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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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RETOURHistoire de Michel Les enfants n'ont pas de peine à reconnaître ceux qui savent diriger, et ils se soumettent à ceux-là très vite. Bien souvent, des enfants très désobéissants chez eux, ne donnent aucune peine à l'école. Un jour, une mère m'amena son polisson de fils, 5 ans et demi environ. « Il n'obéit à personne, il est horriblement méchant », gémit-elle. Je lui dis que j'avais souvent des enfants mal élevés, turbulents, bruyants, grossiers, mais que tous les enfants m'obéissaient. Le petit Michel me regarda d'un air malin, mais tout de même un peu inquiet. Nous nous étions assis, lui, en qualité de nouveau, devant moi. A côté de moi se trouvait un petit entêté qui ne voulait pas dire bonjour et dont je retenais, en conséquence, la menotte. Lorsque nous eûmes chanté notre premier chant, Michel demanda : « Pourquoi retiens-tu ce petit ? Laisse-le tranquille ». - Non, Michel, il faut d'abord qu'il me dise bonjour; sans quoi, il ne pourra pas rester avec nous, il faudra qu'il reste à la porte. Tu vas voir, il va le dire tout de suite, il réfléchit seulement». Michel siffla entre ses dents, puis, comme s'il avait fait une découverte : « Ah ! il faut faire ce qu'on dit, ici? » Je le complimentai : « Quel garçon intelligent Tu t'en es aperçu en moins d'une demi-heure. Eh bien ! Cela ne te sera pas si difficile qu'à ce petit-là ». Je voyais bien que son indocilité provenait surtout de sa vivacité ; comme celle-ci n'avait jamais été contenue, elle l'entraînait à toute espèce de sottises. J'en eus vite la preuve. Après avoir mangé sa tartine, il roula son papier en boule, me regarda du coin de l'oeil et me le lança à la tête en riant très fort. Je restai paisible. « Michel, tu n'as probablement pas encore vu où est ma corbeille à papier? Regarde, là-bas ; apporte-la moi s'il te plaît». Il obéit en riant d'un air malin. « Bon, maintenant, jette ton papier là-dedans. » Il me lança un regard impertinent, puis, s'apercevant tout de même qu'il ne ferait pas bon résister, il dit d'un ton de supériorité : « Allons bien, on va le faire ». - Bon, maintenant, viens ici, et donne-moi un baiser là où tu m'as fait mal. Il resta d'abord étonné, puis s'avança et m'embrassa de très bon coeur. Le jour suivant, il refit sa boule de papier et m'observa d'abord. Je fis comme si je ne m'apercevais de rien ; je ne semblais ni le menacer, ni rien attendre, je ne le regardais même pas. Cela manquait d'intérêt ; après avoir jeté deux ou trois fois sa boule de papier en l'air, il la porta dans la corbeille. Je me suis très bien entendue avec Michel. Il était très vif et espiègle ; mais il comprit vite jusqu'où il pouvait aller avec moi. |
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