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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
Le site www.entretiens.ch vous offre la possibilité de consulter en ligne ces extraordinaires archives parcourant/ponctuant au jour le jour l'histoire de l'éducation familiale d'un bout à l'autre du XXème siècle.
La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
En dehors du grand intérêt pour vous de cette matière exceptionnelle, que vous soyez jeune parent, chercheur dans une université ou simplement intéressé par l'évolution des comportements humains, votre soutien par l'intermédiaire d'un abonnement nous est indispensable.
Pour les pays lointains et si vous ne désirez pas profiter de la version papier, un abonnement sous forme de pdf est accessible au même prix annuel de CHF 30. Il vous donne un accès complet aux archives
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De l'encouragement

Un pasteur genevois qui, pendant cinquante années, exerça une salutaire et féconde influence sur ses nombreux catéchumènes, disait un jour : « II y a deux classes de gens, - nous ajoutons deux classes d'éducateurs: - les uns, dans un sac de grain, ne voient que l'unique fêtu de paille qui a pu s'y glisser; les autres, dans une gerbe de paille, savent découvrir l'unique grain de froment qui y est resté. »

Le ministère qui opère des merveilles, est précisément celui qui s'applique à découvrir chez l'enfant le grain ou les grains de froment qui disparaissent peut-être dans la gerbe de paille, mais dont l'existence n'en est pas moins réelle.

Ibsen, le poète suédois, écrivait: «La faute capitale de l'éducation actuelle est d'avoir mis tout le poids sur ce qu'on sait, au lieu de le mettre sur ce qu'on est.» S'applique-t-on, en effet, à savoir ce que l'enfant est? Le meilleur de sa nature n'échappe-t-il pas souvent aux regards de ses parents? A-t-on jamais cherché à mettre à découvert les racines profondes du cour de l'enfant indiscipliné? Est-il bien réellement tout mauvais ? Ou bien, tout en faisant le mal, ne désire-t-il pas aussi, quelquefois, faire le bien? ( 1 Rom. VII, 19).

Semblable à ce berger écossais, qui reconnaissait chacune de ses brebis à son défaut particulier : tache sur le dos, oreille fendue, pied défectueux, la mère, parlant de ses enfants, dira volontiers de l'un qu'il est violent ou discuteur, de l'autre qu'il est égoïste ou vantard.

Un garçon rentre-t-il bruyamment du collège, cela suffit pour qu'une pluie de reproches lui tombe dessus! « Il n'est pire tapageur que toi! » lui dit-on. Tapageur! ce mot résonne sans cesse à ses oreilles. «Tapageur! » sera désormais son surnom. Tapageur! Il l'était peut-être sans le savoir, il le deviendra de fait.
N'est-ce pas, en effet, d'un de ses défauts que l'enfant, dans la famille, tire le plus souvent son surnom?
Dans la famille, disons-nous, car un étranger s'avise-t-il de relever une de ces lacunes, la mère, semblable à une lionne, défend à outrance, et contre sa conscience parfois, celui de ses petits qu'on a voulu toucher.
L'enfant, qui s'entend toujours reprocher ses emportements, sa paresse ou ses manques de droiture, s'engage dans la vie avec une réputation qu'il croit toute faite, à laquelle il n'y a rien à changer, et continue à se mettre en colère, à flâner ou à mentir. Un mot d'encouragement, à temps, eût ouvert son coeur et l'eût empêché de prendre ce pli.

***

La mère prend-elle à tâche de constater chaque progrès, chez son fils ou chez sa fille; jour par jour, surveille-t-elle, encourage-t-elle, reprend-elle ? mais, encourage-t-elle, surtout? - elle aura trouvé le secret de ce ministère qui opère des merveilles. Elle aura ouvert le coeur de l'enfant. Elle lui aura montré qu'il n'est pas tout gerbe de paille; que ce désir secret, caché peut-être dans les replis obscurs de son être moral, ce reste de l'image de Dieu, qui le pousse vers le bien, elle a su le découvrir.

