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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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Et nous?…

Passant un chemin solitaire en une des rares journées ensoleillées de ce pluvieux automne, mon regard fut attiré par la vue d'un arbre séculaire qui, avant de mourir, déployait toute sa beauté. L'or, le cuivre, le cramoisi sur un fond de verdure s'étalaient en ses branches. Eblouie par cette vision glorieuse, je réalisais soudain le privilège inouï de pouvoir admirer librement un paysage merveilleux, alors que, loin de nous, toute a nature est dévastée par un ouragan de fer et de feu arbres déchiquetés, vergers anéantis, routes effondrées, maisons réduites en poussière.
Et autrement cruelle que la perte de ces biens matériels, la guerre totale avec ses conséquences atroces : familles décimées, déportation, torture, prisonniers civils et militaires, fuite éperdue de millions d'êtres traqués cherchant un abri, enfants passant la frontière et que la Croix-Rouge cherche à sauver.
Et nous?…
Ma méditation s'intensifie. Pourquoi nous?…
Préservés à l'extrême dans un pays libre, nous recevons non seulement le nécessaire, mais parfois même le superflu. Grâce à une organisation quasi parfaite et à l'infatigable labeur de l'homme - un chrétien - à la tête du service de ravitaillement de la Suisse, nous sont chaque mois distribuées des cartes de denrées alimentaires qui nous permettent de nous procurer les vivres nécessaires. Et quand les réserves sont suffisantes, quelques points supplémentaires nous ont encore été accordés : thé pendant les frimas, chocolat au moment des fêtes de fin d'année, confiture quand notre provision de sucre est épuisée.
Nous avons pris l'habitude de trouver tout cela naturel, alors qu'une reconnaissance sans bornes devrait faire éclater nos cours.
« Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien » nous enseigne le Christ et cela signifie tout ce que représente ce pain indispensable, la demeure, le vêtement, mais pas le superflu, l'inutile.
Et voilà que chez nous en cette cinquième année de guerre nous avons encore plus que le nécessaire, l'immédiat, parfois même le superflu que le Christ n'a pas demandé à son Père.
Oh! je sais que dans notre pays, la vie de plusieurs est difficile, que le pain quotidien est dur à gagner. Il n'est pour s'en convaincre que de se rendre au marché et de voir des ménagères repartir avec leurs paniers vides parce que légumes et fruits sont trop chers. Elles ont droit à notre sympathie agissante.
Mais que penser de ceux qui, entrant dans une pâtisserie, se plaignent de n'y plus trouver les gâteaux d'avant-guerre et parlent de leurs privations? «Jamais les gens n'ont été aussi difficiles qu'à présent» me disait un jour un marchand de comestibles, et je m'en allais songeuse, me demandant ce que nous attendions, nous autres Suisses, pour être tout simplement reconnaissants.
Combien de temps l'inlassable patience de Dieu à notre égard maintiendra-t-elle? Patience que nous mettons à une rude épreuve par notre ingratitude, nos mesquineries, nos lâchetés petites et grandes.
Car enfin, si les difficultés matérielles sont le lot de beaucoup parmi nous, si la maladie, le deuil, la souffrance sous ses formes multiples ne nous sont pas épargnés, nous avons l'incompréhensible grâce de pouvoir souffrir et pleurer en paix, de penser librement alors que tant d'autres souffrant également et même davantage, ont été ou sont encore sous la férule de l'occupant qui tient captives les pensées de millions d'êtres.
« Si la guerre nous épargne jusqu'au bout, j'imagine que cet inestimable bienfait nous vaudra toutefois de paraître des étrangers dans le monde de demain. Car les belligérants auront si profondément souffert qu'ils auront, vainqueurs et vaincus, changé d'âme et de visage. A l'instant de poser les armes ils ressembleront aux rescapés d'une catastrophe minière qui ressortent au jour, hâves, épuisés, hagards. » (1)
Ne ferons-nous pas figure d'embusqués aux yeux de ceux qui ont tant souffert. Souffrance qui ne se terminera pas avec la guerre.
Ce que les autres pensent de nous n'a du reste pas d'importance; c'est ce que nous sommes qui importe, et il ne faut pas que les oeuvres humanitaires jaillies de notre sol - et cela même constitue encore un privilège - nous voilent notre responsabilité en tant qu'individus.
« Quand la paix sera revenue, beaucoup de choses ne devront pas être oubliées. Mais la première de toutes, la plus sérieuse et peut-être la seule nécessaire, sera la pensée que tous les hommes sont e frères et responsables de la souffrance du moindre d'entre eux. »(2)

(1) de Traz. J. de G.
(2) P. C. J. de G.









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