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Les gosses dont on s'occupe trop

Quand on voit un enfant négligé, sale, les cheveux et les vêtements en désordre, les chaussures pas cirées, on est pris de pitié. C'est si triste de penser qu'il y a, par le monde, des enfants dont on ne s'occupe pas. Même constatation dans le domaine moral. On n'a pas enseigné à ces gosses les règles de la politesse élémentaire, on les a laissés pousser au hasard. La rue est leur grande maîtresse. Les charretiers ont enrichi leur vocabulaire et les passants leur ont donné quelques leçons de bienséance. Pauvres gosses !

Mais il y a les autres aussi : ceux dont on s'occupe beaucoup.
Il y a des mamans si conscientes de leurs devoirs qu'elles les outrepassent et c'est un tort. Le trop et le trop peu ont toujours gâté les jeux.
L'enfant trop choyé n'a pas envie de se lever un beau matin. Il se découvre un bobo : on le croit et on le soigne. Pour un peu, on appellerait le médecin.
Faut-il procéder à sa toilette? Maman le lave. Si on le laissait faire seul, ce serait mal fait. Il renverserait de l'eau et emploierait trop de savon.
On l'habille, on lui lace ses chaussures, on lui enfile ses gants. On le mouche aussi.
Pourtant l'enfant aime bien essayer lui-même. Il est, par nature, un être indépendant. Ses essais sont souvent malheureux. Il se boutonne mal, fait des noeuds à ses chaussures, met ses gants à l'envers. Il en sera quitte pour recommencer: il n'y a rien de meilleur pour apprendre. Y a-t-il des devoirs d'école à faire? Maman quitte son travail et vient se muer en institutrice. C'est elle qui lave et règle l'ardoise, fait des marges au cahier, pose les modèles. Plus tard, c'est elle aussi qui fera les compositions, les problèmes et les punitions… Mauvais services à rendre à un enfant.
Si les maîtres donnent à leurs écoliers un petit travail à domicile, ce n'est pas pour que la maison devienne une succusale de l'école, c'est uniquement pour que l'enfant s'habitue de bonne heure à avoir une tâche à accomplir, pour qu'il prenne ses responsabilités.

La maman qui dit à son gosse : « Fais tes tâches ! Tu as fini? Montre-les moi. C'est mal fait, recommence ! », ou bien: « Ça va bien, tu peux aller jouer », a fait son devoir de collaboratrice.

L'enfant dont on s'occupe trop n'est jamais envoyé en commissions. D’abord, il pourrait perdre l'argent. Et puis, il y a la rue à traverser. La rue ? Il y a des autos qui passent. Enfin, il ne saurait pas se faire servir. Bêtises ! Les gosses sont d'excellents commissionnaires. Il leur plaît d'avoir un porte-monnaie à la main, de l'argent à manier, des comptes à rendre et, quand ils ont un panier à la main, il faut voir avec quelle prudence ils traversent la rue.

Il faut oser leur confier beaucoup de choses aux gosses : une table à mettre, de la vaisselle à essuyer, du bois à couper, un petit repas à faire. Ils se tromperont sans doute, casseront quelque chose, se feront peut-être une coupure ou une brûlure. Tant pis! C'est le métier qui entre! comme on dit chez nous.
Ne décourageons surtout pas leurs essais, ne grondons pas trop fort devant une tasse cassée ou de l'eau répandue! Les apprentissages sont durs.

Ce n'est pas par bonté d'âme que certaines mamans mâchent toute la besogne de leurs enfants, leur épargnant peine et effort et leur enlevant toute initiative : c'est par faiblesse, tout simplement, et par paresse aussi. Oui, parfaitement.

Ne criez pas au scandale, mamans qui me lisez. Avouez-le donc : n'est-ce pas bien plus facile de faire les choses soi-même que d'indiquer comment il faut les faire, que de constater qu'elles sont mal faites?
Le secret de toute bonne éducation est précisément de surveiller l'enfant, tout en le laissant s'expliquer lui-même avec les difficultés. Il se fera des bleus et se donnera des coups, oui, mamans trop sensibles ! Tant mieux : les bleus et les coups nous enseignent beaucoup de choses!

Les institutrices qui voient chaque jour des enfants de près vous diront qu'à côté des enfants normaux, moyens, qui forment la majorité du petit monde scolaire, il y a deux catégories de gosses malheureux, également à plaindre : ce sont ceux dont on ne s'occupe pas assez et ceux dont on s'occupe trop.









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