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RETOURDiscrétion La discrétion, cette vertu si rare et si importante pour la sécurité du coeur, ne pourra se développer chez nos enfants que si nous en usons à leur égard. On traite en général beaucoup trop légèrement leurs petites confidences; la mère qui a reçu sous le sceau du secret la confession d'une faute, d'un scrupule, d'une appréhension, le récit de quelque observation, là confidence d'un projet, raconte souvent sans y attacher de l'importance ce qu'on l'avait priée de ne pas révéler; et le coeur de l'enfant ainsi froissé dans ses profondeurs intimes, se referme et parfois se glace. C'est ainsi que l'imprudente mère court à la fois la chance de perdre la confiance de son enfant, et celle d'autoriser l'indiscrétion par son exemple. Si elle apportait, au contraire, le plus grand scrupule à garder ses petits secrets, elle pourrait être assurée qu'à l'avenir il ne trahirait jamais ceux qu'on lui confierait. J'ai vu des enfants dirigés d'après le principe d'une discrétion réciproque, qui avaient connu fort jeunes et gardé fidèlement d'importants secrets. Communiquer aux enfants d'importantes choses auxquelles les étrangers ne doivent pas être initiés, c'est le meilleur moyen de les attacher à la famille dont ils se sentent complètement membres, lorsque leur père et leur mère les admettent en partie dans le secret de leur conseil. Les générations précédentes ont reçu sur ce sujet de grands enseignements de la force des circonstances; dans les époques de persécutions religieuses ou politiques, lorsqu'un proscrit se trouvait caché dans quelque maison, ou révélait souvent aux enfants le lieu de sa retraite, pour éviter que, venant à le deviner, ils n'en parlassent au dehors. Eh ! bien, ces enfants ont presque tonjours gardé religieusement ce secret que la ruse, la menace, la force tentaient parfois de leur arracher. Ma grand'mère me disait un jour, en me montrant un livre qu'elle tenait de Paul Rabaut: Il me le donna lorsqu'il vivait caché dans la cave de mon père, et que je lui portais chaque jour son dîner. «Mais vous étiez bien jeune alors, m'écriai-je ! - Huit ans. - Et l'on vous confiait un secret de cette importance! ne craignait-on pas que vous le divulgassiez ? - Je me serais laissé tuer plutôt que d'en parler même à mon ombre, me répondit-elle en se redressant. Et pourtant cette femme, qui avait compris si jeune la nécessité de la discrétion, n'était point une nature énergique ni même concentrée; elle aimait excessivement à parler et n'avait jamais dû beaucoup réfléchir. Cet exemple n'est donc point une exception, et je crois plutôt qu'à sa place la généralité des enfants eût agi de même. Mais pour les former à la discrétion en y faisant un appel sérieux par notre confiance, est-il nécessaire que la vie d'un homme y soit intéressée ? Chaque jour n'apporte-t-il pas quelque incident, qui appartient exclusivement à l'intimité de la famille, et dont nous parlerons volontiers devant nos enfants, si nous avons la certitude qu'ils n'iront pas répéter au dehors les paroles que le toit domestique doit abriter ? En cela comme en toutes choses, l'influence indirecte de l'exemple est le puissant enseignement: Gardez scrupuleusement tout ce qui vous est confié, et vos enfans seront discrets à leur tour. |
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