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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
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L'hôte de Noël

Le jour de Noël touche à sa fin dans ce coin de campagne vendéenne. Les paroissiens, dont beaucoup sont venus de loin pour prendre part à la fête, se sont dispersés, tandis que le pasteur allait visiter un malade.
Le vieux presbytère qui a retenti dès le matin d'une joyeuse animation est rentré dans le silence. Les parents et la soeur du jeune pasteur, qui sont venus passer les fêtes auprès de lui et qui l'ont aidé de leur mieux tout le jour, attendent avec impatience de le voir rentrer. Ils se réjouissent du moment d'intimité familiale qui va clore cette journée d'intense activité. Enfin, on va pouvoir lire ensemble les lettres arrivées le matin et qu'on n'a pas eu le temps de décacheter, ouvrir les paquets renfermant de modestes cadeaux… Comme par un fait exprès, le pasteur s'attarde plus que de coutume. Enfin, son pas retentit dans le vestibule. Mais il ne rentre pas seul. Tout à l'heure, comme il passait devant la mairie, il a été abordé par un inconnu, un ivrogne qui, furieux de ne pas trouver au fond de sa poche les quelques pièces de monnaie qui lui auraient permis de passer la nuit à l'auberge, a trouvé ingénieux de brûler ses papiers, en guise de protestation contre la société !
Après quoi, il s'est adressé au premier passant rencontré, et il n'est pas peu étonné de se voir introduit comme un ami dans cette maison inconnue.
En étouffant un soupir, la mère ajoute un couvert, tandis que sa fille prépare en hâte la chambre de l'hôte imprévu, car il ne peut être question de le laisser dormir à la belle étoile (en fait, il devait demeurer plusieurs semaines l'hôte du presbytère). On se met à table : c'est l'étranger qui fait les principaux frais de la conversation. Il ponctue ses récits de ces mots qui reviennent comme un refrain : « Je suis dégoûté complètement! »
Le repas fini, on passe au bureau, la seule pièce chauffée dans cette grande maison humide et froide. Pour les repas, on se borne (quand il y a des visites!) à allumer un fagot dans la vieille cheminée. Le pasteur lit quelques pages de Péguy. Mis en goût, l'ivrogne, partiellement dégrisé, se met à déclamer un long poème, sur le mode sentimental.
L'heure est venue de se séparer. Dans une fervente prière, le pasteur rend grâces à Dieu pour la visite de cet ami. Il n'y a là rien de forcé. On sent que c'est du fond du coeur qu'il est reconnaissant à Dieu de lui avoir envoyé, en ce soir de Noël, un être à secourir, à aimer, un de ces « perdus » que le Christ est venu chercher et sauver.
Et la mère se sent bien petite, à côté de son fils. Elle s'est efforcée de faire bonne mine à mauvais jeu, mais elle a subi l'intrus plutôt qu'elle ne l'a accueilli. Comme elle a eu de la peine à accepter ce bouleversement de ses projets !
Pourtant, alors que s'estompe dans sa mémoire le souvenir de tant de Noëls qui se sont déroulés suivant les rites immuables, ce Noël-là, si différent des autres, reste gravé dans son esprit en traits indélébiles.
«J'étais étranger et vous m'avez accueilli.»
En vérité, ce soir, l'humble presbytère a reçu la visite d'un hôte de marque.









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