapport peut être comme une étincelle tombant sur des matières inflammables. Le blâme dont la peinture de ces vices est accompagnée, n'est pas une sauvegarde suffisante, parce que dans l'état déchu de l'homme, le mal a toujours quelque attrait. Lorsque le tableau en est présenté à la jeunesse, l'imagination s'en empare, le grossit, lui prête des couleurs attrayantes, et l'on ne peut pas répondre de l'effet qui sera produit. Insistez fortement sur le vice, lorsque vous voyez qu'il se développe; mais jusque là n'en parlez pas ou n'en parlez qu'avec une extrême réserve, de peur de provoquer le mal que vous voulez éviter. Ceci s'applique surtout aux vices impurs, si communs parmi la jeunesse.
V. - Enfin, pour corriger les abus d'une imagination vagabonde, ayons soin d'entretenir habituellement les enfants de toutes les idées qui peuvent leur faire aimer ce qui est vrai, ce qui est beau et ce qui est bon. Ces idées, jetées dans l'âme sous forme d'images, seront fréquemment reproduites et prendront la place d'images contraires, qui pourraient la souiller ou l'agiter de la manière la plus funeste.
En général, pour maintenir l'âme des enfants dans une région de sainteté, nourrissons-les de la Bible. Cherchons pour eux dans le volume sacré tout à la fois un aliment délicieux pour leur imagination et un préservatif contre ce qui pourrait l'égarer. Son étude nous fait entrer dans une atmosphère pure et élevée, où nous laissons loin de nous les mauvaises passions et les vaines espérances et où nous éprouvons bientôt que l'amour infini manifesté dans l'envoi du Fils de Dieu, transforme notre âme et prépare ses éternelles destinées. L'avenir s'illumine des saintes clartés la Révélation y répand et la foi réalise d'avance, par des images vives, ce qu'elle promet au fidèle; car «la foi est une vive représentation des choses qu'on espère et une démonstration de celles qu'on ne voit point». Héb. 11, 1.
Lisez ou faites lire une parabole de l'Evangile; attachez-vous à en faire ressortir les principaux traits, éclaircissez bien la figure avant de passer à l'idée qu'elle présente, faites ressortir l'éclat de l'image, sa grâce et ses rapports avec l'objet; vous enrichirez ainsi l'âme de l'enfant des types les plus parfaits.
Procédez de même à l'égard des morceaux les plus remarquables des psaumes et des prophètes; les images nobles, vives et touchantes y abondent, et ce sera avec un véritable charme que les enfants viendront puiser à ces sources sacrées. Vous les verrez écouter avec avidité les éclaircissements que vous leur donnerez, leur attention demeurera comme suspendue à vos lèvres, et les merveilles de la Parole divine se déployant devant eux, ils ne pourront qu'être frappés de leur beauté immortelle. «L'Ancien Testament, disait Herder, est une galerie d'histoires, d'images, de caractères et de scènes qui représentent le crépuscule du matin, avec ses nuances infinies, et le lever du soleil dans tout son éclat. Dans le Nouveau Testament, l'astre est arrivé à son midi.»
On comprend d'ailleurs qu'une telle marche facilite beaucoup à l'enfant l'usage de la Bible, et lui en donne en quelque sorte la clef.
Mais pour que les parents ou les instituteurs puissent expliquer avec fruit les saintes Ecritures et en faire apprécier le langage, il faut qu'ils soient eux-mêmes sous l'influence des vérités divines. Qu'ils aillent donc souvent sur la montagne, comme autrefois Moïse pour s'entretenir avec le Seigneur; lorsqu'ils se seront rapprochés de lui par le recueillement, la méditation et la prière, et qu'ils reviendront au travail, de nouvelles clartés illumineront leur esprit, leur coeur plein de l'onction divine la distillera avec abondance, leurs lèvres parleront avec grâce, et la bénédiction d'en haut reposera sur leurs enseignements.
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