Dès lors, la sève fortifiante de l'encouragement pénétrera sa volonté. Il voudra bien faire, il aimera bien faire, il commencera à mieux faire.

***

L'enfant a une confiance innée dans le jugement de ses parents. Cette confiance naturelle s'accroît dans la mesure de la confiance qu'on lui témoigne à lui-même. C'est là un fait psychologique confirmé par d'innombrables expériences.
Honorez-le de votre confiance; du même coup vous répandrez dans son coeur une légitime jouissance et une puissance merveilleusement efficace pour l'exciter au bien. S'il s'agit d'un élève retardé, vous réveillerez sa mémoire et son intelligence.
« J'ai été déterminé à changer de vie, disait un jeune étudiant, le jour où j'ai enfin rencontré quelqu'un qui a cru que je désirais changer, et qui a su faire appel à ce désir. »
Un autre jeune homme fut remis en selle par ce seul mot d'une lettre: « Ce n'est pas parce qu'un cheval vicieux a fait un saut de côté, qu'il est condamné à faire des sauts de côté sa vie durant! Vous désirez n'en plus faire. Vous n'en ferez plus, nous croyons à ce désir et à votre affranchissement complet, parce que vous vous appuyez sur la toute-puissance de Dieu. »

***

Un enfant fait sous vos yeux, avec peu de succès, un travail d'école. Vous lui dites :
- Cela ne va pas, réussiras-tu jamais? Je n'ai jamais vu un garçon faire ses devoirs aussi mal que toi, etc.
Il y a neuf chances sur dix que l'enfant se décourage, et qu'en effet il ne réussisse pas.
Le lendemain il fera moins bien, le surlendemain très mal; la semaine suivante il ne fera pas sa tâche, mentira pour cacher sa faute à son maître; celui-ci le punira, et l'élève, ne croyant plus qu'il y a espoir de mieux faire, descendra tout doucement, un à un, les degrés de cette échelle qui s'appelle « le découragement » et qui conduit au péché et à la ruine.

Nos rues pullulent d'hommes et de jeunes gens, de situations sociales d'ailleurs très différentes, traînant avec eux une mauvaise conscience, découragés, livrés au péché, et auxquels il n'a manqué qu'une chose : une main amie qui leur fît une virile caresse à l'âge de quinze ou seize ans, ou un oeil exercé qui sût découvrir les bonnes intentions, les aspirations vers le bien, inconscientes peut-être, cachées au fond de leur être moral.

A l'enfant que nous venons de citer, dites au contraire « Ce n'est pas tout à fait bien ce que tu fais là; c'est pourtant moins mal que le devoir de l'autre jour; il y a chez toi l'étoffe pour réussir, encore un peu de peine, un regard en haut, un cri vers ton Dieu, et tu auras triomphé de cette difficulté», vous avez évité ainsi la dégringolade du garçon; du même coup vous avez soufflé en lui une vigueur nouvelle, vous avez mis en action ses désirs vers le bien et vous are, contribué au développement de sa conscience.

On a souvent confondu ces deux mots: encourager et flatter. Non, encourager ce n'est pas flatter! Les parents flatteurs ne réussiront jamais. Ils moissonneront avec larmes ce qu'ils auront semé.
La flatterie n'ouvre pas le coeur, elle le fausse. Qui flatte cherche son intérêt, qui encourage cherche celui d'autrui.
La mère qui encourage pourra semer avec peine, mais elle moissonnera avec allégresse.

