
|
|
Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
Comment donner de bonnes habitudes aux petits enfants
(Résumé d'une conférence faite sous les auspices du Département de l'instruction publique).
Les petits enfants, pense-t-on souvent, doivent vivre dans une liberté absolue. Le temps viendra assez tôt, dit-on, où l'école leur imposera sa discipline. Est-ce rendre service à nos petits de ne rien exiger d'eux pendant la période pré-scolaire? Non, nous estimons indispensable d'enseigner à nos enfants une discipline élémentaire. Celle-ci consiste en quelques habitudes dont les plus essentielles sont les suivantes :
L'obéissance, l'indépendance, la propreté et la sociabilité.
Pourquoi mettre au premier rang l'éducation de l'obéissance. Ne faut-il pas attendre sept ans, « l'âge de raison? » Plus petits, les enfants ne sont pas capables de comprendre. Ce sont là de fréquentes et dangereuses assertions. Si les parents habituent très jeunes les enfants à obéir, ceux-ci comprennent vite qu'ils ont tout avantage à le faire. Plus tard, le pli sera pris, l'obéissance ne posera plus de problèmes importants, à condition que les exigences des parents soient raisonnables, et que ceux-ci ne deviennent pas des tyrans.
Le problème de l'indépendance se pose aussi de très bonne heure, mais l'indépendance ne s'acquiert pas une fois pour toutes, elle continue à évoluer parallèlement à l'enfant jusqu'à l'âge adulte. En entrant à l'école, l'enfant devra vivre de longues heures hors de la présence de sa mère. Il devra, entr'autre, savoir s'habiller, se déshabiller, mettre et nouer ses souliers, aller seul aux toilettes. Du point de vue social, il sera poli, il saura dire bonjour, merci, rendre de petits services et prendre part aux jeux de ses camarades. Il ne devra plus avoir peur de tout ce qui est nouveau, ni être exagérément intimidé en face des situations inhabituelles. Toutes ces exigences constituent des actes d'indépendance.
Comment atteindre ces buts? La réponse paraît paradoxale, elle n'en est pas moins vraie :
En donnant aux parents de bonnes habitudes.
En effet, le petit enfant dépend entièrement de ses parents, physiquement et affectivement. Toute son existence est centrée sur la leur. Les habitudes des parents ont des répercussions jusque dans les moindres détails. L'enfant, au cours de ses premières années, s'adapte à la vie en imitant ceux qui l'entourent. Il s'exerce et expérimente au travers de ses jeux. Les parents sont ses modèles, leur attitude lui permet de se livrer paisiblement aux essais et aux expériences qui facilitent les innombrables découvertes faites pendant les premières années.
Les jeunes parents sont presque toujours mal préparés à ce rôle de modèle et d'éducateur. Le mariage leur offre souvent une liberté inconnue jusque là. Ils ne dépendent plus que d'eux-mêmes et de leur bon plaisir, et ils s'en donnent à coeur joie. Quand ils pensent aux enfants qui viendront, ils prévoient surtout le bonheur qu'ils en espèrent et oublient de réfléchir aux devoirs et aux charges qui leur incomberont.
Quand bébé sera là, finies les flâneries du dimanche matin, les départs à l'aube pour la montagne. Finies aussi les possibilités de sortir le soir sans aucun souci : quelqu'un ne doit-il pas rester à la maison à cause de l'enfant. En bref, sa naissance restreint les libertés récemment acquises dans une très grande mesure, et cela demande toute une discipline.
Les premiers mois de la vie de bébé se passent en général fort bien. Les conseils médicaux sont suivis. Il est bien dressé, mange et dort à heures fixes. On le promène chaque jour et il reste paisiblement dans sa voiture ou son moïse.
Mais l'enfant grandit. Sa connaissance et son intelligence croissent; il devient intéressant. N'est-il pas, ce cher petit être, une poupée vivante dont on est fier et avec laquelle il est bien doux de jouer et de parader! C'est à ce moment que les parents inexpérimentés commencent à commettre des erreurs. C'est alors aussi, que leur attitude devient de plus en plus importante, et qu'ils doivent s'efforcer de contracter de bonnes habitudes. Citons-en cinq que nous allons examiner par la suite en détail :
1° Conserver à l'enfant sa belle confiance en ses parents
2°Savoir rester calme
3° Etre patient
4° Etre ferme
5° Avoir une attitude positive.
La confiance.
