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Les « Entretiens sur l'éducation » est un mensuel publié sans interruption depuis plus de 100 ans.
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La survie de la brochure mensuelle imprimée parallèlement à la distribution virtuelle à travers le site est le garant de la poursuite de cette aventure. La rédaction est assurée de façon bénévole par un groupe de parents passionnés par la réflexion et l'écriture autour du vécu familial. Les frais d'impression du journal et la gestion du site (100 000 pages demandées par mois??)....30.- par an (20€).
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Du non au oui

Emportées par les événements tumultueux de ces dernières années, nous, les femmes, tout comme les hommes, tout comme les soldats, nous avons appris la bataille et pratiqué la négation. On était contre ceci, contre cela, contre ceux-ci, contre ceux-là. Il fallait lutter pour vivre et assurer le nécessaire, quotidiennement, à ceux qui dépendaient de nous; il fallait se dresser, protester de toute sa force d'âme contre ce qui menaçait notre équilibre et notre unité intérieure, contre ces forces de destruction qui s'insinuaient partout comme les grains de sable quand le vent souffle en tempête sur le désert.

Et les prémices de la Paix nous ont surprises dans cette façon d'être en cette attitude crispée et nous flous demandons, nous aussi, comment passer de la guerre à la paix.

L'été est là, nous invitant par sa douceur, sa mansuétude et sa beauté à déposer enfin notre harnachement guerrier et nos protestations belliqueuses qui ne sont plus de saison ; il nous faut passer à un autre exercice, arrêter sur nos lèvres ce flot si facile de l'indignation quand il s'agit de dénoncer les péchés des autres; il nous faut tourner le dos aux pensées de violence et de haine qui parcouraient la terre en une ronde infernale à laquelle nul ne pouvait entièrement échapper. En un mot, il ne faut plus être contre mais devenir pour, il faut cesser de dire non et retrouver le oui dont nous avions perdu l'usage.

Mais être pourquoi, pour qui? Dire oui à qui, à quoi?

Comme femme, comme mère, je me pose la question et je vous la pose aussi. J'en sens l'urgence, je prévois aussi la difficile conversion qu'elle exigera de nous.
Demandez au batelier qui a louvoyé dans la tempête si c'est facile et sans péril de carguer ses voiles au milieu des flots encore agités, quand le port est en vue. Demandez au cavalier dont la monture frémissante a franchi les obstacles, si c'est facile de calmer son coursier après sa course ardente ?
Il nous a fallu pendant longtemps juger, condamner et maudire; nous devons retrouver, maintenant le calme, la douceur et surtout la bonté.
Cette époque nous a tous mis hors des gonds et nos vies ont ressemblé à une porte folle qui battait l'air sans cesse ; il nous faut retrouver la paix intérieure d'abord, et alors nous pourrons espérer qu'elle s'instaurera peu à peu entre les nations.

Cette paix intérieure sera le fruit d'une conquête profonde et persévérante ; elle sera surtout le don du Prince de la paix, si nous savons la lui demander; mais nous pouvons sans attendre essayer aussi de la retrouver dans nos gestes quotidiens, dans nos habitudes de vie et de pensée.
J'essaierai, dès mon réveil, de voir les côtés positifs de ma journée et de ma vie; je penserai aux richesses des affections qui m'entourent : mari, enfants, amis ; puis, élargissant ma vision, j'enverrai une pensée de soulagement intense aux champs de bataille désertés par la canonnade, aux camps de concentration où le silence règne enfin après les cris d'agonie de leurs innombrables victimes ; je m'associerai avec ferveur à la joie de tous ceux qui se sont retrouvés; je communierai aux efforts de ceux qui essaient de remettre de l'ordre dans la vie des peuples et des individus; je m'efforcerai de croire que la paix juste et sereine est en marche, qu'elle vient, portée par l'élan irrésistible de toutes les mères, de tous les pères qui ne veulent plus que leurs enfants soient offerts en holocauste aux puissances du mal.

Et ces pensées, cette ferveur, cet élan, nous les traduirons maintenant dans chaque geste familier de la journée. C'est avec amour que nous préparerons les repas quotidiens, c'est avec douceur que nous accepterons les ébats de nos écoliers en vacances, c'est avec patience que nous écouterons leurs histoires et aussi celle du passant fatigué qui frappe à notre porte. Cet été, nous nous accorderons aussi chaque jour une heure de repos sous les ombrages préparés pour nous, afin de retrouver le calme qui nous manque tant ; nous saurons fermer les yeux et laisser un instant nos mains inactives afin que, dans la tranquillité et le silence, l'autre vie, celle du coeur, puisse s'épanouir et retrouver ses droits foulés au pied par la brutalité qui régnait hier encore.

Pourquoi dire oui? parce que la mesure du non est à son comble, parce que nous savons que la négation, c'est-à-dire l'égoïsme et l'orgueil, conduit au néant seul, après d'indicibles souffrances, parce que le non est le contraire de la vie, qui est une affirmation et un acquiescement.

Et à qui dire oui? Aux forces bonnes qui cherchent à se frayer un passage au milieu des décombres et dont nous sentons en nous l'écho, à ces forces qu'on appelle, dans le monde, des grands noms d'équité, de justice, de fraternité et qui sont tout simplement l'art de se mettre à la place des autres (peuples ou individus), de les comprendre, de s'y intéresser, de réfléchir à leur cas, à partager leurs peines et leurs difficultés et même de leur offrir quelque chose, peut-être, en échange de rien.
Cela, nous le connaissons déjà un peu mieux, du Moins en théorie, il n'est maintenant que de le vivre vraiment et fortement, à notre foyer d'abord, pour qu'il rayonne et gagne de proche en proche les cités, Puis les nations et enfin la terre tout entière.

Si la haine est contagieuse parce qu'elle ne demande à l'individu que la peine de se laisser choir plus bas, l'amour a une force explosive qui brise les barrières et emporte les obstacles dressés par la méfiance et par la peur; c'est en lui que nous voulons espérer et croire, c'est avec lui que nous voulons reconstruire notre propre vie afin de devenir, nous aussi, un artisan de la paix.









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