***

Oui, le ministère de l'encouragement opère des merveilles ! Que chacun s'applique seulement à l'exercer avec patience, sagesse et discernement!
Ce ministère ouvre le coeur, parce qu'il se donne la peine d'aller le chercher là où il est.
Mieux elle sait encourager, mieux aussi la mère sait reprendre; et l'enfant qu'on encourage se laisse reprend re.
Reprendre, sans encourager, endurcit souvent et suscite parfois la révolte.
Encourager, sans reprendre, amollit, endort, énerve.
Il faut encourager et reprendre, et mieux on saura encourager, moins on aura à reprendre.
Elevé à cette école, l'enfant apprend à son tour à encourager. Il recherche le bien plutôt que le mal chez ses camarades. Il devient bienveillant; il eût été soupçonneux.
Et les enfants que la nature n'a pas enrichis de beaucoup de dons, condamnés, semble-t-il, 'a être des fruits secs toute leur vie? C'est bien là que le Ministère dont nous parlons opère des merveilles!
Découvrez une chose, très petite en apparence, que l'élève a su, nous ne dirons pas même bien faire., mais pas trop mal faire, encouragez-le, et vous verrez si vous ne lui insufflez pas une ardeur nouvelle.
L'enfant aime à faire ce qu'il sait bien faire.
Il est très jeune. Il a peut-être une peine infinie à étudier les mots. Il n'y parvient pas. Vous le prenez près de vous. Vous lui dites :
- Des trente mots de ta leçon, lequel est le plus difficile?
Il vous le montre du doigt; c'est philosophie, par exemple. Vous prenez la peine de lui faire remarquer que la première et la dernière syllabe de ce mot sont presque semblables; il y a deux ph et point d'f. Vous en restez à ce mot, jusqu'à ce que l'enfant le sache parfaitement, puis vous concluez:
- Maintenant, tu sais très bien le mot le plus difficile de ta leçon, le reste ira tout seul. Demain, c'est toi qui aideras ton petit frère à apprendre la sienne.
L'écolier, tout étonné de son savoir, - pensez donc, il sait écrire philosophie! - n'aura plus peur d'affronter la difficulté. Vous lui avez infusé une légitime confiance en ce qu'il peut faire.
Agissez de même pour les travaux manuels, tout autant que pour les travaux intellectuels, l'étude de la musique, des mathématiques ou du dessin!

Un jour, du bois en main, un garçon de treize ans entreprend, dans ses heures de récréations, de fabriquer une petite table. Il vous l'apporte, heureux et triomphant. Le petit meuble n'est pas d'aplomb. Un des pieds est trop court, n'importe! L'enfant n'y a rien vu. Il a confectionné lui-même une table! et il en. a tressailli de joie! Que va dire son père?
Le père, tout fier, admire l'ouvrage de son fils, et cependant, d'un ton quelque peu railleur:
- Il faut envoyer ta table à l'hôpital, elle est boiteuse, lui dit-il!
L'artiste en herbe, qui sous cette parole n'a pas pu deviner la satisfaction de son père, ne renouvellera peut-être jamais son essai.
Dites-lui, au contraire:
- Trois des pieds de ta table sont exactement de la même longueur, tu sauras faire le quatrième de même, et ton travail sera parfaitement réussi.
Vous avez mis du vent dans les voiles du garçon. Il tentera une nouvelle entreprise de son invention.

L'intelligence de l'élève est-elle au-dessous de la moyenne ordinaire? efforcez-vous de découvrir quel est le travail où il réussit le mieux, et orientez-le de ce côté-là.
On a vu des incapables réussir sur une branche. Il ne faut pas vouloir, à tout prix, les développer, comme d'autres, sur toute la ligne. Ils passeraient d'une défaite dans une autre.
Nous avons connu un jeune homme, mauvais écolier s'il en fut, intelligence bornée et destiné, semblait-il, à rester à la charge de sa famille. Sa mère découvrit un jour que l'enfant s'amusait à mettre des chiffres les uns au-dessous des autres. Ce fut toute une révélation pour elle. Elle chercha à développer son fils de ce côté-là. Il est devenu un habile calculateur, et gagne largement sa vie.

***

Parents, donnez à vos enfants le pain du corps, celui de la science, celui de l'amour… donnez-leur aussi - plus souvent - celui de l'encouragement.









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