Accueil
   

 

 

 

RECHERCHES
Rechercher un mot dans les articles:


Recherche avancée
• par mots
• par thèmes

ARCHIVES DE TOUS LES ARTICLES



AUTRES MENUS
ACCUEIL
ADRESSES
  • Adresses utiles
  • Bibliographie
  • Liens Internet
LE JOURNAL






Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
RETOUR

Ton et temps

Deux amies causent au coin du feu :
« Comme c'est difficile de faire comprendre certaines choses aux hommes! dit Madame A., ainsi, hier, mon mari est sorti faire une course dans le quartier sous la pluie, sans avoir mis un manteau et il avait un costume tout neuf! Au retour, profitant d'un instant de répit avant le repas, il est allé faire un peu de menuiserie dans la chambre où son fils a installé un établi. Quand j'ai vu ça, je me suis indignée naturellement, car il n'avait pas pris le temps d'enfiler une blouse de travail, et la sciure, soulevée par ses coups de scie, collait à son habit humide. C'était vraiment un manque de soin total! »
- « Ce matin, c'est mon fils qui m'a joué un tour du même genre, dit à son tour Madame B. Ne l'ai-je pas surpris en train de réparer le pneu de son vélo sans avoir pris la peine d'enlever un veston presque neuf acheté cet automne à grands frais et au prix de beaucoup de coupons. C'est vraiment incroyable qu'il n'y ait pas pensé tout seul, et je lui ait dit son fait comme il le méritait. »

Silence plein de véhémence muette.
« Ce qu'il y a de plus fort, continue Madame A., c'est que mon mari m'a répondu. « Mais ne prends donc pas la chose tellement au tragique, le mal n'est pas si grand et il est réparable avec un bon coup de brosse »; comme si enlever la sciure collée à un habit était un petit travail! On voit bien qu'il ne sait pas toute la peine que ça donne ».
« Et mon fils m'a dit à peu près la même chose, reprend Madame B. Il a relevé un front furieux au-dessus du baquet d'eau sur lequel il était penché et il m'a rétorqué : « Mais la maison ne va pas crouler à cause de ça, et ce n'est pas la peine de te mettre dans un pareil état. Si tu voyais la figure que tu fais ».
« Je pense bien que je n'avais pas une figure très aimable, et les coins de ma bouche devaient s'abaisser un peu ridiculement».
Nouveau silence lourd de pensées orageuses.
« Ce qui me vexe, recommence Madame A., c'est que mon mari m'accuse de mettre beaucoup trop d'importance à ces détails. Et pourtant il sait bien qu'ils sont aussi secondaires pour moi que pour lui. Seulement, au moment même, je ne vois plus que ça, et il faut que ça sorte; mais cela ne veut pas dire que je ne mette pas les grandes questions de la vie bien au-dessus de ces détails».
- « C'est comme pour moi, renchérit Madame B. Mon fils sait parfaitement bien que je ne place pas la propreté d'un habit sur le même plan que la bonté ou la droiture de caractère que j'attends de lui, par exemple. Mais enfin, quand on se représente les taches d'huile et de poussière qu'il y aura certainement à enlever après la réparation du pneu, c'est bien naturel qu'on ne pense plus qu'à cela sur le moment ».

Le silence s'établit de nouveau; cette fois il semble plus calme, plus contenu, plus intérieur. Les deux amies réfléchissent profondément.

«C'est curieux que j'aie ainsi pu donner à mon fils l'impression que plus rien n'existait pour moi en dehors de son habit taché, car je ne le pensais pas dans le fond. C'est probablement que mon ton ne correspondait pas à ma pensée; il était trop vif, trop agressif. »
- « Mon mari a du être également surpris par la violence de mon invective au sujet des brins de sciure sur son habit, et c'est ça qui a envenimé l'affaire; car après nous avons eu un peu de peine tous les deux à retrouver notre bonne entente habituelle ».
- «Et chez moi, mon fils a bougonné pendant tout le repas à la suite de cette scène, et j'en ai été attristée car j'avais préparé soigneusement un bon dîner qui aurait dû être plus apprécié. Si seulement j'avais fait ma remarque après le repas, pensai-je, nous aurions tous fait meilleur accueil à mon menu ! »
- «Oui, c'est peut-être bien ce qui a cloché dans nos deux cas, la question du ton, et la question du temps, du moment», conclut Madame A. pensivement.
Nouveau grand silence, plein d'apaisement cette fois. Les traits du visage des deux dames se détendent et s'adoucissent « On dirait presque que nous avons fait une découverte, reprend Madame A. en souriant » - « ou plutôt une re-découverte, continue Madame B., car c'est une de ces vérités sans cesse perdue et retrouvée, une de ces petites « recettes modestes mais efficaces qui maintiennent le bonheur au foyer.
- « Oui, veiller sur son ton, choisir son moment, quelle bonne règle de vie pratique; je vais tâcher de ne pas l'oublier » ajoute Madame A. en se levant.
- « Je crois bien que nous n'avons pas perdu notre après-midi puisque nous avons compris cela» achève Madame B. joyeusement.
Et les deux amies se séparent après avoir échangé une longue et affectueuse poignée de main.









www.entretiens.ch fait partie du réseau « NETOPERA - culture - société - éducation sur Internet » et pour la photographie PhotOpera - Uneparjour || DEI - Défense des Enfants - International
ROUSSEAU 13: pour allumer les lumières - 300 de Rousseau  ROUSSEAU 13: les IMPOSTURES - 300 de Rousseau - portraits déviés PHOTOGRAPHIE:Nicolas Faure - photographe d'une Suisse moderne - Le visage est une fiction - photographie de l'image brute - Laurent Sandoz - comédien et acteur professionnel - Genève