Qui n'a pas été frappé de la confiance que le tout petit témoigne à sa mère et à son entourage. Pour la lui conserver, il suffit de ne jamais l'induire en erreur ou le tromper. Malheureusement nous le faisons souvent et de bien des manières, fréquemment sans nous en rendre compte.
Si nous disons à notre enfant impatient d'aller se promener « Nous partons dans un tout petit moment», parce que, pour nous, les vingt minutes qui restent avant de sortir passent très vite, nous l'induisons en erreur. Attendre un plaisir vingt minutes, pour un tout petit, c'est très long.
Si nous prétendons qu'une soupe offerte à l'enfant n'est pas chaude, alors qu'elle brûle, de nouveau nous l'induisons en erreur. C'est pour nous seulement qu'elle n'est pas chaude, mais pas pour lui. Témoin, ce petit garçon qui en était arrivé à donner au terme «pas chaud» le sens « trop chaud ».
Il est une autre tromperie fréquente, dont les répercussions sont étendues : les parents s'en vont sans avertir leurs enfants de leur départ, sans leur dire au revoir, le plus souvent dans le but d'éviter des pleurs au moment des adieux. L'enfant a un immense besoin de sécurité, de protection, il a instinctivement peur d'être abandonné. Une absence est souvent pour lui l'équivalent d'un abandon. Il faut donc lui faire comprendre que cette absence n'en est pas une puisqu'elle est suivie d'un retour plus ou moins prochain. Pour cela, ne sortons pas sans dire au revoir à notre enfant, même s'il est encore très petit, et n'oublions pas d'annoncer la durée probable de notre absence et de l'embrasser au retour. S'il pleure, il saura que ce n'est pas sa mère qui viendra mais une autre personne. Un peu plus tard, il osera rester seul, parce qu'il aura la certitude du retour de ceux qu'il aime. L'enfant qui craint la solitude n'a en général pas peur de ce qui pourrait survenir de l'extérieur. Il a peur de l'abandon. « Papa, Maman sont partis sans rien me dire et parfois pour longtemps, suis-je assuré qu'ils ne partiront pas une fois pour toujours ». Telle petite fille dont la mère sortait sans l'avertir, se relevait pour chercher à tâton les vêtements de cette dernière dans le corridor. Les trouver à leur place la tranquillisait. Elle avait si peur qu'une fois sa mère ne revînt pas.
D'autres erreurs, souvent involontaires, sont commises lors de la naissance d'un nouvel enfant. N'insistons pas sur les mensonges relatifs à l'origine du bébé, mensonges qui sont toujours néfastes, mais attirons l'attention sur d'autres détails souvent négligés : la mère heureuse laisse éclater sa joie aux yeux de l'aîné. « Tu verras comme tu seras content, tu auras une petite soeur ou un petit frère, tu pourras jouer avec lui
» On ne l'avertit pas qu'il devra partager avec le nouveau venu sa maman, sa chambre, peut-être lui céder son lit. On ne réfléchit pas qu'il se représente le bébé à peu près de son âge. On ne lui explique pas qu'au moment de la naissance, sa mère partira pour plusieurs jours. Le moment venu, la joie escomptée se change en déceptions répétées, et la jalousie consciente ou inconsciente aura beau jeu de fleurir.
Enfin, et c'est le dernier point que nous relèverons au chapitre des tromperies ou des erreurs involontaires, répondons toujours par la vérité aux questions des enfants. Ne leur disons pas « tu es trop petit, tu le sauras plus tard». Cette réponse, dans la plupart des cas, est une fuite des parents. L'enfant le sent très vite et cela équivaut alors à ceci « ce sont des choses dont on ne parle pas ou bien des choses dont je ne veux pas te parler ». De ce fait, tout un champ d'intimité se ferme entre les parents et les enfants. Si les questions sont compliquées, simplifions les réponses. L'enfant. comprendra ce qu'il peut et il saura qu'il pourra toujours revenir sur la question. «Maman, dis comment marche une locomotive?»
- «Il y a l'électricité qui fait tourner un moteur, et celui-ci fait tourner les roues ». – « D'où ils viennent les bébés ? » - «Avant leur naissance, ils grandissent pendant longtemps dans une sorte de poche qui leur sert de petit lit à l'intérieur de leur maman».
- « Qui l'a mis là le bébé? » - « Le papa aide la maman à commencer le bébé en lui donnant une petite graine ». – « Pourquoi il pleut?» - « Un coup de vent refroidit les nuages, il se forme alors des gouttelettes d'eau qui tombent, c'est la pluie».
(A suivre).
|
|
|