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Education civique et nationale (1)

La préparation des jeunes filles à leur tâche future de citoyennes et d'éducatrices nous a toujours paru très insuffisante. Que de fois nous avons été frappée douloureusement de l'indifférence des jeunes filles en face des grands courants d'opinion, des problèmes politiques et sociaux, par leur mesquinerie et la futilité de leurs pensées…
De tout temps, les éducateurs et les éducatrices se sont préoccupés de cet état de chose. Des efforts individuels ont été tentés pour y parer, sous forme d'écoles ménagères et, en Suisse alémanique, de « Volksbildungsheime »(2) , efforts méritoires et intéressants, mais qui n'atteignent qu'une infime minorité de notre population.
Aussi est-ce avec joie que nous avons accueilli les suggestions faites par la conférence de district de Lausanne du corps enseignant vaudois. La commission féminine lausannoise chargée de préparer cette conférence a questionné des jeunes filles de 16 à 20 ans pour voir si elles sentent le besoin d'une meilleure préparation à la vie nationale. Les toute jeunes, qui commencent à travailler, se rendent compte qu'il leur manque quelque chose, mais c'est là une « sensation » plutôt qu'une idée très nette; elles sont incapables d'exprimer ces sentiments par des mots. D'autres réponses sont intéressantes; nous en extrayons les passages suivants :

« Les jeunes filles, contrairement à leurs camarades, les jeunes gens, n'ont absolument pas l'esprit de solidarité développé et manquent de patriotisme. Ce fait provient-il peut-être de l'absence, chez les jeunes filles, d'une école de recrues ou d'une institution semblable? »
« L'essentiel serait que les jeunes filles de toutes conditions vivent, travaillent ensemble pendant une certaine durée et qu'elles apprennent à se comprendre et à s'aimer… »
« On doit instruire la femme sur les institutions civiques du pays, lui apprendre quels sont ses droits et ses devoirs. »…

La commission a aussi demandé l'avis de quelques travailleuses sociales. Toutes sont frappées de la mauvaise préparation de trop nombreuses femmes à la vie d'adulte, de leur ignorance, de leur infantilisme, du domaine restreint de leurs intérêts, de leur maladresse à se diriger dans la vie.

Mais comment remédier à cet état de chose? Faut-il incriminer l'école? Ce serait une erreur, parce que l'éducation de la bonne citoyenne ne doit être entreprise qu'au moment opportun, lorsque l'adolescente a la maturité d'esprit nécessaire pour en tirer profit. Cette éducation ne saurait convenir à des fillettes de 14 à 16 ans.

La commission lausannoise considère que l'éducation nationale s'adresse à des êtres qui sont à l'âge des grands enthousiasmes, des grands dévouements. C'est le moment à saisir pour « relier » la jeune fille au pays par des causeries, films, lectures en commun de biographies de femmes suisses.
C'est aussi le moment où l'instinct maternel se développe chez la jeune fille, où elle souhaite de toute son âme se créer une famille. Il faudrait saisir cet instant pour la préparer au mariage, discuter amicalement avec elle des relations entre jeunes gens et jeunes filles, lui inculquer quelques notions psychologiques qui lui aideront à réussir sa vie d'épouse et de mère.

En outre, il est hautement souhaitable que cet enseignement civique soit l'occasion d'un rapprochement des classes sociales, d'une meilleure compréhension entre campagnardes et citadines. C'est pourquoi cet enseignement post-scolaire a été prévu sous forme de camps qui s'étendraient sur quatre années consécutives (pour les jeunes filles de 16 à 20 ans). Le camp serait d'une semaine pendant les trois premières années. On y ferait surtout de l'information. La dernière année, par contre, le camp serait nettement plus long et comprendrait, en plus de l'information, toute l'initiation pratique et, pour les jeunes filles de la ville, l'aide à la campagne.

Voici, en résumé, quel serait le programme de ces cours:

a) Formation nationale, économique, politique.
b) Enseignement de l'histoire suisse, reliant la jeune fille à son pays.
c) Des notions de psychologie, de civisme et de droit.
d) Un enseignement ménager et un cours de formation maternelle.
e) Un cours d'hygiène et de soins aux malades.
f) Gymnastique, musique et chant.

Nous applaudissons de grand coeur à ce programme qui nous semble combler une lacune que beaucoup déploraient. Voici enfin un projet d' « école de recrues» pour jeunes filles qui leur permettrait, ne serait-ce que pendant une semaine chaque année, de vivre côte à côte avec des jeunes filles de milieux sociaux différents, qui créerait chez elles ce sentiment de solidarité qui leur manque trop souvent.
Mais là s'arrêterait la ressemblance avec une école de recrues car, au lieu de tendre à étouffer la personnalité de nos jeunes gens (comme c'est, hélas, trop souvent le cas au service militaire), à en faire des automates ne sachant plus réfléchir, on chercherait, au contraire, à développer dans ces camps la personnalité de la jeune fille, à éveiller son intérêt pour les problèmes économiques, politiques et sociaux qui se posent en Suisse, à lui faire comprendre qu'elle aussi est responsable de ce qu'il adviendra de notre pays.

G. Wagnière, dans la « Gazette de Lausanne » du 23 janvier 1942, disait : «L'action de la femme sur l'opinion des jeunes est prépondérante. C'est la femme qui répand, qui illumine, qui ennoblit les idées essentielles dont nous vivons. C'est elle qui fait naître les enthousiasmes créateurs. Les a-t-on préparées, les femmes du pays, à ce rôle admirable? Que savent-elles de ce pays? de son organisation d'Etat? de sa vie nationale? »
Puisse donc ce projet se réaliser, non seulement dans le canton de Vaud, mais dans la Suisse tout entière.

(1) Voir l' Information de mars 1945
(2) Crées à l'instigation de Fritz Wartenweiler sur le modèle des Volkshoschulen danoises (Hertzberg sur Aarau, Neukirch an der Thur, Casoja).









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